Selon l’avocat du soldat soupçonné de vol de documents, Netanyahu savait ce qui se passait

L’avocat de l’un des soldats accusés d’avoir volé des documents des services de renseignement militaire a indiqué, mardi, qu’Eli Feldstein, le principal suspect dans ce dossier, avait dit au soldat qu’il avait transmis les documents au Premier ministre Benjamin Netanyahu – qui en avait réclamé davantage et qui avait déclaré qu’il prévoyait de « libérer une journée toute entière » pour tout examiner.

Les propos tenus par l’avocat Micha Fettman au micro de la radio militaire ont démenti la déclaration qui avait été faite par Netanyahu lors d’une réunion à huis-clos, la semaine dernière, ont fait savoir les médias israéliens. Il avait affirmé qu’il n’avait eu aucune connaissance préalable du scandale et que « Eli Feldstein a agi de son propre chef »

Quelques heures après l’interview de Fettman, le bureau de Netanyahu a publié une déclaration laissant entendre que les suspects avaient subi des pressions pour impliquer le Premier ministre.

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« Nous sommes désolés de constater qu’on détruit la vie de jeunes hommes en faisant des affirmations sans fondement afin de nuire au gouvernement de droite », a fait savoir le Bureau du Premier ministre dans une déclaration à la presse.

« Dans un gouvernement démocratique, les individus ne sont pas détenus pendant 20 jours dans un sous-sol à cause d’une fuite auprès des médias et on ne leur interdit pas les services d’un avocat pendant des jours, dans le seul but de leur soutirer de fausses accusations contre le Premier ministre », a-t-il ajouté.

Le communiqué n’a pas cité les noms de Feldstein ou de Fettman.

Feldstein, un collaborateur de Netanyahu qui avait servi dans l’unité du porte-parole de l’armée israélienne, est soupçonné d’avoir volé, avec quatre soldats des services de renseignements, des informations top secrètes et de les avoir divulguées à la presse étrangère d’une manière déformée – de façon à ce qu’elles viennent appuyer les arguments qui étaient alors avancés par le Premier ministre dans son refus de conclure un accord ouvrant la porte à la libération des otages à Gaza. L’homme est détenu depuis le 27 octobre – il lui a été interdit de faire appel aux services d’un avocat dans un premier temps – et sa détention provisoire sera réexaminée mercredi.

Eli Feldstein, alors porte-parole de Tsahal, lors des funérailles d’une victime du terrorisme dans l’implantation de Homesh en Cisjordanie, le 17 décembre 2021. (Crédit : Sraya Diamant/Flash90)

Fettman a déclaré à la radio militaire que son client, un sous-officier servant en tant que réserviste au sein d’une unité de renseignement, avait reçu le numéro de Feldstein après avoir décidé, violant le protocole, de transmettre des documents directement au Bureau du Premier ministre plutôt que par l’intermédiaire de son secrétariat militaire.

Fettman a ajouté que son client n’avait jamais entretenu de relations avec Feldstein auparavant. Il n’a pas voulu révélé l’identité de la personne qui avait donné le numéro de Feldstein à son client, précisant que ce détail figurait dans les éléments de l’enquête.

Des informations antérieures avaient laissé entendre que Feldstein avait déjà eu des contacts avec l’un des soldats soupçonnés dans ce dossier.

Fettman a affirmé que son client pensait vraiment que ces transferts de documents allaient faciliter la conclusion d’un accord avec le Hamas, ouvrant la porte à la libération des otages. Le réserviste avait ressenti le besoin de « s’affranchir » de la hiérarchie militaire parce que dans le passé, il était arrivé à cette dernière de faire taire des analystes du renseignement qui avançaient des perspectives différentes, a-t-il expliqué.

« La coopération qui a été mise en place et les réponses qu’il a pu recevoir de la part de Feldstein l’ont convaincu que les informations étaient bien parvenues là où il voulait qu’elles parviennent », a ajouté Fettman.

Micha Fettman au tribunal de district de Jérusalem, le 10 juillet 2012. (Miriam Alster/Flash90)

Tout en reconnaissant que les actions entreprises par le soldat pouvaient être illégales, Fettman a noté que les motivations de son client avaient été pures et il a déploré le fait que ce dernier – qui est marié et qui est père d’une fillette de deux ans – a été détenu pendant 18 jours. Il a fait remarquer que les services d’un avocat lui avaient été refusés pendant dix jours.

« Même s’il a commis une erreur relativement technique », a dit Fettman, « la personne qui s’est assurée de la fuite a manifestement commis quelque chose de beaucoup plus grave »

Fettman avait brièvement fait partie de l’équipe assurant la défense de Netanyahu dans son procès – mais il avait démissionné suite à des désaccords avec un autre avocat, quelques jours après l’interdiction qui avait été faite au Premier ministre de payer ses frais de justice à l’aide de fonds versés par un bienfaiteur étranger.

Ce vol présumé de renseignements est l’un des nombreux scandales liés à la sécurité qui ont récemment ébranlé le bureau de Netanyahu. Les principaux collaborateurs du Premier ministre sont également accusés d’avoir recueilli des images embarrassantes de Yoav Gallant, alors ministre de la Défense, lors d’une altercation avec un agent de sécurité, et des photos d’un haut fonctionnaire du secrétariat militaire du cabinet du Premier ministre, dans le cadre d’une relation clandestine. Ils sont également accusés d’avoir tenté de modifier les comptes-rendus des conversations que Netanyahu avait pu avoir quelques heures avant que des milliers de terroristes, placés sous la direction du Hamas, ne prennent d’assaut le sud d’Israël, le 7 octobre 2023, commettant un pogrom – ils avaient massacré plus de 1 200 personnes et ils avaient kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage à Gaza. Cette attaque sanglante avait déclenché la guerre actuelle au sein de l’enclave côtière.