Israël pleure les 12 enfants druzes morts à cause d’une frappe du Hezbollah

Les résidents de Majdal Shams, une localité du nord d’Israël, ont dit espérer une riposte sérieuse de la part d’Israël suite à la frappe à la roquette du Hezbollah qui a tué samedi au moins douze enfants et adolescents. Ce tir a aussi fait plus de 30 blessés lorsque le projectile s’est abattu dans un stade de football, laissant les habitants de la communauté dans un état de choc et de sidération.

Cette attaque a été la plus meurtrière du Hezbollah depuis que les combats ont commencé sur la frontière séparant Israël et le Liban, le 8 octobre, et toutes les victimes étaient âgées de dix à douze ans, a précisé samedi soir le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari.

Jihan Safadi, directrice de l’école élémentaire Al-Mahel – cinq petites victimes fréquentaient son établissement scolaire – a confié au site d’information arabe Panet qu’elle ne parvenait pas à réaliser l’ampleur de la tragédie et qu’elle ne parvenait pas non plus à trouver les mots pour décrire le sentiment qu’elle éprouve après avoir ainsi perdu plusieurs de ses jeunes élèves. D’autres enfants qui étaient inscrits dans son école ont aussi été blessés.

Recevez gratuitement notre édition quotidienne par mail pour ne rien manquer du meilleur de l’info Inscription gratuite !

« J’avais dit à mes élèves, avant les vacances d’été, de profiter de leur temps libre, de sortir jouer, de s’amuser et de faire attention à eux », a-t-elle dit.

« La situation est très difficile ici ; les parents pleurent, les gens crient. Personne ne peut digérer ce qui s’est produit », a-t-elle ajouté.

« Je ne sais pas comment faire pour dépasser tout ça ; je suis en contact avec les familles. C’est très, très difficile », a-t-elle poursuivi.

Les habitants et les premiers secours ont décrit un carnage sur le terrain. Si une sirène d’alerte avait été activée, elle a été trop tardive pour les victimes qui n’ont pas été en mesure de fuir le stade à temps.

Les services de secours israéliens sur le site d’une frappe à la roquette du Hezbollah dans le village druze de Majdal Shams, le 27 juillet 2024. (Crédit : Michael Giladi/Flash90)

Les enfants « jouaient au foot ; ils ont entendu les sirènes et ils ont couru vers un abri », a raconté Mourhaf Abu Saleh, qui a assisté à la scène, à Reuters. « Il fallait peut-être quinze secondes pour aller jusqu’à l’abri. Mais ils n’ont pas pu l’atteindre parce que la roquette est retombée dans le périmètre qui se trouvait entre le terrain et l’abri ».

Un autre témoin, dont l’identité n’a pas été révélée, a confié au quotidien Haaretz que la scène lui avait rappelé le 7 octobre, quand près de 1 200 personnes avaient été massacrées par des terroristes du Hamas dans le sud d’Israël.

« Les enfants jouaient, ils étaient venus se divertir et s’amuser », a commenté le témoin qui a décrit le moment où il avait aperçu « des enfants blessés et décédés sur le sol ».

« J’ai commencé à ramasser des morceaux de corps éparpillés. Avec des enfants dont les corps avaient été projetés en l’air. L’explosion les avait démembrés », a-t-il dit.

Peu après l’attaque, le maire Dolan Abu Saleh a demandé aux résidents de rester à l’intérieur des habitations « et de permettre aux forces chargées des recherches et des secours de faire leur travail ». Il a averti que les tirs de roquette pouvaient recommencer à n’importe quel moment.

« C’est un jour sombre pour Majdal Shams, » a-t-il déploré.

Sheikh Muafak Tarif, le leader druze de la communauté, a indiqué devant les caméras de la Douzième chaîne que la population – qui est constituée de près de 12 000 personnes – était sous le choc après « ce massacre terrible ».

Cette attaque du Hezbollah a été « une attaque terroriste cruelle et meurtrière qui a pris pour cible des enfants innocents dont le seul tort était d’avoir voulu aller jouer au foot », a-t-il estimé.

« C’est la réalité dans laquelle nous vivons depuis neuf mois. Ce soir, toutes les lignes rouges, toutes les limites possibles ont été franchies », a-t-il affirmé, ajoutant qu’Israël ne pouvait pas permettre à ses citoyens de subir de telles atteintes.

Des jeunes marchent à côté d’un abri endommagé par des éclats d’obus sur un terrain de football frappé par une roquette – une attaque qui a tué de nombreux enfants et adolescents – dans la ville druze de Majdal Shams, sur le plateau du Golan, le 27 juillet 2024. (Crédit : AP Photo/Leo Correa)

De son côté, Ayoub Kara, un ancien député druze, a fait part, sur X, de « son horreur face au massacre atroce » commis dans l’après-midi de samedi.

« Le Hezbollah est haineux ; ce sont des meurtriers assoiffés de sang et sans morale dont la seule motivation est une haine aveugle », a-t-il écrit, ajoutant qu’il demandait à l’armée de pénétrer au Liban et en Syrie pour « nettoyer les zones terroristes » de manière à restaurer la sécurité dans les localités du nord d’Israël.

Par ailleurs, de l’autre côté de la frontière – dans les lignes ennemies – les responsables et les chefs spirituels druzes au Liban et en Syrie ont condamné les attaques commises contre la communauté tout en évitant de mentionner le Hezbollah.

Un politicien druze libanais, Wiam Wahhab, a averti que « le sang des Druzes n’est pas peu cher » et il a demandé à ce qu’une enquête indépendante soit ouverte sur le massacre commis à Majdal Shams « avec la participation des Nations unies ».

Sheikh Hikmat al-Hajri, leader spirituel de la communauté druze en Syrie, a condamné « le crime haineux » perpétré à Majdal Shams, a indiqué Ynet qui a cité des médias syriens.

« Nous appelons la communauté internationale à poursuivre ceux qui ont commis ce crime », aurait-il déclaré, selon le site d’information. « Les coupables devront être punis pour ce qu’ils ont fait, conformément aux règles du droit international ».