Tsahal en « alerte maximale » ; Biden promet de défendre Israël contre « toute menace iranienne »

L’armée israélienne a déclaré jeudi qu’elle est en « état d’alerte élevé » alors que le pays se prépare à réagir aux assassinats cette semaine du chef de la branche armée du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah à Beyrouth et du chef du groupe terroriste palestinien du Hamas à Téhéran, tout en assurant que Tsahal est prêt à faire face à n’importe quelle menace.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est entretenu avec le président américain Joe Biden, qui, selon la Maison Blanche, a souligné l’engagement des États-Unis à défendre la sécurité d’Israël « contre toutes les menaces de l’Iran ». Les deux hommes ont discuté de nouveaux déploiements militaires américains pour se protéger contre d’éventuelles attaques de missiles balistiques et de drones.

Cet appel a eu lieu alors que la télévision israélienne a rapporté qu’Israël travaillait à finaliser la coordination d’une coalition régionale et internationale pour contrecarrer une éventuelle réponse de l’Iran et du Hezbollah aux assassinats d’Ismaïl Haniyeh et de Fouad Shukr, comme ce fut le cas lorsque l’Iran a tiré des centaines de drones et de missiles sur Israël dans la nuit du 13 au 14 avril.

Si Israël a revendiqué l’assassinat de Shukr, il n’a pas officiellement commenté l’assassinat de Haniyeh, qui lui a été imputé par le Hamas, l’Iran et leurs alliés.

« Nous avons frappé mardi soir au Liban et tué Fouad Shukr lors d’une frappe aérienne précise. Je tiens à souligner qu’il n’y a eu aucune autre frappe aérienne, ni missile ni drone israélien, dans tout le Moyen-Orient cette nuit-là, et je ne ferai pas d’autres commentaires », a déclaré jeudi soir le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de Tsahal, interrogé au sujet de Haniyeh.

Un peu plus tôt, le New York Times avait rapporté que l’explosion qui a tué Haniyeh et son garde du corps tôt mercredi matin avait été déclenchée par une bombe télécommandée sophistiquée introduite clandestinement il y a environ deux mois dans la chambre du chef du groupe terroriste palestinien à la maison d’hôtes de Téhéran où il séjournait.

Le bâtiment où le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh a été tué le 31 juillet 2024, sur une image non vérifiée. (Crédit : Réseaux sociaux ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

« Depuis le début de la guerre, nous avons été confrontés à diverses menaces venant de loin et de près », a déclaré Hagari, faisant référence au conflit en cours déclenché par le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre. « Nous avons prouvé récemment que l’État d’Israël sait comment faire face aux menaces en se défendant et en répondant par une attaque puissante. »

Il a indiqué que l’armée évalue en permanence la situation, mais que pour l’instant, les directives du Commandement du Front intérieur concernant les civils n’avaient pas été modifiées.

« Nous restons attentifs à l’évolution de la situation en permanence. Nous disposons de très bons systèmes de défense et nos alliés internationaux ont renforcé leurs forces dans la région pour nous aider à faire face à ces menaces », a affirmé Hagari.

Il a toutefois souligné que les défenses d’Israël n’étaient pas « hermétiques ».

Le contre-amiral Daniel Hagari, le porte-parole de l’armée israélienne, lors d’une conférence de presse en anglais, le 16 juin 2024. (Crédit : Capture d’écran)

« Soyez vigilants et continuez à suivre les instructions du Commandement du Front intérieur », a-t-il déclaré, ajoutant qu’en cas de changement, l’armée ferait une mise à jour immédiate.

Hagari a déclaré que « Tsahal est en état d’alerte, tant en défense qu’en attaque. Les troupes sont déployées dans les airs, en mer et sur le terrain, et sont prêtes à faire face à n’importe quel scénario, et en particulier à des projets d’attaques dans l’immédiat ».

La Douzième chaîne a rapporté qu’en plus de l’augmentation des patrouilles aériennes, des dizaines d’avions de chasse de l’armée de l’air israélienne attendaient sur les tarmacs, prêts à lancer une attaque ou à se défendre contre une attaque.

L’armée a également surveillé et limité le transport de matières dangereuses vers plusieurs usines dans le nord d’Israël par mesure de précaution. Selon une source militaire, le Commandement du Front intérieur n’a ordonné à aucune des usines concernées de cesser ses activités.

Des avions de combat F-35i, sur la base aérienne de Nevatim, dans le sud d’Israël, sur une photo non datée. (Crédit : Armée israélienne)

Ynet a rapporté mercredi que l’usine de crème glacée Strauss à Akko a été forcée d’arrêter ses activités parce qu’il lui a été demandé d’évacuer le gaz ammoniac qu’elle utilise, qui pourrait être nocif pour la population en cas d’attaque à la roquette.

« Le Commandement du Front intérieur est en contact permanent avec toutes les usines […] y compris via des audits quotidiens et des évaluations continues de la situation en collaboration avec les autorités locales et le ministère de l’Environnement. Il s’agit de maintenir l’état de préparation et d’avoir une vue d’ensemble de la quantité de matières dangereuses », a répondu Hagari.

Israël avertit qu’il se défera de ses chaînes si des civils sont blessés

Après une accalmie de plus de 48 heures, le Hezbollah a attaqué Israël pour la première fois depuis l’assassinat de Shukr, revendiquant des tirs de roquettes sur la Galilée occidentale dans la nuit de jeudi à vendredi.

בהמשך להתרעות שהופעלו בשעה 21:44 במרחב הגליל המערבי, זוהו מספר שיגורים שחצו מלבנון, חלקם יורטו והשאר נפלו בשטחים פתוחים, אין נפגעים.

בסגירת מעגל מהירה, מטוסי קרב של חיל האוויר תקפו את המשגר של ארגון הטרור חיזבאללה ממנו זוהו השיגורים ממרחב יאטר שבדרום לבנון>> pic.twitter.com/kXF0r8j2dz

— צבא ההגנה לישראל (@idfonline) August 1, 2024

Dans un communiqué, le groupe terroriste chiite libanais a affirmé avoir lancé des dizaines de roquettes sur la localité frontalière de Metzuba, au nord du pays, en réponse à une frappe israélienne dans le village libanais de Chamaa, plus tôt dans la journée, qui aurait tué quatre Syriens et blessé plusieurs civils libanais.

Tsahal a ensuite déclaré avoir frappé un lance-roquettes du Hezbollah dans la région de Yater, au sud du Liban, qui avait été utilisé pour effectuer le tir de barrage.

Selon l’armée, plusieurs roquettes lancées lors de l’attaque ont été interceptées par les défenses aériennes, tandis que d’autres ont touché des zones ouvertes. Aucun blessé n’est à déplorer.

Un peu plus tôt, un reportage non-sourcé de la Douzième chaîne indiquait qu’Israël avait transmis au Hezbollah, par l’intermédiaire de tiers arabes et régionaux, un message selon lequel, alors que le groupe terroriste chiite libanais avait tué douze enfants et adolescents à Majdal Shams dans la nuit de samedi à dimanche, Israël avait réagi en frappant une cible terroriste, Shukr. Si le Hezbollah réagit, le message israélien a été cité comme disant qu’il s’agirait d’un cas « d’armée contre armée ». Mais si vous commencez à frapper des cibles civiles, il s’agira d’une véritable guerre contre le Hezbollah, et Israël se considérera comme libre de toute contrainte ».

Une Iranienne présente au cortège funèbre du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh tenant une pancarte montrant des chefs terroristes et un scientifique nucléaire dont la mort a été imputée à Israël (de gauche à droite : le secrétaire général du Jihad islamique palestinien Fathi Shaqaqi, le physicien et scientifique iranien Mohsen Fakhrizadeh, du commandant irakien Abu Mahdi al-Muhandis, de Haniyeh, du chef de la Force Al-Qods iranienne Qassem Soleimani, du commandant du Hezbollah Imad Mughnieh et du guide spirituel du Hamas Cheikh Ahmed Yassin), à Téhéran, le 1er août 2024. (Crédit : AFP)

Ce que cela signifie, selon le reportage télévisé, ce n’est pas qu’Israël viserait des civils, mais qu’il pourrait viser des infrastructures libanaises, y compris à Beyrouth. L’objectif du message, selon le reportage, était de limiter le Hezbollah.

La Douzième chaîne a également cité une source israélienne de haut rang, sous couvert d’anonymat, qui a déclaré que l’état actuel de préparation militaire en vue d’une attaque potentielle pourrait durer plusieurs jours. Alors que le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah « pourrait tenter de répondre rapidement », la source a estimé qu’il faudrait plus de temps aux Iraniens pour décider « comment et quand ils veulent répondre ».

Le reportage indique également que Biden, lors de son appel avec Netanyahu, devait pousser ce dernier à utiliser les dernières réalisations d’Israël et à faire preuve de souplesse dans les efforts visant à conclure un accord de « trêve contre libération d’otages » avec le Hamas dans la bande de Gaza. Toutefois, selon le reportage, Netanyahu est convaincu que seule la pression militaire a permis au groupe terroriste palestinien de faire preuve de souplesse jusqu’à présent, et que ce n’est surtout pas le moment de relâcher la pression.

Joe Biden « a discuté des efforts visant à soutenir la défense d’Israël contre les menaces, dont celles de missiles balistiques et de drones », ce qui pourrait passer par « de nouveaux déploiements d’armements défensifs américains », selon la Maison Blanche.

« Le président a discuté des efforts visant à soutenir la défense d’Israël contre les menaces, notamment contre les missiles balistiques et les drones, y compris de nouveaux déploiements militaires défensifs américains », poursuit le communiqué, sans fournir plus de détails sur ces mesures.

« Parallèlement à cet engagement en faveur de la défense d’Israël, le président a souligné l’importance des efforts en cours pour désamorcer les tensions dans la région. »

Le bureau du Premier ministre n’a pas encore communiqué sur cet appel, auquel s’est jointe, selon la Maison Blanche, la vice-présidente et candidate démocrate présumée à l’élection présidentielle, Kamala Harris.

Citant des responsables américains, le site d’information Axios a indiqué que les États-Unis pensaient qu’il faudrait plusieurs jours à l’Iran et à ses mandataires pour préparer une attaque et qu’ils prenaient des mesures pour être prêts à aider à contrer l’assaut, comme cela été le cas en avril.

Le président Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dans le bureau Ovale, à la Maison Blanche, à Washington, le 25 juillet 2024. (Crédit : Susan Walsh/AP)

« Nous nous attendons à quelques jours difficiles », a souligné l’un des responsables.

Selon le reportage, l’administration Biden craint d’avoir plus de difficultés à rassembler une coalition régionale et internationale pour aider à contrecarrer l’attaque, car l’assassinat de Haniyeh est lié à la guerre en cours à Gaza, déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien le 7 octobre dans le sud d’Israël, pour lesquels Israël a fait l’objet de vives critiques.

L’attaque iranienne d’avril faisait suite à une frappe meurtrière le 1er avril sur une annexe du consulat iranien à Damas, imputée à Israël contre des généraux du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé de l’Iran.