Baharav-Miara : Netanyahu est en conflit d’intérêts avec le renvoi du chef du Shin Bet

La procureure générale Gali Baharav-Miara a officiellement fait part de sa position contre la décision du gouvernement de licencier le chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, Ronen Bar, déclarant vendredi à la Haute Cour de justice que ce renvoi est « entaché d’un conflit d’intérêts personnel avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu en raison des enquêtes criminelles menées sur ses associés ».

Dans une lettre envoyée au tribunal avant son audience de la semaine prochaine concernant les recours déposés contre le licenciement, Baharav-Miara a écrit que « cette décision a des implications qui vont bien au-delà des intérêts de l’actuel chef du Shin Bet » et que « laisser telle quelle cette décision compromettra la capacité des futurs chefs du Shin Bet à agir de manière indépendante », en opposition à une action dictée par la loyauté envers le gouvernement.

Le gouvernement Netanyahu a également commencé à prendre des mesures pour révoquer Baharav-Miara.

Netanyahu a déclaré avoir perdu confiance dans le gouvernement après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, lorsque des milliers de terroristes ont pris d’assaut le sud d’Israël, ont tué plus de 1 200 personnes et pris 251 otages, ce qui a déclenché la guerre à Gaza.

Netanyahu a cherché à faire porter la responsabilité de cet échec colossal aux forces de sécurité, tout en refusant la formation d’une commission d’enquête chargée d’examiner les événements de cette terrible journée.

Les détracteurs du Premier ministre l’ont accusé de chercher à licencier Bar en raison d’une enquête en cours du Shin Bet sur des liens présumés entre les principaux collaborateurs de Netanyahu et le Qatar, qui soutient le Hamas. Ils notent toutefois que le Premier ministre a étroitement coopéré avec Bar pendant plus d’un an après l’assaut et que ce dernier avait joué un rôle clé dans l’équipe de négociation d’Israël visant à conclure un accord de cessez-le-feu et de libération des otages.

De gauche à droite : Le Premier ministre Benjamin Netanyahu arrivant au tribunal de Tel Aviv pour témoigner dans son procès pénal, le 2 avril 2025 ; Yonatan Urich, conseiller de Benjamin Netanyahu, à Tel Aviv, le 3 octobre 2022 ; Eli Feldstein arrivant pour une audience au tribunal de Tel Aviv, le 11 mars 2025 ; Le chef du Shin Bet, Ronen Bar, au centre de commandement souterrain de l’armée de l’air israélienne aux quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 18 mars 2025 ; la procureure générale Gali Baharav-Miara assistant à une réunion de la commission Constitution, du Droit et de la Justice de la Knesset, à Jérusalem, le 18 novembre 2024. (Crédit : Yaïr Sagi/POOL ; Avshalom Sassoni/Flash90 ; Yehoshua Yosef/Flash90 ; Armée israélienne ; Yonatan Sindel/Flash90)

Bar aurait déclaré qu’il comptait rester en poste jusqu’à ce que les 59 otages toujours détenus à Gaza soient libérés, et qu’une commission d’enquête ait été mise en place.

Le bureau du Premier ministre a insisté pour que Bar quitte son poste avant le 10 avril. Cependant, il occupe toujours ses fonctions après une injonction temporaire imposée pour empêcher son renvoi par la Haute Cour de justice qui examine les recours déposés contre sa révocation.

Dimanche, Netanyahu a annoncé sa décision de nommer le vice-amiral (Rés.) Eli Sharvit à la tête du Shin Bet, avant de faire rapidement marche arrière sous la pression de ses alliés politiques et de sa base. Il a ensuite déclaré que le directeur adjoint de l’agence de sécurité intérieure assurerait la direction par intérim jusqu’à la nomination d’un chef permanent. Bien que le tribunal ait gelé le limogeage de Bar et donc la nomination officielle d’un remplaçant, il a autorisé Netanyahu à auditionner des candidats.