Une voiture taguée « F*** les Juifs » à Sydney ; condamnations du Premier ministre

Une voiture a été taguée d’un slogan antisémite grossier à Sydney dans la nuit de dimanche à lundi, conduisant le Premier ministre australien à condamner fermement cette nouvelle manifestation de haine contre les Juifs.

Le véhicule, garé dans le quartier très juif de Queens Park, a été vandalisé avec l’inscription « Fuck the Jews ».

Il s’agit du dernier acte de vandalisme dans une série d’incidents similaires survenus ces derniers mois, au cours desquels des messages anti-Israël avaient été peints sur des voitures dans le quartier voisin de Woollahra, en novembre et décembre. Contrairement aux cas précédents, le message découvert tôt lundi visait explicitement les Juifs, suscitant de nouvelles inquiétudes parmi les habitants du quartier, selon l’Australian Jewish News. Le propriétaire de la voiture n’est pas juif.

Le Premier ministre Anthony Albanese a condamné l’incident.

« Mon gouvernement applique une politique de tolérance zéro face à l’antisémitisme, et il ne devrait y avoir aucune tolérance de la part de quiconque », a-t-il déclaré.

« L’antisémitisme est un fléau, et tout acte de ce type, visant des individus en raison de leur identité, va à l’encontre des valeurs australiennes qui me sont chères, ainsi que de celles partagées par l’écrasante majorité des Australiens. »

La police a ouvert une enquête sur cet incident, qui s’ajoute à une série d’attaques visant la communauté juive le mois dernier, dont l’incendie d’une synagogue à Melbourne.

Le Premier ministre australien Anthony Albanese (à gauche), accompagné du rabbin Shlomo Kohn lors de sa visite à la synagogue Adass Israel, incendiée, à Melbourne, le 10 décembre 2024. (Crédit : DEPARTMENT OF PRIME MINISTER AND CABINET / AFP)

Le premier ministre de la Nouvelle-Galles du Sud, Chris Minns, s’est dit « horrifié » par cet acte « odieux ».

Le gouvernement de l’État « s’est engagé à enrayer cette hausse alarmante des actes haineux et violents contre la communauté juive », a-t-il déclaré. « Il est essentiel que les membres de la communauté juive puissent vivre en toute sécurité dans leur propre ville, comme ils sont en droit de l’attendre et de l’exiger. »

« Quiconque a commis cet acte sera appréhendé et poursuivi avec toute la rigueur de la loi », a assuré Minns.

Aucune arrestation n’a encore été annoncée, et le groupe de travail fédéral mis en place le mois dernier pour lutter contre la montée des attaques antisémites à travers l’Australie n’a pas fait de commentaire.

Will Nemesh, maire de la ville voisine de Waverley, a également condamné ces incidents. « Il est troublant et choquant de voir une nouvelle démonstration d’antisémitisme éhonté visant notre communauté locale. »

Le propriétaire du véhicule, Stuart Veron, a qualifié cet acte de « folie » et de « dégoûtant » lors d’un entretien avec l’Australian Broadcasting Corporation (ABC). Il a précisé qu’il n’était pas juif.

« Celui qui a fait cela est un rat », a-t-il déclaré. « Il n’y a pas de place pour ce genre de comportement dans notre communauté ou n’importe où en Australie. »

Sharon Greenberg a confié à l’Australian Jewish News qu’elle avait remarqué les graffitis sur la voiture, garée devant son domicile dans Henry Street, alors qu’elle sortait pour une promenade matinale avec sa fille.

« Nous venions d’entrer dans la rue quand, soudain, ma fille s’est arrêtée net – elle s’est figée – et a dit : ‘Regarde !’ », a raconté Greenberg. Elles ont alors immédiatement alerté la police.

« Voir ces graffitis, c’était comme recevoir un coup de batte de cricket sur la tête – c’est exactement ce que j’ai ressenti », a-t-elle déclaré.

Sydney. Again. Another suburb with a large Jewish community and multiple Jewish communal facilities. No one just vandalises a car with a racist slogan. It is the product of endless incitement, demonisation and a belief that such attitudes are freely permitted, even celebrated. pic.twitter.com/KPxRTpf1bK

— Alex Ryvchin (@AlexRyvchin) January 5, 2025

Elle a ajouté que « nombre de nos voisins, lorsqu’ils ont vu ce qui s’était passé, sont sortis à leur tour ; ils étaient tous très choqués ».

« En tant que communauté juive, notre expérience collective de la persécution nous rend particulièrement sensibles à ce type d’incidents », a-t-elle ajouté. « C’est vraiment inquiétant.

David Ossip, président du Conseil des députés juifs de Nouvelle-Galles du Sud, a déclaré aux médias locaux qu’il était « consterné et attristé ».

« Il est inacceptable que les Australiens juifs – ou les Australiens de toute origine – découvrent, à leur réveil, des messages de haine affichés bien en vue dans leur quartier », a-t-il déclaré.

« Il est intolérable que des citoyens doivent aller se coucher en craignant que leurs voitures ou leurs propriétés soient dégradées pendant la nuit par des slogans de haine antisémite », a-t-il ajouté.

Les attaques contre la communauté juive australienne se sont multipliées depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Lors de cette attaque, les terroristes du groupe ont assassiné plus de 1 200 personnes et en ont pris 251 en otage pour les emmener dans la bande de Gaza, déclenchant la guerre en cours.

Des voitures et des bâtiments ont été vandalisés ou incendiés à travers l’Australie lors de manifestations contre Israël, qui ont fréquemment pris pour cible la communauté juive. En décembre, une synagogue a été incendiée à Melbourne, un acte qualifié de terroriste par les autorités.

Suite à cet incendie et à l’incendie criminel du bureau du législateur juif Josh Burns à Melbourne en juin, la police fédérale australienne avait annoncé en décembre une opération spéciale pour lutter contre l’antisémitisme à travers le pays.

Dvir Abramovich, président de l’Anti-Defamation Commission, a décrit la situation comme une « marée montante d’antisémitisme [qui] a déferlé sur notre pays depuis le 7 octobre ».

« Ce n’est pas un incident isolé, mais un phénomène inquiétant, une cadence incessante de haine qui s’intensifie de jour en jour », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Alex Ryvchin, codirecteur général du Conseil exécutif des Juifs australiens, a souligné sur X (anciennement Twitter) que « personne ne vandalise par hasard une voiture avec un slogan raciste. Cela résulte d’innombrables incitations à la haine, de la diabolisation de l’autre et de la conviction que de telles attitudes acceptables, quand elles ne sont pas célébrées. »

Woollahra this morning. pic.twitter.com/p2SgiKtTve

— Claire Lehmann (@clairlemon) December 10, 2024

Cet acte survient moins d’un mois après l’incendie d’une voiture et le vandalisme qui a visé  deux maisons à Woollahra, le 11 décembre. Quelques semaines auparavant, un autre véhicule avait été incendié et tagué avec l’inscription « Fuck Israel ».

Le 20 décembre, un groupe d’hommes a organisé une manifestation néonazie sur le perron du Parlement de l’État de Victoria, à Melbourne.

Selon plusieurs organisations juives, le gouvernement n’aurait pas pris de mesures suffisantes pour répondre à ces attaques.

Le Centre Simon Wiesenthal, l’un des principaux groupes juifs de défense des droits de l’homme, a reproché au gouvernement australien de ne pas prendre suffisamment de mesures pour éradiquer l’antisémitisme.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a pour sa part accusé le gouvernement australien d’encourager un « sentiment anti-Israël » en raison de sa posture perçue comme pro-palestinienne et anti-Israël sous la direction d’Anthony Albanese.