Place Habima, une mère d’otage accuse le Premier ministre de bombarder son fils

Prenant la parole devant des centaines de manifestants sur la place Habima, Einav Zangauker, la mère de l’otage Matan Zangauker, a accusé samedi soir le gouvernement de vouloir commettre un « assassinat ciblé » dont la cible est son fils, après qu’Israël a lancé la semaine dernière une attaque-surprise sur Gaza, faisant échouer le cessez-le-feu et l’accord qui avait été conclu avec le Hamas.

« Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a décidé de bombarder Matan au lieu de le sauver et de le ramener à la maison », a-t-elle dit.

« Netanyahu sait très bien que mon Matan est enchaîné, qu’il est affamé, frappé, sans air, sans lumière, sans espoir, et pourtant il a décidé de continuer à l’abandonner », a ajouté Zangauker.

« Les otages sont retenus en captivité par le Hamas, et la nation entière d’Israël est retenue en captivité par Netanyahu », a-t-elle déploré.

Zangauker a accusé Netanyahu de ne pas accorder la priorité aux otages en adoptant le budget de l’État et en cherchant à écarter de leur poste le chef du Shin Bet, Ronen Bar, et la procureure-générale, Gali Baharav-Miara.

« Netanyahu, vous ne pourrez pas échapper à votre responsabilité dans le massacre du 7 octobre », a affirmé Zangauker. « La seule façon d’atténuer votre châtiment est de conclure un accord global pour les 59 otages et de mettre fin à la guerre ».

Le maire de Tel Aviv, Ron Huldai, s’est exprimé après Zangauker : « C’est difficile de parler après Einav, qui peut exprimer la douleur avec tant de force et avec tant d’esprit ».

Huldai a déclaré que la nation était en guerre. « Il ne s’agit pas de cette nouvelle entrée inutile dans Gaza, une entrée qui menace des vies et qui marque l’abandon des otages. Nous sommes en guerre parce que le gouvernement tente de démolir le sol que nous foulons depuis près de 80 ans ».

Si le gouvernement devait passer outre la Haute Cour et renvoyer Bar, a noté Huldai, « nous, dans les municipalités, nous saurons aussi comment passer outre et faire dérailler le quotidien que le gouvernement imagine faire malgré tout continuer ».

Ram Ben Barak, député de Yesh Atid et ancien chef adjoint du Mossad, s’est ensuite levé pour rejoindre la tribune.

« Netanyahu parle de l’Etat profond », a déclaré Ben Barak. « Je lui dis : Netanyahu, vous êtes une merde profonde, et tout votre gouvernement est une merde profonde ».

Ben Barak s’est engagé à limiter à deux le nombre de mandats des Premiers ministres et à interdire à toute personne faisant l’objet d’un acte de mise en examen d’exercer une fonction publique – une pique à l’encontre de Netanyahu, dans la tourmente de son procès pour corruption.

« Nous redeviendrons ce que nous étions : le meilleur pays du monde, le pays où tout le monde veut élever ses enfants », s’est-il exclamé.

Après les discours, la foule s’est dirigée vers la manifestation anti-gouvernementale qui est organisée, le samedi dans la soirée, par les familles d’otages sur la route Begin, devant le quartier général de Tsahal.

Au milieu de la place Habima, des militants avaient installé une fausse « ambassade du Qatar » pour attirer l’attention sur les relations criminelles présumées qui se seraient tissées entre les principaux collaborateurs de Netanyahu et l’État du Golfe qui n’entretient pas de relations officielles avec Israël, et qui est un soutien du Hamas. Devant l’ambassade, un homme portant un masque de Netanyahu se roulait dans un amas de faux billets, des cordes attachées à ses bras, comme une marionnette grandeur nature.