Un journaliste d’extrême gauche interrogé pour incitation au terrorisme

Le journaliste d’extrême gauche Israel Frey a été interrogé par la police dans la journée de mercredi. Il est accusé d’incitation au terrorisme après avoir fait l’éloge des attaques contre les soldats de l’armée israélienne et les résidents d’implantations de Cisjordanie.

Un porte-parole des forces de l’ordre a indiqué que les enquêteurs avaient interrogé le journaliste indépendant ultra-orthodoxe au sujet de plusieurs messages publiés sur le réseau social X au cours des douze derniers mois, celui dans lequel il affirme que les attaques palestiniennes contre les soldats de Tsahal et les résidents d’implantations de Cisjordanie ne constituent pas du terrorisme.

« Un Palestinien qui agresse un soldat de Tsahal ou un résident d’implantation dans les territoires occupés n’est pas un terroriste. Et il ne s’agit pas d’une attaque terroriste. C’est un héros qui lutte contre un oppresseur pour la justice, la libération et la liberté », a écrit Frey, en référence à la Cisjordanie, qui est contrôlée par Israël, mais n’a pas été annexée, comme l’a indiqué un porte-parole de la police.

Frey a réitéré ce commentaire et d’autres similaires après leur publication par la police, insistant sur le fait que ces messages « établissent une distinction simple, factuelle, morale et nécessaire entre les actes odieux commis contre des innocents et la résistance contre les forces de sécurité ».

« Dans leur for intérieur, les enquêteurs savent aussi que la tentative de m’accuser de soutenir le terrorisme est une vile tentative de persécution visant à occulter l’existence même du débat sur la légalité et la moralité des actions des forces de sécurité », a-t-il écrit sur X.

Il a été convoqué en vue d’un interrogatoire en réponse à une plainte qui a été déposée par l’association de droite Btsalmo. Il a depuis été relâché sans conditions restrictives.

Le directeur de Btsalmo, Shaï Glick, a fait savoir, dans un communiqué, que les tweets de Frey « ne sont pas seulement une incitation au meurtre de soldats de Tsahal » – « il est même allé jusqu’à écrire explicitement qu’un Palestinien qui tue un résident d’implantation est un héros ».

La police a indiqué que le bureau de la procureure générale avait approuvé l’ouverture d’une enquête dans la journée de mercredi.

Frey, un fervent militant de gauche qui reste fidèle à son éducation ultra-orthodoxe, a exhorté les Israéliens à refuser le service militaire et il participe régulièrement aux manifestations anti-gouvernement en faveur d’un accord pour la libération des otages qui ont lieu chaque semaine rue Begin, devant les quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv.

Ce n’est pas la première fois que Frey est arrêté par la police en raison de publications en ligne. En décembre 2022, il avait été interrogé pendant des heures au sujet de ses commentaires faisant l’éloge d’un Palestinien de Cisjordanie qui avait poignardé un soldat à Tel Aviv.

Il a déclaré que ces publications avaient conduit à son licenciement de la chaîne anti-Netanyahu Democrat TV en novembre de la même année.

Frey a été un critique virulent de la guerre menée contre le groupe terroriste palestinien du Hamas depuis son déclenchement. Il avait été pris pour cible par des militants d’extrême droite quelques jours seulement après le début des combats, après avoir enregistré une vidéo de lui-même récitant le kaddish, la prière des Juifs en deuil, pour les habitants de Gaza tués lors des opérations de Tsahal dans l’enclave, suite au pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023.

La vidéo avait déclenché des manifestations de colère devant son domicile à Bnei Brak le 15 octobre 2023, avec des protestataires qui avaient tenté, semble-t-il, de pénétrer par effraction dans le bâtiment. Des policiers étaient arrivés tard dans la nuit pour les évacuer, lui et ses enfants.

Frey a également comparé le sort des otages détenus par le Hamas et d’autres groupes terroristes à Gaza à celui des Palestiniens détenus par Israël pour des raisons de sécurité. Il publie fréquemment des messages sur les femmes et sur les enfants palestiniens tués par les troupes israéliennes à Gaza et en Cisjordanie.