Tollé en Israël après que Netanyahu a qualifié deux collaborateurs en garde à vue « d’otages »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé la police de retenir deux de ses collaborateurs « en otage » lundi après leur arrestation pour leur implication présumée dans des liens illicites avec le Qatar alors qu’ils travaillaient pour lui.

Le Premier ministre a été très critiqué pour avoir utilisé l’expression « retenus en otage » pour décrire l’arrestation des suspects dans l’affaire du « Qatar-gate », Jonatan Urich et Eli Feldstein, alors que 59 Israéliens sont toujours détenus en otage à Gaza depuis le pogrom du 7 octobre. Parmi ces captifs, 24 seraient encore en vie.

Dans un communiqué, le Forum des familles des otages et disparus, qui représente la majorité des familles des otages de Gaza, a déclaré être « en colère et blessé par le choix malheureux des mots du Premier ministre ».

« Netanyahu, vous êtes confus. Permettez-nous donc de vous rappeler que les véritables otages sont nos 59 frères et sœurs détenus à Gaza depuis 542 jours. Vous feriez mieux de prendre le temps de vous adresser à nous, les familles des vraies personnes retenues en otage », a ajouté le forum.

Le Premier ministre a fait ces commentaires dans une déclaration vidéo publiée sur les réseaux sociaux peu après avoir été interrogé par la police dans le cadre de l’enquête sur le Qatar-gate.

Dans cette vidéo, il affirme que les enquêteurs se raccrochent à n’importe quoi, sans preuve réelle contre ses principaux collaborateurs, Urich et Feldstein, alors que les soupçons se multiplient selon lesquels les deux hommes auraient reçu de l’argent du Qatar pour des activités de relations publiques alors qu’ils étaient employés par Netanyahu.

נתניהו הגיע למשרד רה"מ לתת עדות פתוחה בפרשת קטרגייט | תיעוד@HGoldich pic.twitter.com/ZiE1afa34g

— כאן חדשות (@kann_news) March 31, 2025

« J’avais compris au préalable qu’il s’agissait d’une enquête politique, mais je n’avais pas réalisé à quel point c’était le cas », affirme Netanyahu dans la vidéo.

« Ils retiennent Jonatan Urich et Eli Feldstein en otages, gâchant leur vie pour rien. »

La police a interrogé Urich et Feldstein en tant que suspects lundi matin, puis les a placés en détention. Ils devaient être présentés mardi au tribunal de Rishon LeZion, où la police demandera la prolongation de leur détention, ont rapporté lundi soir les médias israéliens.

L’enquête conjointe de la police et de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet a été lancée à la suite des révélations selon lesquelles Feldstein, l’ancien porte-parole de Netanyahu, accusé d’avoir porté atteinte à la sécurité nationale dans une autre affaire concernant le vol et la divulgation de documents classifiés de l’armée israélienne, travaillait pour une entreprise internationale engagée par le Qatar pour fournir aux journalistes israéliens des articles favorables au Qatar, alors qu’il était employé au cabinet du Premier ministre. Pour sa part, Urich est soupçonné d’avoir joué un rôle dans un réseau complexe de personnalités du monde des affaires et d’autres responsables impliqués dans le transfert de paiements depuis Doha pour dissimuler leur origine.

Netanyahu, qui a quitté la salle d’audience de son procès à Tel Aviv pour répondre aux questions des enquêteurs chargés de l’affaire du Qatar-gate dans son bureau, bien qu’il ne soit pas suspecté, a déclaré dans la vidéo de lundi qu’il avait fait de la place dans son emploi du temps lorsque la police lui a demandé de témoigner.

« Au bout d’une heure, ils n’avaient plus de questions », a déclaré Netanyahu.

« Je leur ai dit : ‘Montrez-moi des preuves, montrez-moi quelque chose’, mais ils n’avaient rien à montrer. »

Selon la chaîne publique Kann, la police a toutefois demandé à Netanyahu comment Feldstein était rémunéré pour son travail au sein du cabinet du Premier ministre et s’il savait que Feldstein recevait également de l’argent du Qatar. Le Premier ministre a également été interrogé sur les liens d’Urich avec le Qatar.

De gauche à droite : Jonatan Urich ; Eli Feldstein ; le Premier ministre Benjamin Netanyahu. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90 ; Avshalom Sassoni/Flash90 ; Tomer Appelbaum/Pool ; Yehoshua Yossef/Flash90)

Dans sa vidéo, Netanyahu a qualifié l’enquête de « chasse aux sorcières politique », affirmant qu’elle n’avait pour but que de le chasser du pouvoir et de torpiller ses tentatives de destitution du chef du Shin Bet, Ronen Bar, qui, selon lui, n’a plus la confiance du gouvernement.

Ces propos font écho aux précédentes accusations portées par Netanyahu contre les enquêtes sur des allégations criminelles qui le concernent, lui et son entourage, notamment dans trois affaires où il est accusé de corruption, de fraude et d’abus de confiance.

Le Likud, le parti de Netanyahu, a publié une déclaration distincte rejetant les allégations contre les collaborateurs du Premier ministre comme étant fabriquées de toutes pièces et accusant les autorités de tenter de faire chanter Urich pour qu’il témoigne contre le Premier ministre en le maintenant en prison.

La chaîne N12 a rapporté que c’est cette possibilité qui aurait poussé Netanyahu à se rendre rapidement à son interrogatoire lundi, étant donné que plusieurs de ses anciens collaborateurs ont témoigné contre lui dans son procès pour corruption en cours.

Manifestation contre le gouvernement et en faveur d’un accord sur les otages près de la Knesset à Jérusalem, le 31 mars 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Il s’agit « d’un autre acte criminel commis par une clique judiciaire effrayée », a accusé le Likud.

Le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a été l’un de ceux qui ont vivement critiqué Netanyahu pour avoir décrit Feldstein et Urich comme des otages.

« Pendant que vous libérez du temps pour les interrogatoires, 59 otages comptent les secondes », a écrit Gantz sur le réseau social X.

« Nos otages, qui ont été kidnappés sous votre mandat, ne sont pas ceux qui ont travaillé avec le Qatar pendant la guerre et qui n’ont été détenus qu’une journée pour être interrogés, mais des gens qui croupissent avec l’ennemi dans les tunnels depuis 542 jours », a écrit Gantz.

« Monsieur le Premier ministre, vous êtes tout simplement déconnecté. Ces gens méritent un dirigeant qui libère tout son emploi du temps, appelle les membres de l’équipe de négociation et leur confie une seule tâche : négocier le retour de tous les otages », a-t-il ajouté, appelant à un accord global qui permettrait de faire libérer tous les otages en une seule fois.