Des « Femmes juives avec Kamala », dont Barbra Streisand, à un zoom

« Trop souvent, le mot 'rebelle' est utilisé pour stigmatiser des femmes qui défient l'autorité. Mais sans ce défi, pas de changement," a déclaré la chanteuse

Par Jackie Hajdenberg 18 août 2024, 13:45 1 Edit

Barbra Streisand s'exprime à l'occasion de l'événement, via Zoom, Jewish Women for Kamala Harris [NDLT : Femmes juives avec Kamala Harris], le 15 août 2024. (Capture d'écran YouTube via la JTA)

JTA — Susie Essman, la star de « Curb Your Enthusiasm » qui s’est fait connaitre grâce à la vulgarité de ses dialogues, a eu ce message à l’attention des 30 000 participantes à l’événement Zoom organisée pour les femmes juives, jeudi soir : Inspirez-vous du rire de Kamala Harris.

« Oui, Kamala rit », a déclaré Essman. En utilisant l’expression yiddish qui renvoie plus ou moins au concept d' »aigreur », elle a ajouté : « Ce n’est pas une farbissina punim. C’est une femme pleine de vie et d’humanité. »

Essman est l’une des nombreuses célébrités à avoir pris part à « Jewish Women for Kamala [NDLT : Femmes juives pour Kamala] », dernière réunion virtuelle en date en soutien à la candidate Démocrate à la présidentielle, après « Jewish Americans for Kamala Harris », organisé ce mois-ci avec des intervenants communs aux deux réunions.

Ces deux événements sont le fait du Jewish Democratic Council of America [NDLT : Conseil démocratique juif d’Amérique].

Cette réunion s’est tenue le soir même du discours de l’adversaire de Harris, l’ex-président Donald Trump, consacré à l’antisémitisme. Lors de ce discours, il a reproché à sa rivale de ne pas suffisamment soutenir Israël.

Bien au contraire, les femmes qui ont pris la parole à la réunion pro-Harris se sont extasiées sur le bilan de la vice-présidente dans le champ des questions juives et ont rappelé son action en faveur des droits reproductifs, d’Israël et de la lutte contre l’antisémitisme. Selon les organisateurs de la réunion, la salle Zoom n’a cessé de se remplir après le début de l’événement pour atteindre 32 000 participants.

La tête d’affiche en a assurément été Barbra Streisand qui, évoquant la tradition juive, a invité les participantes à être des « rebelles ».

« Chaque année au moment du seder de Pessah, nous aimons parler non seulement des hauts faits des hommes juifs mais aussi de ceux des femmes juives, de ces femmes rebelles comme l’étaient Esther ou Miriam », a déclaré la chanteuse et actrice lauréate d’un Emmy, d’un Grammy, d’un Oscar et d’un Tony.

« Trop souvent, le mot ‘rebelle’ est utilisé pour stigmatiser des femmes qui défient l’autorité. Mais sans ce défi, pas de changement. A nous de trouver notre côté rebelle pour défendre avec acharnement notre pays. »

Susie Essman dans le rôle de Susie Green dans « Curb Your Enthusiasm ». (Crédit : John P. Johnson/HBO/ via JTA)

Ont également pris part à l’événement la militante des droits de l’homme Mandana Dayani, l’actrice et militante pour l’égalité salariale Emmy Rossum, la Représentante de Floride Debbie Wasserman Schultz et la Sénatrice du Nevada, Jacky Rosen. La comédienne de stand-up Judy Gold et la créatrice de « Suffs », Shaina Taub, avaient enregistré des messages vidéo : Shaina Taub a chanté le titre « Keep Marching » tiré de sa comédie musicale.

Les présentatrices ont également évoqué l’action de l’administration Biden-Harris sur la question des négociations pour les otages de Gaza et la militante Alana Zeitchik, dont six proches ont été kidnappés par le Hamas le 7 octobre, a dit quelques mots.

La directrice générale du Conseil national des femmes juives, qui s’est exprimée à titre personnel en sa qualité de chef religieuse et militante des droits des femmes, a essentiellement parlé des droits reproductifs, et notamment de l’accès à la contraception, à l’avortement et à la fécondation in vitro, suite de la décision de 2022 de la Cour suprême qui a fait voler en éclats les garanties fédérales en matière d’avortement.

Les militants juifs sont à l’avant-garde des actions destinées à empêcher ou annuler, le cas échéant, les restrictions imposées à l’avortement dans certains États.

Sheila Katz, PDG du Conseil national des femmes juives, s’exprime lors d’un rassemblement sur le droit à l’avortement devant la Cour suprême des États-Unis en décembre 2021. (Avec l’aimable autorisation de Danya Ruttenberg via la JTA)

Katz a fait allusion à la section de la Torah de cette semaine, l’une des deux qui comprend les Dix Commandements, pour dire qu’elle nous rappelait le « monde juste que nous devions construire ». Elle a expliqué que Harris « défendait notre vision d’un monde dans lequel nos droits n’étaient pas négociables, notre dignité défendue et nos voix et nos corps, pleinement valorisés ».

Plusieurs femmes présentes à cette réunion, à commencer par Dayani et Rossum, qui ont partagé le même écran, ont expliqué avoir eu des enfants grâce à des FIV, ce que les restrictions à l’avortement dans certains États remettaient clairement en cause.

Le dernier mot a été laissé à une rabbin conservatrice, Julie Schonfeld, par ailleurs toute première femme à diriger une association rabbinique.

Tout comme Essman, elle a parlé de la joie que lui évoque la candidature Harris-Walz.

« La déclaration d’indépendance des États-Unis parle de droits et notamment du droit à chercher le bonheur », a déclaré Schonfeld.

« La Bible hébraïque parle, elle, d’obligations. Et elle dit : « ivdu ete Hashem b’sim’ha » – nous avons l’obligation de servir dans la joie. »