Des diplômés d’une académie d’élite de Tsahal co-signent l’appel à terminer la guerre

Des diplômés du prestigieux programme Talpiyot de l’armée israélienne ont ajouté ce lundi leur voix aux appels de plus en plus nombreux en faveur du retour immédiat des otages israéliens, même si cela nécessite l’arrêt de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza.

Dans une lettre récemment publiée, des diplômés de Talpiyot ont exprimé leur soutien à la récente manifestation des réservistes de l’armée de l’air et ont dénoncé la politique de guerre du gouvernement, affirmant qu’elle sert des « intérêts politiques et personnels » plutôt que des besoins de sécurité.

« La poursuite de la guerre ne contribue à aucun de ses objectifs déclarés », peut-on lire dans la lettre, qui prévient que cela ne fera qu’entraîner davantage de morts, y compris parmi les otages, les soldats de l’armée israélienne et les civils innocents, et que cela entraînera l’érosion des réservistes israéliens. Les signataires exhortent le peuple à exiger des mesures et à condamner les efforts visant à réduire au silence les voix dissidentes.

Ce n’est pas la première fois que des diplômés de Talpiyot prennent position publiquement. En juillet 2023, ils étaient plusieurs centaines à avoir signé une lettre refusant le service volontaire dans la réserve pour protester contre le projet de refonte judiciaire du gouvernement.

Talpiyot est un programme d’entraînement d’élite de l’armée israélienne destiné aux soldats ayant fait preuve d’excellence académique dans le domaine des sciences. Les soldats poursuivent des études universitaires en physique, en mathématiques ou en informatique tout en servant dans l’armée.

Dimanche, un groupe de plus de 250 anciens membres de l’agence de renseignement du Mossad a apporté son soutien à la lettre signée par d’anciens combattants de l’armée de l’air israélienne, qui appelle le gouvernement à accorder la priorité au retour des otages détenus par le Hamas à Gaza, même si cela implique de mettre fin à la guerre contre le groupe terroriste palestinien.

L’ancien chef du Mossad, Tamir Pardo, s’adressant à un rassemblement contre la décision du Premier ministre Benjamin Netanyahu de licencier le chef du Shin Bet, Ronen Bar, sur la Place Habima, à Tel Aviv, le 18 mars 2025. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Parmi les signataires de cette lettre, qui fait suite à l’initiative de David Meidan, ancien négociateur en chef lors d’opérations de prise d’otage, figurent notamment Danny Yatom, Efraïm Halevy et Tamir Pardo, anciens chefs des agences de sécurité.

« Nous pensons que la poursuite des combats met en danger la vie des otages et de nos soldats, et que toutes les options pour parvenir à un accord qui mettra fin à leurs souffrances doivent être épuisées », indique la lettre.

« Nous appelons le gouvernement à prendre des décisions courageuses et à agir de manière responsable pour assurer la sécurité du pays et de ses citoyens. »

D’anciens chefs et employés du Mossad ont exprimé leur « soutien total » à la lettre, affirmant qu’elle traduit leur « profonde inquiétude pour l’avenir du pays ».

« Chaque jour qui passe met leur vie en danger, chaque moment d’hésitation supplémentaire est une honte », poursuit la lettre.

Un groupe d’environ 200 médecins réservistes a signé une lettre similaire dimanche. À l’instar des déclarations des anciens agents du Mossad et des vétérans de l’armée de l’air, elle ne contenait pas d’appel à l’arrêt du service de réserve en signe de protestation contre l’impasse des négociations sur la libération des otages.

Plusieurs autres déclarations de soutien ont suivi la lettre des pilotes, ce qui a contraint Tsahal à congédier les signataires encore en service actif au motif qu’ils utilisaient la « marque de l’armée de l’air israélienne » dans le cadre d’une protestation politique.

« La poursuite de la guerre ne fait progresser aucun des objectifs déclarés de celle-ci et entraînera la mort des otages, des soldats de l’armée israélienne et de civils innocents », pouvait-on lire dans la lettre originale de l’armée de l’air, qui a été publiée sous forme d’annonce publicitaire dans plusieurs journaux israéliens.

Retired Air Force members have published a letter calling for the return of all hostages, even at the cost of ending the war.

The letter expresses distrust in the considerations of the Chief of Staff and the Air Force Commander because it states that the war is pointless. The… pic.twitter.com/Y3O9gelVVK

— Amit Segal (@AmitSegal) April 10, 2025

« Comme cela a été prouvé par le passé, seul un accord [avec le groupe terroriste du Hamas] peut permettre de faire libérer les otages sains et saufs, alors que la pression militaire conduit principalement à leur assassinat et à la mise en danger de nos soldats », est-il ajouté.

« Nous appelons tous les citoyens d’Israël à se mobiliser pour agir. »

La lettre n’appelle pas à un refus général de servir, contrairement à ce qui avait été précédemment rapporté.

Après que l’armée a décidé de licencier tous les réservistes de l’armée de l’air en activité qui ont signé la lettre la semaine dernière, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a exprimé son soutien à cette décision dans une déclaration, dans laquelle il a faussement affirmé qu’ils avaient refusé de servir.

« Le refus de servir est un refus de servir, même s’il n’est qu’évoqué en termes édulcorés », a-t-il déclaré.

« Les déclarations qui affaiblissent Tsahal et renforcent nos ennemis en temps de guerre sont impardonnables. »

Cette lettre comptait environ 1 000 signatures, mais l’armée a déclaré que seuls 60 des signataires étaient des réservistes actifs. Parmi ces 60 signataires, seule une poignée était des pilotes compétents, tandis que les autres occupaient des fonctions au quartier général, selon une enquête menée par Tsahal auprès des signataires.

Netanyahu a qualifié ces signataires de « groupe d’extrémistes marginaux qui tentent une fois de plus de briser la société israélienne de l’intérieur. Ils ont déjà tenté de le faire avant le 7 octobre et le Hamas avait interprété les appels au refus comme une faiblesse ».

Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir (à gauche), et le chef de l’armée de l’air, le major-général Tomer Bar, sur la base aérienne de Nevatim, dans le sud d’Israël, le 11 mars 2025. (Crédit : Armée israélienne)

Au milieu des manifestations de masse contre la refonte du système judiciaire initiée par le gouvernement en 2023, plusieurs groupes de réservistes, y compris au sein de l’armée de l’air, avaient déclaré qu’ils refuseraient de servir sous un régime qu’ils ne considéraient plus comme démocratique. Toutefois, Tsahal a déclaré que le Hamas avait planifié son pogrom au moins un an avant.

Netanyahu a accusé les signataires « d’agir dans un seul but : faire tomber le gouvernement. Ils ne représentent ni les soldats ni le peuple ».

Selon un reportage de Ynet, plus de 1 600 anciens parachutistes et soldats du Corps d’Infanterie de l’armée israélienne ont signé une lettre dans laquelle ils demandent au gouvernement de conclure un accord pour obtenir la libération des otages, même si cela signifie mettre fin à la guerre contre le groupe terroriste palestinien Hamas.

« Nous, combattants et commandants des unités de parachutistes et d’infanterie, dont le drapeau porte l’inscription : ‘Nous ne laissons pas de blessés sur le champ de bataille’, appelons au retour des otages, même si cela signifie mettre fin aux combats. C’est un appel à sauver des vies. »

Ce dernier appel s’ajoute à une vague croissante de pression publique pour mettre fin à la guerre en cours, à la suite de lettres similaires de médecins réservistes de Tsahal, d’anciens membres de l’unité d’élite 8 200 du Corps de Collecte de Renseignements, d’anciens membres de l’agence de renseignement du Mossad, de réservistes de la marine et de réservistes de l’armée de l’air.

L’armée a récemment démis de leurs fonctions au moins deux officiers réservistes pour avoir refusé de servir, dont le pilote de chasse Alon Gur. Ce dernier a déclaré avoir dit à ses supérieurs « qu’une ligne a été franchie » et que le gouvernement « abandonne à nouveau ses citoyens ouvertement ».

Selon certaines informations, ces incidents ont été considérés par Tsahal comme des cas isolés, mais un certain nombre de hauts responsables militaires s’inquiéteraient de la possibilité d’une généralisation de ce refus de servir parmi les réservistes.

Au plus fort des manifestations de 2023 contre la refonte du système judiciaire, des centaines de réservistes avaient signé des déclarations dans lesquelles ils s’engageaient à ne plus se présenter à l’armée pour protester contre les projets du gouvernement visant à entraver le pouvoir judiciaire.

Cependant, lorsque la guerre a éclaté à Gaza à la suite des attaques et massacres du 7 octobre 2023 perpétrés par le Hamas, près de 300 000 réservistes se sont présentés au service, marquant ainsi le plus grand appel de réservistes de l’histoire d’Israël.