10 000 réservistes supplémentaires annoncent la fin de leur service volontaire
Quelque 500 réservistes actifs du Directorat des Renseignements, qui demandent "l’arrêt immédiat des agissements dictatoriaux", annoncent la fin de leur service volontaire
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Quelque 10 000 réservistes de Tsahal vont suspendre leur service de réserve volontaire pour protester contre les plans du gouvernement visant à réformer le système judiciaire, a annoncé samedi soir un important groupe de protestation.
Lors d’une conférence de presse à Herzliya, les dirigeants du groupe Frères d’armes ont annoncé cette décision, la dernière en date à avoir provoqué une onde de choc au sein de Tsahal, qui s’efforce d’endiguer un flot croissant de réservistes qui abandonnent leur service volontaire pour protester contre la refonte, alors que les responsables de la Défense avertissent que le phénomène pourrait affecter l’état de préparation du pays.
« Nous avons tout essayé, c’est là que nous nous arrêtons. Nous nous sommes engagés à servir le royaume et non le roi. Nous sommes déterminés, nous sommes des combattants, nous aimons ce pays et nous ne l’abandonnerons pas », a déclaré Eyal Nave, l’un des dirigeants de Frères d’armes.
Il a précisé que le groupe représente environ 10 000 réservistes de dizaines d’unités différentes qui mettraient fin à leur service volontaire si le gouvernement continuait à faire avancer la législation largement controversée.
Le capitaine (réserviste) Nevo Erez, ancien commandant du commando naval d’élite Shayetet 13 et ancien haut responsable de l’agence de renseignement du Mossad, a déclaré lors de la conférence qu’il ne serait pas en mesure de servir dans ce qu’il a qualifié de « dictature ».
« C’est vous et vous seul qui êtes responsable de ce qui se passe ici. Nous avions confiance dans le gouvernement, mais le gouvernement nous a brisés. Je ne me porterai pas volontaire pour servir dans un État dictatorial », a-t-il déclaré en s’adressant directement au Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Plus tôt dans la journée de samedi, près de 500 réservistes actifs du Directorat des Renseignements militaires ont publié une lettre annonçant qu’ils suspendaient eux aussi leur service volontaire en signe de protestation contre le remaniement.
Dans leur lettre, les réservistes des services de renseignements militaires ont appelé le gouvernement à « cesser immédiatement les mesures dictatoriales qui violent le contrat entre le gouvernement d’Israël et ses citoyens ».
« Bien que nous ayons appelé à de nombreuses reprises à des négociations et à des accords généraux sur les questions en jeu, malheureusement, non seulement les négociations à la résidence présidentielle ne se sont pas bien déroulées, mais le gouvernement continue à faire avancer son coup d’État avec encore plus de force », peut-on lire dans la lettre.
Les réservistes ont déclaré qu’ils informaient leurs commandants « avec une grande tristesse, que nous suspendons notre volontariat pour le service de réserve jusqu’à nouvel ordre ».
La lettre, adressée au chef du Directorat des Renseignements militaires, le général de division Aharon Haliva, est signée par 904 réservistes, dont 487 qui servent régulièrement.
Vendredi, plus d’un millier de réservistes de l’armée de l’air israélienne ont publié une lettre annonçant qu’ils suspendaient leur service de réserve volontaire pour protester contre la réforme judiciaire. Samedi soir, le nombre de signataires de la lettre s’élevait à 1 192, dont plus de 400 pilotes.
Les manifestations contre la réforme judiciaire affectent l’armée depuis maintenant des mois et les menaces s’intensifient alors que le gouvernement propose un projet de loi interdisant aux juges d’utiliser la notion juridique dit du « caractère raisonnable » pour les décisions gouvernementales et ministérielles, dans le cadre du plan controversé de la coalition visant à remanier le système judiciaire.
Les menaces ont simultanément renforcé la pression sur le gouvernement pour qu’il mette fin à la législation controversée, tout en renforçant la détermination de la coalition, les membres du gouvernement de Netanyahu affirmant qu’ils ne peuvent en aucun cas capituler devant ce qu’ils considèrent comme étant un chantage de la part de membres de l’armée, ce qui, selon eux, pourrait créer un dangereux précédent.
Plus tôt dans la journée de samedi, des dizaines d’anciens hauts responsables des services de sécurité – y compris d’anciens chefs de Tsahal, de l’agence de renseignement du Mossad et de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet – ont envoyé une lettre à Netanyahu lui demandant d’interrompre la législation sur la refonte du système judiciaire afin de permettre la reprise des négociations, tout en exprimant leur soutien aux réservistes qui ont menacé de cesser de se porter volontaires en signe de protestation.
Entre-temps, les responsables de la Défense et les politiciens des deux bords ont averti que les refus massifs pourraient rendre Israël plus vulnérable aux menaces extérieures, car l’état de préparation de l’armée, en particulier de l’armée de l’air, s’en trouverait affecté.
Les réservistes, en particulier les membres de l’armée de l’air, sont un élément clé des activités de routine de l’armée. Les responsables de la Défense ont déclaré que les pilotes pourraient nuire à leurs compétences en interrompant leurs fréquents exercices d’entraînement, et qu’il faudrait beaucoup de temps pour rétablir leurs capacités de vol.
Lors du désengagement israélien de la Bande de Gaza en 2005, l’armée avait anticipé une importante vague d’insubordination de la part des membres de l’armée permanente, bien que peu d’entre eux aient finalement refusé d’exécuter les ordres d’évacuation.
L’armée a déclaré qu’elle prendrait des mesures disciplinaires à l’encontre des soldats en service actif qui refuseraient de se présenter au travail lorsqu’ils en recevraient l’ordre, voire qu’elle les licencierait, mais elle a souligné qu’aucune mesure ne serait prise à l’encontre des réservistes qui menaceraient simplement de ne pas se présenter au travail.
Les mesures prises à l’encontre des réservistes qui ne se présentent pas à leur poste ne sont pas claires. Tsahal a déclaré qu’elle traiterait chaque cas individuellement, y compris la suspension, le licenciement ou les peines de prison.
Tal Schneider a contribué à cet article.