En deuil, les proches de l’otage mort Youssef Ziyadne accusent le gouvernement d’inaction

La famille et les proches de Youssef Ziyadne, dont le corps a été retrouvé à Gaza 15 mois après son enlèvement avec son fils par des terroristes du Hamas, ont pleuré mercredi la perte de cet homme de 53 ans, père de 19 enfants ; ils ont également exprimé leur colère contre le gouvernement, qu’ils accusent de ne pas avoir agi pour sauver leurs proches.

Le corps de Youssef a été retrouvé mardi soir dans un tunnel du sud de la bande de Gaza, ainsi que des traces de son fils Hamza Ziyadne, 22 ans, pris en otage en même temps que lui lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, selon Tsahal.

Des membres de la famille Ziyadne ont indiqué avoir été informés par l’armée que le corps de Hamza avait également été retrouvé dans la bande de Gaza. Tsahal n’a, toutefois, pas confirmé cette information, se limitant à déclarer que ces découvertes suscitaient de « graves inquiétudes » quant à la possibilité de retrouver Hamza vivant.

Youssef et Hamza avaient été enlevés en même temps que deux autres enfants de Youssef, Bilal, 18 ans, et Aisha, 17 ans, alors qu’ils travaillaient dans l’étable d’un kibboutz à Holit, près de la frontière avec Gaza.

Bilal et Aisha ont été libérés le 30 novembre 2023, après plus de 50 jours de captivité aux mains du Hamas. Jusqu’à mardi, Youssef et Hamza étaient présumés vivants.

La cause du décès de Youssef fait toujours l’objet d’une enquête par Tsahal, bien que les premières analyses indiquent que sa mort ne serait pas récente.

« Nous espérions les revoir vivants au sein de notre famille », a confié Ali Ziyadne, le frère de Youssef, au média israélien Ynet. « C’est une tragédie douloureuse et bouleversante. »

Ali a confié qu’il était convaincu que son frère et son neveu seraient bientôt libérés de Gaza, les négociateurs à Doha semblant sur le point de parvenir à un nouvel accord sur la libération des otages et un cessez-le-feu.

Youssef Ziyadne et son fils Hamza Ziyadne (Autorisation)

« Tous les jours, les garçons et moi vérifiions s’il y avait du nouveau », a-t-il ajouté. « Nous pensions qu’ils seraient inclus dans le nouvel accord parce que nous avions vu des informations indiquant qu’ils figuraient parmi ceux qui devaient être libérés, nous avions l’espoir qu’ils étaient encore en vie. »

« Il nous a été extrêmement difficile de digérer la nouvelle de la découverte de leurs corps, aujourd’hui, et nous avons dit : ‘vérifiez encore, peut-être que vous vous trompez, peut-être qu’ils sont en vie, ne tirez pas de conclusions hâtives’ », a-t-il raconté. « Mais au bout du compte, nous avons dû faire face à cette dure réalité qui nous a déchiré le cœur. »

S’adressant à la presse hébraïque, Odeh Ziyadne, un parent de Youssef, a accusé le gouvernement d’avoir délibérément laissé mourir les otages.

« Ils ont décidé qu’ils voulaient que les otages meurent. Voilà tout le problème », a-t-il déclaré. « Et vous savez pourquoi ? C’est parce qu’ils ne veulent pas de témoins contre eux dans une commission d’enquête – si tant est qu’il y en ait une. Ils ne veulent pas de témoins parmi les otages ».

« Nous avions tant d’espoir, Youssef figurait sur la liste », a-t-il ajouté. « Ils auraient pu les sauver vivants. »

Répétant que « le gouvernement a clairement montré qu’il ne voulait pas les otages vivants », Odeh a critiqué le ministre de la Défense, Israel Katz, pour avoir publié un communiqué sur la découverte du corps de Youssef et des indices liés à Hamza avant même que tous les membres de la grande famille bédouine n’en aient été informés.

« Le ministre de la Défense a oublié qu’il est censé être le ministre de la Défense. Il s’est empressé d’informer les autres de la découverte des dépouilles, simplement pour cocher une case », a-t-il accusé. « J’espère que le sort des autres familles sera différent de celui de la mienne. Le 7 octobre, ils étaient vivants. »

Cette photo publiée par le Service de presse du gouvernement israélien le 1er décembre 2023 montre les ex-otages arabes israéliens Bilal Ziyadne (à droite) et Aisha Ziyadne (à gauche), 17 ans, avec un de leurs parents à l’hôpital Soroka de Beer Sheva, peu de temps après leur libération par le Hamas le 30 novembre 2023. (GPO / AFP)

S’adressant à la chaîne publique Kan, un membre de la famille Ziyadne, dont le nom n’a pas été révélé, a déclaré : « Ce qu’ils [le Hamas] ont fait le 7 octobre, que ce soit aux Bédouins ou aux Juifs, n’est pas autorisé par l’islam. »

« Nous avons perdu des fils, peu importe qu’ils soient Juifs ou musulmans », a-t-il ajouté. « Ils ont tous des mères et des enfants qui les attendent. Nous sommes en deuil depuis 15 mois, et malheureusement, cela se termine ainsi. Cette nouvelle m’a causé une immense douleur. »

Les répercussions de la mort de Youssef – et l’inquiétude pour la vie de Hamza – ont touché bien au-delà de la famille Ziyadne, ébranlant toute la ville de Rahat. La famille réside dans le quartier Ziyadne, nommé en hommage à leur vaste clan.

Le maire de Rahat, Talal Alkernawi, a exprimé la douleur de la communauté en déclarant qu’elle « espérait les accueillir vivants et embrasser la famille », mais que cela ne serait plus possible.

Il a également annoncé qu’une journée de deuil serait observée jeudi, avec une fermeture des services municipaux et des établissements scolaires.

Farhan al-Qadi, ancien otage et voisin de la famille, a rendu hommage à son ami de longue date.

« Tout le monde pleure dans notre maison. Nous espérions les voir revenir vivants », a-t-il confié. Al-Qadi, qui avait été secouru par Tsahal dans un tunnel à Gaza en août 2024.

L’otage secouru Farhan al-Qadi sous une tente non loin de son domicile, à proximité de Rahat, le 28 août 2024. (Crédit : Jamal Awad/Flash90)

« Youssef, mon ami, mon voisin, mon camarade d’enfance… C’est très dur. Nous devons mettre fin à cette guerre et ramener tout le monde à la maison. C’était l’ami de tous, le père de tous. Il ne méritait pas cela, personne ne le mérite. »

Le Forum des familles d’otages et de disparus a également déploré la perte de Youssef, le décrivant comme « un homme de dialogue, le pilier de sa famille et une figure essentielle de sa communauté ».

« L’accord en cours d’élaboration arrive trop tard pour Youssef, enlevé vivant et qui aurait dû revenir en vie », a déclaré le forum. « Chaque jour de captivité met en péril la vie des otages qui ont survécu jusqu’à présent et complique la récupération des dépouilles, privant ainsi les familles de funérailles dignes. »

Parmi les 251 otages kidnappés par le Hamas le 7 octobre, 94 seraient encore retenus à Gaza, selon Tsahal, dont les corps de 34 otages confirmés décédés.

Le Hamas a libéré 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine fin novembre, et quatre otages ont été libérées avant cela. Huit otages ont été secourus par les troupes vivantes, et les corps de 40 otages ont également été retrouvés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.

Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats de Tsahal tués en 2014.

Emanuel Fabian a contribué à cet article.