Riposte en Iran : En Israël, les réactions divergent ; Washington salue la frappe limitée

Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a déclaré samedi que l’Iran aurait dû
« payer un prix beaucoup plus lourd » que les dégâts causés par les frappes israéliennes dans la nuit de vendredi à samedi, après le barrage de missiles balistiques de la République islamique du 1er octobre.

Écrivant sur le réseau social X, Lapid a déclaré que « la décision de ne pas attaquer des cibles stratégiques et économiques en Iran était erronée », ajoutant que l’Iran dirige « l’axe du mal » et devrait « payer un lourd tribut pour sa belligérance ».

D’autres hommes politiques israéliens ont également déploré le caractère limité de cette attaque baptisée « Opération Jour de Rédemption ».

Le chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, ancien ministre de la Défense, a déclaré que l’Iran continuerait d’essayer d’obtenir des armes nucléaires et d’envoyer à ses mandataires les bénéfices de ses ventes de pétrole, et a critiqué le gouvernement pour s’être « une fois de plus satisfait d’actions de relations publiques ».

Le chef d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, dirigeant une réunion de faction à la Knesset, le 20 mai 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La députée Tally Gotliv, du Likud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a déclaré que cette attaque limitée d’Israël représentait « une capitulation devant l’administration [du président américain Joe] Biden » et une occasion manquée de faire dérailler les aspirations nucléaires de l’Iran.

En raison du Shabbat, aucun commentaire n’a été fait par les représentants du gouvernement, et notamment du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, qui avait déjà « raillé » la nature limitée d’une frappe israélienne présumée en avril, suite à l’attaque de missiles et de drones menée par l’Iran au cours du même mois.

En revanche, Yaïr Golan, qui dirige une alliance des partis de gauche Meretz et Avoda (Les Démocrates), a salué l’attaque limitée de samedi pour avoir « porté atteinte aux capacités défensives et offensives de l’Iran sans nous entraîner dans une guerre d’usure ».

« La pression américaine a réussi, ou peut-être que la voix de la raison des militaires a fonctionné pour une fois », a déclaré Golan, ajoutant que si les échanges avec l’Iran sont terminés, « nous pourrons nous occuper de la chose la plus importante, que le gouvernement refuse de traiter : un accord pour les otages » toujours aux mains du groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza.

Yaïr Golan s’exprimant après l’annonce des résultats des élections primaires du parti Avoda, à Tel Aviv, le 28 mai 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

L’attaque, qui aurait tué au moins deux soldats iraniens, visait des défenses aériennes et des installations militaires à travers l’Iran – en particulier des sites utilisés pour fabriquer et lancer des missiles balistiques et des drones – mais pas des sites nucléaires ou des installations pétrolières. Le président Biden, qui a étroitement coordonné la riposte d’Israël, a exprimé son opposition à de telles frappes. Une source informée citée par le Washington Post a déclaré que l’attaque avait été calibrée pour minimiser le nombre de victimes et éviter une nouvelle escalade.

Lors d’un briefing avec les journalistes après l’attaque de samedi, un haut responsable de l’administration Biden a déclaré que la Maison Blanche avait encouragé Jérusalem au cours des dernières semaines « à mener une réponse ciblée et proportionnelle avec un faible risque de dommages aux civils ».

« Il semble que ce soit précisément ce qui s’est passé ce soir », a déclaré le responsable, notant qu’Israël avait frappé « de multiples cibles militaires à travers l’Iran et en dehors des zones peuplées ».

Washington est « entièrement prêt à défendre une fois de plus » contre toute attaque, a ajouté le responsable, rappelant le récent déploiement par les États-Unis de batteries de défense antimissile THAAD en Israël.

Vue générale de Téhéran après qu’Israël a lancé des frappes aériennes sur des sites militaires iraniens, le 26 octobre 2024. (Crédit : Atta Kenare/AFP)

« Cela devrait être la fin de cet échange direct de tirs entre Israël et l’Iran », a déclaré le responsable, ajoutant « qu’Israël a clairement fait savoir au monde que sa réponse était désormais complète ».

Le responsable a appelé « tous les pays influents à faire pression sur l’Iran pour qu’il mette fin à ces attaques contre Israël afin que nous puissions dépasser ce cycle d’attaques directes dans les jours à venir ».

Sean Savett, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC) de la Maison Blanche, a déclaré que Washington n’avait pas participé à la frappe israélienne.

En avril, Biden avait rassemblé une coalition régionale, qui avait inclus la Jordanie, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et la Grande-Bretagne, pour intercepter la toute première frappe directe de l’Iran sur Israël.

Le président israélien Isaac Herzog a lui salué samedi soir les Etats-Unis, allié historique d’Israël, et la coopération « publique et secrète » entre les deux pays.

« Je veux tout spécialement remercier notre grand ami, les Etats-Unis, pour être un vrai allié, et la coopération publique et secrète » entre les deux pays, a-t-il dit dans un message sur le réseau social X.

Israël a une « obligation historique » de faire cesser la menace iranienne, a affirmé Ben Gvir, une fois le Shabbat terminé.

« L’attaque sur l’Iran est importante comme un premier coup pour endommager les intérêts stratégiques de l’Iran, et ceci doit être la prochaine étape », a déclaré sur X le ministre, estimant qu’Israël avait une « obligation historique de faire cesser la menace iranienne de détruire le pays ».