Trump à Netanyahu : « Nous devons être bons envers Gaza et lui apporter plus d’aide »

Le président américain Donald Trump a déclaré vendredi avoir dit au Premier ministre Benjamin Netanyahu « qu’il fallait être bon avec Gaza », alors qu’il poussait le dirigeant israélien à débloquer l’aide humanitaire à destination de la bande de Gaza.

Alors qu’il se rendait aux funérailles du pape François à bord de l’Air Force One, Trump a été interrogé par des journalistes sur la question de savoir si les préoccupations relatives à l’aide humanitaire à Gaza avaient été abordées lors de son entretien téléphonique avec Netanyahu mardi.

« Gaza a été évoquée et j’ai dit : ‘Nous devons être bons avec Gaza’ », a répondu Trump.

« Ces gens souffrent. Nous devons être bons envers Gaza. Nous allons prendre soin d’eux », a-t-il ajouté.

« Il y a un besoin très important en nourriture et en médicaments. Nous nous en occupons. »

Pressé de savoir s’il faisait pression sur Israël pour qu’il autorise l’acheminement de l’aide à Gaza, Trump a répondu : « Oui », ajoutant qu’il voulait « faire parvenir de la nourriture et des médicaments à Gaza ».

.@POTUS on his conversation with Prime Minister Netanyahu: "Gaza came up and I said, 'You got to be good to Gaza.' Those people are suffering … There's a very big need for food and medicine, and we're taking care of it … We're pushing people very hard." pic.twitter.com/fcKmuogPk6

— Rapid Response 47 (@RapidResponse47) April 25, 2025

Interrogé sur la réponse de Netanyahu à cette demande, Trump a répondu : « Eh bien, il était d’accord. »

C’était la première fois que Trump s’exprimait publiquement sur la question de l’aide humanitaire à Gaza, qui constituait un sujet de conflit récurrent entre Netanyahu et l’administration Biden.

L’annonce de la discussion entre Netanyahu et Trump est survenue peu après que le Programme alimentaire mondial (PAM) a déclaré avoir épuisé ses réserves alimentaires à Gaza en raison de la fermeture prolongée des points de passage vers l’enclave.

« Aucune aide humanitaire ou commerciale n’est entrée à Gaza depuis plus de sept semaines, tous les principaux points de passage frontaliers restant fermés. Il s’agit de la plus longue fermeture jamais connue par la bande de Gaza, qui exacerbe la fragilité des marchés et des systèmes alimentaires », a déclaré le PAM dans un communiqué à la presse.

Des Palestiniens attendant devant un point de distribution gratuite de nourriture pour recevoir leur portion d’un repas chaud, dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 19 avril 2025. (Crédit : Eyad Baba/AFP)

Le PAM, l’un des principaux fournisseurs d’aide alimentaire dans les Territoires palestiniens, a déclaré vendredi avoir « livré ses dernières réserves alimentaires aux cuisines distribuant des repas chauds dans la bande de Gaza ».

« Ces cuisines devraient être totalement à court de nourriture dans les prochains jours », a-t-il affirmé.

Israël a commencé à interdire toute aide humanitaire à Gaza après la fin de la première phase du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, le 1ᵉʳ mars. Depuis lors, des accusations de pénurie alimentaire et médicale à Gaza se multiplient, ce que Israël dément.

Mercredi, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont appelé Israël à « cesser » le blocage de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, une mesure « intolérable » qui expose les civils palestiniens « à la famine, aux épidémies et à la mort ».

Israël, accuse le groupe terroriste palestinien du Hamas de détourner cette aide et de s’enrichir en la revendant chère a rejeté cette déclaration, la qualifiant « d’éthiquement scandaleuse ».

« Le soi-disant équilibre que la déclaration des E3 tente d’établir entre Israël et le Hamas est éthiquement scandaleux », a répondu le ministère des Affaires étrangères, affirmant que les pays ne mentionnent qu’en passant le fait que le groupe terroriste palestinien du Hamas détient toujours 59 otages dans des conditions inhumaines sous terre.

Lors de la réunion du cabinet de sécurité mardi, le ministre d’extrême droite des Finances Bezalel Smotrich aurait eu une vive altercation verbale avec le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir, au sujet de la reprise éventuelle de l’aide humanitaire à Gaza.

Selon les médias israéliens, la discorde entre les deux hommes aurait éclaté après que le ministre de la Défense, Israel Katz, a informé le cabinet qu’Israël n’aurait d’autre choix que de reprendre l’acheminement de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza dans les deux prochaines semaines, tout en veillant à ce qu’elle ne parvienne pas au Hamas.

Zamir aurait répondu à Katz que l’armée ne serait pas chargée de distribuer l’aide. Smotrich lui aurait répondu que « Tsahal ne choisit pas ses missions » et que les dirigeants politiques attendent de l’armée qu’elle supervise la distribution de l’aide afin de s’assurer qu’aucune marchandise ne tombe entre les mains du Hamas.

Le ministre de la Défense, Israel Katz (à droite), et le nouveau chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir (à gauche), rencontrant le Conseil d’état-major de l’armée israélienne, le 5 mars 2025. (Crédit : Ariel Hermoni/Ministère de la Défense)

« Nous vous avons clairement indiqué que vous deviez vous préparer à cela. Nous déciderons de l’objectif et vous déciderez de la manière de l’atteindre », aurait affirmé le ministre des Finances.

« Si vous n’en êtes pas capable, nous ferons appel à quelqu’un qui le sera. Si vous ne savez pas comment faire, nous trouverons quelqu’un qui sait. »

Au début du mois, Ynet a rapporté qu’Israël allait commencer à autoriser l’acheminement d’une partie de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza afin d’éviter toute violation du droit international et d’éventuels problèmes juridiques pour les commandants participant à l’opération militaire.

« Il n’y a pas de famine ni d’apparition de maladies à Gaza, mais nous sommes à environ 40 ou 50 jours de voir les entrepôts alimentaires se vider. La semaine dernière, des Gazaouis ont fait irruption dans des entrepôts où nous avions stocké de la farine et l’ont transférée au Hamas », ont déclaré, sous couvert d’anonymat, des sources sécuritaires citées dans un article publié le 7 avril.

Des manifestants, menés par les proches de personnes retenues en otage à Gaza, marchant vers le domicile du ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer pour réclamer un accord visant à obtenir la libération des 59 otages, à Jérusalem, le 13 avril 2025. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

L’article indiquait également que Tsahal « avait clairement fait savoir aux dirigeants politiques » qu’à un moment donné, il n’y aurait d’autre choix que de reprendre l’approvisionnement de Gaza en nourriture, en carburant et en médicaments.

La guerre à Gaza a éclaté lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.

Selon les estimations des services de renseignement israéliens, 59 otages sont toujours retenus en captivité, dont vingt-quatre seraient encore en vie.

Plus de 51 400 personnes, dont plus de 2 000 depuis la reprise des hostilités par Israël le 18 mars, seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ne font pas de distinction entre civils et terroristes. Israël affirme avoir tué 20 000 terroristes au combat, et 1 600 autres terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre 2023.