Israël en guerre - Jour 568

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Des milliers d’Israéliens manifestent sous la pluie contre le limogeage du chef du Shin Bet

La police a brisé les vitres des voitures occupées bloquant l'entrée du bureau du Premier ministre ; un ancien ministre du Likud accuse Netanyahu de "détruire" la société israélienne

Des manifestants devant le bureau du Premier ministre alors que le cabinet se réunit sur la décision du Premier ministre Benjamin Netanyahu de renvoyer le chef du Shin Bet Ronen Bar à Jérusalem, le 20 mars 2025. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)
Des manifestants devant le bureau du Premier ministre alors que le cabinet se réunit sur la décision du Premier ministre Benjamin Netanyahu de renvoyer le chef du Shin Bet Ronen Bar à Jérusalem, le 20 mars 2025. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Des milliers de personnes ont manifesté jeudi soir devant le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu alors que le cabinet se réunissait pour voter le limogeage du chef du Shin Bet, Ronen Bar.

Sous une pluie battante, les manifestants ont formé une mer de parapluies. Ils ont marché de la résidence de Netanyahu jusqu’à son bureau tout proche, en scandant « Nous n’abandonnerons jamais », concluant ainsi une journée de protestations marquée par des affrontements avec la police, qui a, dans certains cas, eu recours à des canons à eau.

Des manifestants ont protesté en bloquant l’entrée du bureau du Premier ministre avec leurs voitures avant la réunion du cabinet. Des images montrent des policiers brisant les vitres des voitures alors que les passagers se trouvaient à l’intérieur afin de dégager les véhicules.

Un responsable de la police a expliqué au site d’information Ynet que « c’est un moyen permettant d’ouvrir un véhicule pour pouvoir le remorquer ».

Les grandes manifestations lancées mercredi ont eu lieu en réaction aux préparatifs du gouvernement visant à révoquer Ronen Bar, ainsi que la procureure générale Gali Baharav-Miara, deux hauts responsables dans la ligne de mire de Netanyahu et de sa coalition de droite depuis plusieurs mois.

Le cabinet s’est réuni jeudi soir pour approuver le renvoi de Bar, et des sources indiquent qu’il pourrait tenter de limoger Baharav-Miara dès la semaine prochaine.

Les manifestants ont également exprimé leur opposition aux efforts du gouvernement visant à relancer un projet de loi très controversé qui renforcerait le pouvoir politique sur le système judiciaire. Ils ont aussi dénoncé l’échec des négociations sur un cessez-le-feu et la libération des otages détenus à Gaza, qui rend l’issue incertaine pour les captifs israéliens.

Prenant la parole lors de la manifestation de jeudi soir, l’ancien ministre du Likud, Dan Meridor, a qualifié Netanyahu de danger pour la démocratie.

« Je suis convaincu que lorsque [l’ancien Premier ministre] Yitzhak Shamir a qualifié Netanyahu ‘d’ange de la destruction’, il n’imaginait pas l’ampleur des ravages qu’il infligerait à la société israélienne », a déclaré Meridor.

« Le genre de destruction qu’il cherche à infliger au pays s’est déjà produit en Turquie et en Hongrie, et à présent elle est en train de se produire en Israël. Notre démocratie est en danger », a déclaré Meridor, ancien ministre de la Justice.

Le chef du parti démocrate, Yair Golan, qui avait été violemment projeté au sol par un policier plus tôt dans la journée lors d’une manifestation, a appelé à de nouvelles élections. Il a promis de « ne jamais se soumettre aux nationalistes extrémistes ».

« Nous jetterons ce gouvernement dans les poubelles de l’histoire », a-t-il déclaré, exprimant son espoir de voir Israël devenir un “État démocratique juste et égalitaire, un État dans lequel nos enfants et nos petits-enfants voudront vivre”.

Des manifestants à l’extérieur d’une réunion du cabinet où les ministres devaient discuter du limogeage du chef du Shin Bet, Ronen Bar, à Jérusalem, le 20 mars 2025. (Crédit : Barak Dror/Mouvement de protestation pro-démocratie)

L’un des prédécesseurs de Bar, Carmi Gillon, a déclaré lors de la manifestation que Netanyahu avait le « caractère et l’âme d’un criminel, et par conséquent toute sa façon de penser est criminelle ».

« Le gouvernement Netanyahu est un gouvernement de criminels. Qu’importe à Netanyahu que l’économie s’effondre ? Ce soir, il sacrifie le Shin Bet sur l’autel de sa propre survie. Il sacrifiera aussi la procureure générale », a ajouté Gillon.

« Il se pourrait que ce soit l’une des dernières manifestations dans l’État démocratique d’Israël. C’est une guerre de survie. »

Les manifestants redoutent que le Premier ministre tente de remplacer Bar par un de ses fidèles, prêt à enterrer l’enquête en cours du Shin Bet sur les liens entre des membres de son cabinet et le Qatar, et à consolider, voire politiser davantage, le contrôle du gouvernement sur les services de sécurité du pays.

Adoptant une rhétorique empruntée à celle de l’ancien président américain Donald Trump, Netanyahu a affirmé mercredi que « l’État profond gauchiste d’Israël utilise le système judiciaire pour contrecarrer la volonté du peuple » et entraver l’action de son gouvernement.

Bar n’a pas assisté à la réunion du cabinet de jeudi, bien qu’il y ait été convié. Il a toutefois adressé une réponse écrite au cabinet, dans laquelle il conteste la légalité de son renvoi et annonce son intention de la contester par voie judiciaire.

Mercredi, au moins douze manifestants ont été arrêtés lors d’un rassemblement devant le domicile de Netanyahu, à l’issue d’une journée marquée par d’importantes mobilisations. La police a affronté des manifestants qui tentaient de franchir les barrières de sécurité et de bloquer les routes.

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