Silence pour les victimes de Majdal Shams lors des manifestations pour les otages

Les milliers de personnes qui ont pris part aux manifestations hebdomadaires qui réunissent les soutiens des otages à Gaza – ils réclament un accord qui permettrait aux captifs de recouvrer la liberté – et les opposants au gouvernement ont observé un moment de silence, samedi dans la soirée, pour rendre hommage aux 12 enfants victimes de l’attaque meurtrière à la roquette qui a été commise par le Hezbollah dans la ville druze de Majdal Shams située sur le plateau du Golan.

S’exprimant lors d’un mouvement de protestation à Tel Aviv, rue Kaplan, Ehud Barak, ex-Premier ministre, a lancé en nouvel appel en faveur « d’une révolte civile large avec des actes de désobéissance civile non-violents – notamment en immobilisant le pays », l’objectif étant de renverser le gouvernement.

Mercredi dernier, l’armée israélienne avait rapatrié les corps de cinq otages qui avaient été retrouvés à Gaza. Deux proches des défunts ont pris la parole sur la place des Otages dans la soirée de samedi.

« Si nous cessons de sanctifier la vie de toutes et de tous dans ce pays, alors nous allons perdre très rapidement toute capacité à vivre ici », a dit Gal Goren, le fils de Mia Goren qui est morte en captivité. « Mais nous allons régler tout cela. Nous demanderons à tous les responsables de rendre des comptes ».

« Si nous ne ramenons pas les otages en vie pour qu’ils se rétablissent et si nous ne sommes pas en mesure d’inhumer le dernier des otages morts en captivité, alors la société s’écroulera de l’intérieur », a-t-il ajouté.

Le sergent-major Tomer Yaakov Ahimas (Crédit : Tsahal)

Maya Ahimas, la sœur du sergent Tomer Ahimas qui a été tué alors qu’il défendait le kibboutz Nirim et dont le corps a été retrouvé cette semaine et rapatrié en Israël, s’est adressé aux autres familles.

« Je suis si triste que vos êtres chers ne soient pas encore là – cela fait tellement mal », a-t-elle indiqué. « Peut-être serons-nous en mesure de souffler à nouveau lorsque Tomer nous aura été rendu à nous, sa famille, mais il m’est impossible de respirer en profondeur pour le moment : Il est scandaleux qu’il y ait encore 115 otages, des citoyens d’Israël, qui se trouvent entre les mains du Hamas, et il est scandaleux que le monde garde le silence ».

« Notre pays n’a tout simplement pas le droit d’exister sans eux », a-t-elle ajouté.

Lors d’une conférence de presse organisée avant les manifestations, des proches des captifs ont accusé Netanyahu d’avoir fait dérailler les pourparlers portant sur un accord de cessez-le-feu qui ouvrirait la porte à la remise en liberté des otages en soumettant sa dernière proposition au groupe terroriste – une proposition qui comprendrait de nouvelles demandes variées qui sont considérées comme irréalistes par les autres hauts-responsables.

Le rassemblement des opposants au gouvernement, à Tel Aviv, a eu lieu parallèlement à celui qui réunissait les proches des otages sur la place qui porte leur nom, à Tel Aviv. Des mouvements de protestation anti-gouvernementaux ont également été organisés à Jérusalem, à Karmiel, à Rehovot et au carrefour Amiad, en Galilée. Les protestataires ont aussi manifesté aux abords de l’habitation de Netanyahu à Césarée et à Jérusalem.

Des centaines de personnes qui étaient regroupées à Jérusalem, marchant en direction de la résidence officielle de Netanyahu, sont restés silencieux, ne criant aucun slogan, au vu des événements tragiques de la journée. Ils ont affirmé que le gouvernement devait, lui aussi, garder le silence et assumer ses échecs.

« Ce gouvernement peut avoir le privilège de faire une chose et une chose seulement – c’est secourir les otages et ensuite rentrer chez lui en gardant le silence… Nous avons besoin d’un gouvernement qui s’occupe de tous, Juifs et Arabes », a affirmé Tomer Lev, un activiste qui dirigeait la marche.

« Nous défilerons dans un silence total pour montrer à ce gouvernement très exactement ce qu’il doit faire », a-t-il ajouté.

Le rabbin Benny Lau s’exprimant lors d’un rassemblement contre la refonte du système judiciaire, à Jérusalem, le 30 septembre 2023. (Crédit : Capture d’écran Facebook ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Benny Lau, rabbin du mouvement libéral, a aussi pris la parole lors du rassemblement.

« L’image horrible des enfants décédés à Majdal Shams nous a fait réellement comprendre que nous sommes dans une guerre difficile avec un ennemi qui veut réellement nous détruire », a-t-il indiqué. « Mais pour que le cœur de cette nation puisse être entier dans ce contexte de guerre, nous devons rapatrier les otages maintenant ».

Haaretz a fait savoir que certains affrontements avaient eu lieu à la manifestation de Tel Aviv. La police a violemment dispersé des participants et un individu a été placé en détention.

Netanyahu, qui se trouvait aux États-Unis depuis lundi, a avancé de plusieurs heures son retour après l’attaque à la roquette qui a touché Majdal Shams. Le Premier ministre devrait être accueilli par les protestataires à son arrivée, dimanche, à l’aéroport Ben Gurion.

Samedi matin, Israël avait transmis aux États-Unis une nouvelle proposition dans le cadre des pourparlers sur les otages. Elle comprendrait les demandes les plus récentes du Premier ministre – des requêtes qui seraient rédhibitoires, selon les officiels israéliens et palestiniens.

« Il y a un accord sur la table et Netanyahu est en train de l’assassiner », a déclaré Einav Zangauker, la mère de l’otage Matan Zangauker, dans une déclaration faite avant le rassemblement qui était organisé à Tel Aviv. « Il a transmis aujourd’hui une nouvelle proposition qui lui permet encore de continuer à traîner les pieds et qui, selon les responsables de la sécurité, entraînera une crise dans les négociations ».

Einav Zanguaker s’exprime pendant une conférence de presse des proches d’otages détenus par le Hamas à Gaza devant le siège de Tsahal, la Kirya, à Tel Aviv, le 27 juillet 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Netanyahu a entraîné encore la déception des familles des captifs dans le discours qu’il a prononcé mercredi devant le Congrès – échouant à s’engager pleinement en faveur d’un accord dans sa prise de parole.

S’exprimant à Tel Aviv, Barak a dit que « une voix de baryton et un anglais parfait ne sauraient remplacer un manque total de courage, de personnalité, d’intégrité et ne sauraient excuser que les mots soient préférés au passage à l’acte. Netanyahu est totalement dépourvu de toutes ces qualités ».

Le groupe féministe Women in Pink a brandi des posters où il était écrit : « Un bon discours ne les sauvera pas, un accord les sauvera ».

Le militant anti-gouvernement Tomer Lev prononçant un discours impromptu ordonnant aux manifestants de marcher en silence jusqu’à la résidence du Premier ministre Benjamin Netanyahu, suite à l’attaque meurtrière du Hezbollah sur le plateau du Golan, le 27 juillet 2024. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)

Ce sont des dizaines de milliers d’Israéliens qui sont venus assister, toutes les semaines, aux rassemblements qui ont eu lieu rue Kaplan depuis le début de l’année 2023. Ils avaient dénoncé, dans un premier temps, le projet de refonte radicale du système judiciaire israélien qui était avancé par le gouvernement et qui, selon eux, mettait notamment en péril la démocratie. Le mouvement de protestation avait cessé pendant plusieurs mois au lendemain du 7 octobre, reprenant ensuite une nouvelle vigueur en réunissant les Israéliens qui condamnent l’incapacité du gouvernement à avoir anticipé le pogrom du 7 octobre et la prise en charge de l’effort de guerre de la part de Netanyahu.