Après l’incendie d’une synagogue, l’Australie crée une unité de police chargée de lutter contre l’antisémitisme
La police australienne recherche trois personnes suspectées d'être liées à l'incendie du lieu de culte juif de la banlieue de Melbourne, un acte qualifié désormais de "terroriste" par les autorités
La police australienne recherche lundi trois personnes suspectées d’être liées à l’incendie d’une synagogue de la banlieue de Melbourne, vendredi avant l’aube, un acte qualifié désormais de « terroriste » par les autorités.
Des individus masqués ont mis le feu vendredi à la synagogue Adass Israel, située dans la banlieue sud-est de Melbourne, selon les forces de l’ordre. Le feu a envahi l’édifice religieux, y causant d' »importants dégâts » d’après la police. Il n’y a pas eu de blessés graves.
La police a identifié « trois suspects, que nous sommes en train de pourchasser », a indiqué lors d’une conférence de presse Shane Patton, commissaire en chef de la police de l’Etat du Victoria (sud-est).
L’enquête a fait d' »importants progrès » durant le week-end, a-t-il ajouté, sans fournir davantage d’informations.
Des responsables des polices fédérale et locale ainsi que de l’agence nationale du renseignement se sont rencontrés lundi et ont conclu que l’incendie était « probablement un acte terroriste », a indiqué M. Patton.
« Sur la base de ces éléments, je suis convaincu qu’il s’agit d’une attaque, d’un attentat terroriste contre cette synagogue », a-t-il indiqué. L’unité policière chargée du contre-terrorisme participe aux travaux d’enquête.
Jacinta Allen, Première ministre de l’État de Victoria, qui a été chahutée par certains membres de la communauté juive locale à la suite de l’attentat, a annoncé également que « l’attentat diabolique et antisémite […] a été déclaré attentat terroriste ».
Elle a déclaré que des « ressources supplémentaires » peuvent désormais être affectées à l’enquête, étant donné qu’il s’agit d’un attentat terroriste.
Premier Jacinta Allen alongside Victoria Police have declared last week's firebombing of a Ripponlea synagogue a terrorist event.
The investigation into the incident at the Adass Israel Synagogue has now been transferred to the joint-counterterrorist team and is being run in… pic.twitter.com/adEHkKxgYR
— 10 News First Melbourne (@10NewsFirstMelb) December 9, 2024
« Scandale »
Le feu s’est déclaré vendredi à 04H10 (17H10 GMT jeudi) dans l’édifice religieux.
Selon un responsable policier, une personne témoin de l’incendie, entrée dans la synagogue pour y prier, a vu « deux individus masqués », qui « apparaissent avoir répandu un accélérant [matière hautement inflammable dont on se sert pour allumer un feu] d’un certain type sur les lieux ». Le bâtiment a ensuite été « envahi par les flammes », d’après la même source.
Un membre du conseil d’administration de la synagogue, Benjamin Klein, avait déclaré que quelques fidèles étaient assis et priaient à l’intérieur lorsque l’incendie s’est déclaré.
Le Premier ministre australien Anthony Albanese avait immédiatement condamné une « attaque délibérée et illégale », évoquant une « tolérance zéro » pour l’antisémitisme, qui « n’a absolument pas sa place en Australie ».
Le Premier ministre australien a annoncé lundi la création d’une unité de police chargée de lutter contre l’antisémitisme, après l’incendie de la synagogue.
« L’antisémitisme est une menace majeure et l’antisémitisme est en progression », a déclaré le Premier ministre de centre gauche Anthony Albanese lors d’une conférence de presse à Canberra (sud-est), évoquant l’incendie de la synagogue survenu vendredi avant l’aube.
Cette nouvelle unité de police est composée de policiers fédéraux qui pourront être déployés sur l’ensemble du territoire australien, ont indiqué les autorités australiennes.
Elle concentrera ses efforts sur les menaces, la violence et la haine à l’encontre de la communauté juive et des parlementaires.
Le chef de file de l’opposition Peter Dutton avait regretté ce week-end ce qu’il avait décrit comme un manque de fermeté de M. Albanese face à l’antisémitisme.
Après l’incendie, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait dénoncé un « vil acte antisémite classique », identifiant un lien avec les prises de position de Canberra vis-à-vis du Moyen-Orient, dans le contexte de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.
« Cet acte odieux ne peut être séparé des opinions anti-israéliennes qui émanent du gouvernement travailliste australien, et notamment de sa décision scandaleuse de voter en faveur de la résolution de l’ONU demandant la fin rapide de ‘la présence illicite d’Israël dans le Territoire palestinien occupé' », avait estimé Netanyahu.
L’Assemblée générale de l’ONU a adopté mardi par 157 voix pour, dont celle de l’Australie, une résolution exigeant qu’Israël mette fin « aussi rapidement que possible » à sa « présence illicite » en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
La ministre des Affaires étrangères Penny Wong a défendu le vote, affirmant que les Australiens étaient « libres de soutenir » ou non les politiques israéliennes, tout en qualifiant d' »inacceptables » les attaques ciblant des Australiens juifs.