La Haute Cour gèle temporairement le licenciement du chef du Shin Bet
L'injonction restera en vigueur jusqu'à ce que le tribunal puisse entendre les requêtes qui ont été déposées contre son licenciement

La Haute Cour de justice a émis vendredi une injonction temporaire empêchant le licenciement du chef du Shin Bet, Ronen Bar.
L’injonction restera en vigueur jusqu’à ce que le tribunal puisse entendre les requêtes qui ont été déposées contre son licenciement.
Il a déclaré qu’il entendrait les requêtes au plus tard le 8 avril.
Le gouvernement a voté dans la nuit pour démettre Bar de ses fonctions au plus tard le 10 avril.
Le ministre des Communications, Shlomo Karhi, a affirmé que la Cour Suprême n’avait aucun droit de s’opposer à la décision du gouvernement de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar, ce après le référé pris par la Cour contre cette décision.
« Ronen Bar quittera ses fonctions le 10 avril, voire plus tôt, au moment de la nomination d’un nouveau chef du Shin Bet », a déclaré Karhi, membre du parti Likud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

« Vous n’avez aucune autorité légale pour intervenir là-dedans. C’est de la compétence du gouvernement », a-t-il ajouté. « Votre référé est nul et non avenu. »
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a écrit sur X : « Les juges de la Haute Cour ne géreront pas la guerre, et ils ne nommeront pas ses commandants. Point final. »
Le ministre Itamar Ben Gvir, qui préside le parti d’extrême droite Otzma Yehudit et a récemment réintégré le gouvernement, a tweeté : « Réforme judiciaire maintenant ! »
En rupture avec plusieurs de ses collègues, le ministre de l’Intérieur Moshe Arbel (Shas) a déclaré vendredi que le gouvernement respecterait l’injonction émise par la Haute Cour de justice.
« Le gouvernement israélien dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne violera pas la décision du tribunal », a-t-il affirmé.
Cependant, son parti Shas, a publié par la suite une déclaration désavouant ses propos.
Se distançant d’Arbel, Shas affirme que tous ses ministres ont voté en faveur du licenciement de Bar lors de la réunion du cabinet d’hier soir.
« Toute autre déclaration ne représente pas la position du parti », a souligné le parti Shas.
Les commentaires des ministres ont suscité des réactions de colère de la part de l’opposition et de membres de la société civile.
Le président du parti Les Démocrates, Yair Golan, s’est félicité de cette injonction temporaire.
« Cette injonction de la Haute Cour est une avancée majeure », a-t-il déclaré. « La mobilisation des foules a un impact – la lutte civique, tenace et déterminée, commence à porter ses fruits. »
Il a affirmé que Bar « a fait preuve de courage en s’opposant à un gouvernement mauvais et dangereux » et promet que les manifestants « poursuivront la campagne pour la démocratie israélienne ».
Il a salué le courage de Ronen Bar, qui selon lui, « s’est opposé à un gouvernement mauvais et dangereux », et a affirmé que les manifestants « poursuivraient leur campagne en faveur de la démocratie israélienne ».
« Nous nous battrons, et nous gagnerons », a-t-il ajouté, reprenant un slogan souvent utilisé par le gouvernement à propos de la guerre à Gaza : « Ensemble, nous nous battrons, et ensemble, nous gagnerons. »
L’Israel Business Forum, instance représentative des 200 plus grandes entreprises privées du pays, a, pour sa part, menacé de « mettre à l’arrêt l’économie israélienne » si le gouvernement ne respecte pas le référé pris par la Cour Suprême dans l’affaire du limogeage du chef du Shin Bet.
« Si le gouvernement israélien ne respecte pas ce référé et mène Israël à la crise constitutionnelle, alors nous appellerons la population israélienne à cesser de respecter les décisions du gouvernement… et nous mettrons l’économie israélienne à l’arrêt », a-t-il expliqué.
En début de semaine, le Forum avait prié le Premier ministre Benjamin Netanyahu de revenir sur sa décision « destructrice » de limoger Bar, ajoutant que la « dernière chose » dont avait besoin Israël était bien l’aggravation des clivages.
Le chef du syndicat Histadrout, Arnon Bar-David, a, pour sa part, assuré qu’il ne resterait pas les bras croisés si le gouvernement ne respectait pas les décisions de la Cour Suprême.

Bar-David n’a pas dit explicitement qu’il lancerait un préavis de grève si le gouvernement ignorait la Cour Suprême, même si c’est ce qu’il a semblé suggéré.
« J’attends du gouvernement israélien qu’il respecte en l’état toutes les décisions prises par la Cour, tout comme le gouvernement l’attend de la part de ses concitoyens, de la Histadrout et d’autres organisations. Israël est un État de droit et le gouvernement n’est pas au-dessus des lois », a déclaré Bar-David dans un communiqué.
« Nous sommes aux limites de l’anarchie avec ce gouvernement mais je me refuse à la destruction de la société israélienne. Il est inacceptable que le gouvernement israélien dise son intention de ne pas tenir compte d’une telle décision. »
« Je suis ce qui se passe avec inquiétude et j’espère que le gouvernement et son chef vont revenir à la raison. Le fait de ne pas faire respecter une décision est à n’en pas douter une des ultimes limites à ne surtout pas franchir : je n’ai pas l’intention de rester les bras croisés pendant que l’on démantèle l’État d’Israël », a-t-il conclu.
L’université privée Reichman a également menacé de faire grève, et a déclaré que la légitimité du gouvernement reposait sur le respect des décisions des hautes cours et que le non-respect de ces décisions conduirait à une « crise constitutionnelle qui mettrait en danger l’existence de l’État ».
Plusieurs autres universités ont déjà menacé de faire grève si Bar était licencié.
En outre, 40 présidents de conseils régionaux et de municipalités ont signé une lettre appelant Netanyahu à déclarer publiquement qu’il obéirait à la cour.