Des familles de soldats otages à Katz : « Vous vous êtes soumis à vos partenaires de coalition »

Lors d’une récente réunion animée, des familles de soldats retenus en otage ont critiqué le ministre de la Défense, Israel Katz, soulignant que la reprise des combats à Gaza mettait leurs proches en danger de mort et accusant le gouvernement de faire passer les intérêts de la coalition avant tout.

Dans un enregistrement de la réunion diffusé dimanche sur la chaîne N12, Yehuda Cohen, dont le fils Nimrod est retenu en otage, a insisté sur le fait que la décision de reprendre les combats à Gaza était motivée par les intérêts de la coalition du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

« Vous vous êtes soumis à vos partenaires de coalition. Le fait est que lorsque vous êtes passés à la première phase [de l’accord sur les otages], Otzma Yehudit a quitté le gouvernement », a-t-il accusé, faisant référence au parti d’extrême droite du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir.

« Vous avez sauvé leurs portefeuilles [ministériels]… »

Katz l’a interrompu pour assurer que les intérêts de la coalition n’avaient aucune importance dans la décision de reprendre les hostilités contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.

« En quoi cela vous regarde-t-il que nous ayons sauvé leurs portefeuilles ? Êtes-vous un politicien ? », a-t-il répondu à Cohen, faisant référence au fait qu’Otzma Yehudit a repris ses portefeuilles lorsqu’il est revenu au gouvernement le mois dernier, quand les combats ont repris dans la bande de Gaza.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir dirigeant la réunion de sa faction Otzma Yehudit, à la Knesset, à Jérusalem, le 24 mars 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« L’important, c’est que la décision prise soit appropriée, et peu importe qu’ils [Otzma Yehudit] aient quitté [le gouvernement] ou non, cela ne nous intéresse pas. »

« Vous avez repris les combats pour récupérer Ben Gvir ! », s’est emporté Yehuda, ce à quoi Katz a rapidement répondu : « Mais pourquoi vous en souciez-vous ? »

Les familles des soldats Edan Alexander et Matan Angrest, tous deux captifs, étaient également présentes à la réunion.

« Mon Edan est venu des États-Unis, il a mis sa vie entre parenthèses pour s’enrôler et contribuer à son pays », a déploré Iris Schwartz, la tante d’Alexander, un citoyen israélo-américain qui s’est engagé dans la Brigade Golani de l’armée israélienne après avoir terminé le lycée dans le New Jersey.

« Nous avons besoin de quelqu’un qui frappera du poing sur la table pour nous, comme vous savez le faire quand il s’agit de la coalition à laquelle vous appartenez », a-t-elle poursuivi.

« Les soldats sont laissés pour compte dans ces accords », a souligné Anat Angrest, la mère de Matan.

« Mon Matan est là-bas, blessé, pourquoi ? Parce que le Hamas a refusé de discuter de lui parce qu’il est soldat. Qu’est-ce que cela signifie ? Que l’État d’Israël a poursuivi l’accord et abandonné Matan, blessé, là-bas parce qu’il est soldat. »

Un manifestant brandissant un portrait d’Edan Alexander lors d’un rassemblement appelant à la libération des otages, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 15 mars 2025. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

De nombreuses familles d’otages ont exprimé à maintes reprises leur crainte que la reprise des combats à Gaza n’entraîne la mort d’un plus grand nombre de personnes retenues, en particulier après la découverte des corps de six otages assassinés dans un tunnel l’été dernier par les troupes de Tsahal.

L’examen médico-légal a révélé que les otages avaient été abattus à bout portant, probablement après que les terroristes du Hamas eurent détecté la présence des soldats de Tsahal à proximité.

Yehuda Cohen a également demandé à Katz pourquoi le gouvernement n’envisageait pas de négocier un accord pour mettre fin à la guerre en échange de la libération de tous les otages, puis de reprendre les combats si le Hamas rompait le cessez-le-feu.

« Attendons maintenant », a déclaré Katz, provoquant l’indignation des familles.

Viki, Yehuda et Yotam Cohen chez eux à Rehovot, le 6 février 2025 (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)

« Un an et demi ! Un an et demi que mon frère est détenu dans une cage à chien », a rétorqué Yotam Cohen, le frère de Nimrod.

« Qu’est-ce que vous voulez dire par ‘attendons’ ? Vous êtes sérieux ? »

« Je suis satisfait de ce que nous accomplissons. Croyez-moi, aucun pays au monde ne fait ce que nous faisons. Nous accordons la priorité aux otages, puis nous prenons nos décisions », a encore assuré Katz.

Ce à quoi Schwartz a répondu : « Je ne pense pas qu’il y ait un autre pays au monde qui ait eu autant d’otages [enlevés] en une seule journée. »

Katz a justifié la décision de poursuivre les combats à Gaza en affirmant que le Hamas avait prévu, même pendant le cessez-le-feu, de mener une nouvelle invasion en Israël et de perpétrer un nouveau massacre semblable à celui du 7 octobre.

« Du point de vue [du Hamas], si nous arrêtions aujourd’hui, ce serait une grande victoire », a déclaré Katz.

« Qu’ils aient donc leur victoire », a répondu Schwartz, qui a également révélé que quelqu’un « haut placé dans le gouvernement » lui avait dit que « le pouvoir de la droite passe avant tout ».

« Je ne sais pas qui vous a dit ça, mais c’est dommage que vous pensiez ainsi », a répondu Katz à Schwartz.