Une ex-otage évoque des « flashes » de son viol présumé par un coach bien connu

Une ex-otage a récemment indiqué avoir porté plainte pour viol contre un coach sportif bien connu de Tel Aviv – l’existence du dossier avait été révélée, mais le nom de la plaignante était resté indéterminé. Elle a indiqué, samedi, que le suspect l’avait convaincue d’organiser une réunion à son domicile, où l’agression a eu lieu, en prétendant qu’un producteur de Hollywood serait présent.

Mia Schem avait annoncé, jeudi, qu’elle était la victime dans cette affaire de viol présumée. Le suspect, un homme âgé d’une trentaine d’années, avait été arrêté fin mars à l’issue d’une perquisition à son domicile. Il a ensuite été libéré de sa garde à vue, mais il reste soupçonné dans ce dossier.

Ce coach serait une personnalité de premier plan sur les réseaux sociaux. Il aurait eu plusieurs clients célèbres, dont un ancien Premier ministre.

« J’ai décidé de dire la vérité. Ce n’est pas à moi de me cacher », a confié Schem devant les caméras de la chaîne d’information N12 au début de sa première interview depuis qu’elle a révélé être la plaignante dans cette affaire.

Schem a expliqué que les agressions sexuelles « ont toujours été ma plus grande peur dans la vie ».

« Avant ma captivité, pendant ma captivité – et c’est arrivé après ma captivité, c’est arrivé dans ma maison, là où je me sens le plus en sécurité », a-t-elle déploré.

Au mois de mars, la chaîne avait signalé que que la police cherchait à déterminer si l’entraîneur avait drogué sa victime jusqu’alors non-identifiée. Les amis de Mia Schem avaient, semble-t-il, trouvé cette dernière chez elle – elle avait, à ce moment-là, passé du temps en compagnie de l’entraîneur et d’une autre personne, ne se souvenant que vaguement de ce qui s’était passé.

L’otage israélienne Mia Schem est transférée à la Croix-Rouge par des terroristes du Hamas, dans la ville de Gaza, avant son retour en Israël, le 30 novembre 2023. (Capture d’écran/ Telegram)

Elle avait ensuite été emmenée à l’hôpital pour des examens médicaux qui avaient permis de déterminer qu’elle avait récemment eu des rapports sexuels – ce dont elle ne se souvenait pas, selon le reportage.

« Ce qui me met le plus en colère, c’est l’idée que je ne me souviens plus de rien. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Mon corps se souvient. Mon corps ressent tout, mais il m’a fallu trois jours pour faire le lien entre mes sensations physiques et ce qui est dans ma conscience », a-t-elle dit lors de l’entretien.

Selon N12, Schem et le coach s’étaient rencontrés lors d’une fête de Pourim, au mois de mars. « Son studio est très proche de là où j’habite et j’ai vite compris qu’il était très connu dans son domaine », a-t-elle déclaré.

Schem s’était apparemment entraînée à trois reprises avec l’homme dans les semaines qui avaient suivi. Le suspect avait également parlé à Schem de son propre état émotionnel et de ses problèmes personnels.

Le coach avait, semble-t-il, proposé à Schem de la mettre en contact avec un « producteur de cinéma de Hollywood » qui souhaitait la rencontrer.

« Je suis en train d’écrire un livre et – surtout après tout ce que j’ai vécu – il y a beaucoup de gens qui veulent avoir la main sur mon histoire et en faire quelque chose, donc pour moi, cela me paraissait tout à fait normal », a précisé Schem devant les caméras.

Schem avait apparemment attendu deux heures dans le hall d’un hôtel pour rencontrer le producteur, qui n’était jamais venu. Une deuxième rencontre avait alors été organisée à son domicile.

« La veille au soir, j’ai dit à ma meilleure amie : ‘Il va y avoir une réunion chez moi, dimanche, avec un producteur de films hollywoodien connu et il est important pour moi que tu sois à côté de moi à cette occasion’, » s’est souvenue l’ancienne otage.

Deux heures après l’heure qui avait été convenue, le coach était arrivé seul. Il avait demandé à l’amie de Schem, Abie, de quitter l’appartement dans la mesure où la rencontre était particulièrement importante, a fait savoir la chaîne.

« À partir du moment où il est arrivé, je ne me souviens plus de rien », a expliqué Schem.

Abie a confié à N12 qu’elle n’avait pas pensé que quelque chose n’allait pas après qu’il lui a été demandé de partir, ajoutant que quand elle était revenue, « Mia n’était déjà plus elle-même ».

« Je ne me souviens même pas de la manière dont j’ai ouvert la porte [à Abie] », a dit Schem. « La seule chose dont je me souviens, c’est que j’étais assise devant [l’entraîneur]. Je me sens très confuse ».

Mia Schem avec sa famille après sa libération par le Hamas, à l’hôpital Sheba, le 1er décembre 2023. (Autorisation)

Le lendemain, elle avait envoyé un SMS à son coach pour lui demander si tout s’était bien passé pendant la réunion, et le suspect avait répondu par l’affirmative, a indiqué N12.

Dans son reportage, la chaîne a diffusé les images tournées par les caméras de sécurité du bâtiment, qui montrent l’arrivée du coach vers 16 heures et celle d’un autre homme – qui n’est pas le producteur hollywoodien – à 18 h 30. Le second homme, dont l’identité reste indéterminée mais qui résiderait aux États-Unis, avait quitté l’immeuble par la porte arrière une heure plus tard, le coach partant encore 20 minutes après.

La famille de Schem, de son côté, avait remarqué qu’elle se comportait différemment après l’incident. « Mon frère aîné m’a dit : ‘Mais qu’est-ce que tu as ? Qu’est-ce qui t’es arrivé ?’. »

Il m’a dit : « Tu ressembles à celle que tu étais après ta captivité’, » s’est souvenue Schem. « J’avais l’air complètement vidée et je n’arrêtais pas de pleurer. Je ne comprenais pas pourquoi je pleurais et je n’arrivais pas à faire la part des choses ».

L’ancienne otage a expliqué qu’elle avait ensuite commencé à se rappeler petit à petit de certains détails – notamment du fait que le coach était entré dans son dressing alors qu’elle s’habillait. « Un autre flash que j’ai, c’est que je ne suis pas complètement habillée et que je vois qu’il y a une autre personne à la maison, mais je ne sais pas comment j’ai pu aller d’une pièce à l’autre ».

Schem avait parlé à un de ses amis, un ancien toxicomane, qui lui avait dit qu’elle avait probablement été droguée. Elle s’était ensuite soumise à des examens médicaux qui avaient confirmé qu’elle avait été victime d’un viol.

« C’était ma plus grande peur et je comprends tout à coup, dans la situation actuelle, que je suis dans l’incapacité de me redresser. Je n’arrive pas à m’en remettre », a souligné Schem devant les caméras.

Le suspect avait initialement déclaré aux enquêteurs qu’il n’était jamais entré dans la chambre de la jeune femme – c’est là qu’aurait eu lieu le viol, dit la victime présumée – tout au cours de la soirée.

Toutefois, lors d’un contre-interrogatoire qui avait eu lieu au début du mois d’avril, il avait semblé avoir changé de version et il avait indiqué qu’il était entré dans la chambre de Schem pendant qu’elle se changeait parce qu’il voulait vérifier l’adresse de l’appartement où il se trouvait pour l’envoyer à la troisième personne qui devait les rejoindre cette nuit-là.

Mais selon Schem, a annoncé Ynet, le coach avait déjà son adresse, étant donné qu’il était venu jusqu’à l’appartement grâce au SMS qu’elle lui avait envoyé.

« La dernière chose que je voulais, c’était une saga comme celle-ci », a dit Schem au journaliste de N12. « J’ai besoin de calme pour faire le point sur ma vie. Je n’ai pas encore commencé à réaliser tout ce que j’ai vécu pendant ma captivité ».

« En captivité dans les tunnels du Hamas, sans un bras fonctionnel, j’avais de l’espoir. Mais maintenant, tout d’un coup, je suis dans l’obscurité », a-t-elle affirmé.

Alors que la journaliste lui demandait si elle avait encore la force d’aller de l’avant, Schem a répondu : « Je n’ai pas le choix. C’est probablement ma nature. Mais j’ai probablement aussi une raison d’être dans ce monde. Et il y a 59 autres otages. Je n’oublie pas un instant qu’il y a encore des otages à Gaza. C’est plus important que tout le reste ».