Lapid accuse Katz d’acheter le vote haredi pour le budget par un texte secret sur Tsahal

Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a affirmé lundi devant le plénum de la Knesset qu’Israel Katz, ministre de la Défense, détenait un document secret décrivant les principes d’un projet de loi ultra-orthodoxe qui a été présenté aux partis haredim afin d’obtenir leur soutien au budget. Il affirme que ce projet de loi exemptera en fait tous les jeunes ultra-orthodoxes du service militaire.

« Sans ce document, les haredim n’allaient pas voter en faveur du budget la semaine dernière », a affirmé Lapid.

« Puis ils ont voté, à l’unanimité, en faveur du budget. Pourquoi ont-ils changé d’avis ? Ils n’ont pas été persuadés. Ils ont reçu l’engagement qu’ils avaient demandé. »

« Les haredim sont satisfaits de ce document… parce qu’il garantit que pas un seul haredi ne sera enrôlé. Il n’y aura pas d’enrôlement. C’est une fraude totale », a déclaré Lapid.

Il a accusé le gouvernement d’avoir menti à deux reprises lorsqu’on lui a demandé si un tel accord existait et a demandé au ministre de la Défense de présenter publiquement le prétendu document, faute de quoi « il perdra le peu de confiance qu’il lui reste » et on se souviendra de lui comme du « ministre de la Désertion ».

Le chef de Yesh Atid a affirmé que l’ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avait été licencié parce qu’il avait refusé de signer une version antérieure du document en question, et que le chef d’état-major de Tsahal, Herzl Halevi, avait également été écarté de son rôle pour s’y être opposé.

Le ministre de la Défense Israel Katz à la Knesset, le 16 décembre 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/FLASH90)

Le leader de l’opposition a appelé les journalistes à révéler le document et a réitéré son appel à Katz pour qu’il le fasse. Lapid s’est engagé à le révéler si personne d’autre ne le faisait.

Enfin, Lapid s’est adressé au Premier ministre Benjamin Netanyahu, déclarant que ce dernier avait « envoyé des combattants, pendant un an et deux mois, dans une guerre causée par votre irresponsabilité, dont vous êtes coupable ».

« Ils sont tués tous les jours, ils sont blessés tous les jours, leurs vies sont détruites, leurs familles sont écrasées. Si cette loi passe, comment allez-vous les regarder dans les yeux ? »

« Si cette loi passe, vous n’aurez plus le droit d’envoyer un seul soldat à la guerre. Quiconque signe une distinction entre le sang et le sang n’est pas habilité à gérer la guerre, ni à diriger l’État », a déclaré Lapid.

En juin, la Haute Cour de justice a statué qu’il n’y avait pas de base juridique pour la pratique de plusieurs décennies consistant à exempter les hommes haredim de l’appel militaire. Un projet de loi qui augmenterait « très lentement » le taux de conscription des ultra-orthodoxes est actuellement bloqué à la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, dont le président, le député du Likud Yuli Edelstein, a déclaré qu’il ne serait adopté que si les députés parvenaient à un « large consensus » sur cette question.

Les dirigeants religieux et politiques haredim se sont farouchement opposés à tout effort visant à obliger les membres de la communauté à servir dans l’armée.

Selon une analyse interne de l’impact économique du texte publiée par le département du budget du ministère des Finances, le projet de loi présente des « lacunes importantes » et ne parviendrait pas à alléger le fardeau qui pèse sur les réservistes israéliens.

Le recrutement de seulement 1 000 haredim supplémentaires pour le combat chaque année donnerait aux réservistes environ deux semaines de congé supplémentaires par an, estime le document, qui considère les ultra-orthodoxes comme la meilleure ressource du pays en matière de main-d’œuvre militaire inexploitée. Les mêmes avantages ne seraient pas obtenus si les haredim s’enrôlaient pour se porter volontaires dans des rôles non militaires dans le cadre du programme alternatif de service national.

Les critiques affirment que l’accord passé depuis des décennies, qui donne aux ultra-orthodoxes un laissez-passer, pèse injustement sur le reste de la population, un sentiment qui s’est intensifié depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël et la guerre qui s’en est suivie, au cours de laquelle plus de 780 soldats ont été tués et quelque 300 000 citoyens ont été appelés à effectuer leur service de réserve.

Un homme ultra-orthodoxe, devant un panneau indiquant un bureau de recrutement de l’armée israélienne lors d’une manifestation contre la conscription des hommes haredim dans l’armée, à Jérusalem, le 1er mai 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

En raison du fardeau de la guerre, les réservistes ont passé de longs mois dans l’armée, pendant lesquels ils ne peuvent pas travailler. En temps normal, les réservistes ne servent qu’un mois par an.