La famille d’Aner Shapiro lance un album de rap composé par le héros du 7 octobre

La famille et les amis d’Aner Shapiro ont lancé jeudi soir un album posthume de ses chansons de rap. Ce soldat héroïque, non armé et en permission, a été tué alors qu’il tentait de protéger les personnes entassées dans un abri antibombes près du festival de musique Nova, lors du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023.

L’événement s’est tenu dans un garage transformé en scène, dans la zone industrielle de Talpiot, à Jérusalem. Moshe et Shira Shapiro, les parents d’Aner, étaient présents aux côtés de plusieurs survivants de la migounit, l’abri de fortune où s’étaient réfugiées 29 personnes ce matin-là, dont Aner et son meilleur ami Hersh Goldberg-Polin, avant de comprendre l’ampleur de l’assaut du Hamas.

Parmi les survivants présents sur scène figuraient les otages récemment libérés Or Levy et Eliya Cohen, ainsi que Ziv Aboud, la petite amie de longue date d’Eliya, et elle-même une rescapée de l’attaque.

Étaient également présents Kobi Ohel, père de l’otage Alon Ohel, kidnappé en même temps qu’Or, Eliya et Hersh, et toujours retenu à Gaza, ainsi que Rachel Goldberg et Jon Polin, les parents de Hersh.

La famille a profité de la soirée pour dévoiler « Headstart », la dernière chanson de l’album, composée par Aner à la fin du lycée.

Le morceau évoque son groupe d’amis, dont Hersh Goldberg-Polin, et on aperçoit dans la vidéo, Hersh et ses sœurs en voyage, écoutant la chanson et chantant avec Aner.

Yaniv Netzer, ami proche d’Aner et de Hersh, a écrit que la sortie de l’album Neri représentait à ses yeux « une première étape dans la vie après la mort, une forme de réincarnation de l’âme ».

Selon lui, Aner incarnait le hip-hop, l’art, et sa ville de Jérusalem. « Les gens ne le connaîtront pas, mais ils pourront entendre le rappeur raffiné de Jérusalem. »

Le musicien Roy Rieck, qui a travaillé avec la famille Shapiro sur plusieurs morceaux, a raconté sur les réseaux sociaux que le clip final était constitué de dessins tirés des carnets d’Aner, depuis son enfance jusqu’au 7 octobre.

« C’est une vidéo courte, mais elle restera à jamais gravée dans ma mémoire », a-t-il écrit. « Je ne sais pas si elle parlera à un large public, mais j’ai tenté d’y condenser tout l’univers d’Aner. »

« Avec un pincement au cœur, mais aussi une certaine jubilation d’éditeur, j’ai dû trier, pleurer, et célébrer encore et encore la créativité explosive, complexe, et malheureusement prophétique d’Aner », a ajouté Rieck.

Dans Headstart, Aner chante : « Si nous mourons, au moins qu’on dise que nous avons poursuivi un rêve et essayé de le réaliser. » Il termine la chanson par un hommage à ses amis d’enfance : Yaniv, Roy, Gilad, et Hersh.

« Espérons qu’à présent, ils survolent tout, ensemble, à plein volume, là où l’univers ne le permet pas », écrit Rieck.

Aner Shapiro, à gauche, et Hersh Goldberg-Polin, deux meilleurs amis qui ont participé à la rave Nova le 7 octobre 2023 sur une photo non-datée. (Autorisation)

Shapiro et Goldberg-Polin, amis d’enfance, se trouvaient au festival Nova lorsque les terroristes du Hamas ont attaqué.

Shapiro, sergent dans la brigade Nahal, était en permission pour les fêtes. Quand l’attaque a commencé, lui et ses amis ont fui. Son commandant lui a ordonné de rejoindre une base militaire voisine, mais il n’y est jamais parvenu.

Le groupe d’amis a couru jusqu’à un abri de campagne où 24 autres personnes étaient entassées dans un petit espace alors que les terroristes tiraient tout autour d’eux.

Shapiro s’est placé à l’entrée de l’abri, a pris les choses en main et a tenté de calmer les gens à l’intérieur tout en s’efforçant de repousser les grenades lancées par les terroristes en les renvoyant à l’extérieur.

Au total, il a réussi à renvoyer sept grenades avant d’être tué par la huitième. Les terroristes sont alors entrés dans l’abri et ont tiré sur les personnes qui s’y étaient réfugiées, tuant nombre d’entre elles et en kidnappant d’autres, dont Goldberg-Polin, à qui le bras gauche avait été arraché à partir du coude.

Par sa bravoure, Shapiro a sauvé la vie de dix personnes.

Aujourd’hui, sa famille souhaite que son souvenir vive à travers sa musique. Elle veut rappeler qui il était : un artiste, un rappeur, un amoureux des gens et de la justice, un penseur au cœur ouvert et au regard curieux. Un héros, aussi, dont la voix résonne désormais à travers ses chansons.