Jérusalem: Manifestations sur fond de limogeage de Ronen Bar et de reprise de la guerre

Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé à Jérusalem, mercredi matin, dans une nouvelle explosion de colère contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et contre son gouvernement. Ils ont fait part de leur désaccord avec la volonté de la coalition de destituer les principaux chefs de la sécurité et de la justice et de faire voter un projet de loi très controversé destiné à accroître l’influence des politiques sur l’autorité judiciaire, sur fond de fin du cessez-le-feu à Gaza.

Ces manifestations de grande ampleur se sont tenues au moment où le gouvernement tente d’évincer le chef du Shin Bet, Ronen Bar, et la procureure générale, Gali Baharav-Miara, deux hauts personnages qui se sont attirés les foudres de Netanyahu et de sa coalition de droite, ces derniers mois.

L’indignation suscitée par la tentative de limogeage de ces deux personnalités de premier plan, associée à la reprise des combats à Gaza qui fait courir un risque supplémentaire aux derniers otages, a semblé redonner un nouveau souffle aux manifestations contre le gouvernement.

Dans la matinée, la police a bloqué la principale autoroute menant à la capitale alors que des manifestants brandissant des drapeaux israéliens et des banderoles jaunes partaient de Motza, dans la banlieue ouest de Jérusalem.

« Il est temps de mettre fin à cette folie avant que nous n’ayons plus personne à sauver, avant que nous n’ayons plus de pays », a déclaré devant la foule la leader de la manifestation, Shikma Bressler, avant d’entrer dans la ville.

Les manifestants se sont rassemblés devant la Knesset aux alentours de midi avant de se rendre au domicile de Netanyahu, rue Azza, dans le quartier de Rehavia, à Jérusalem.

Les militants en première ligne de la marche tenaient une grande banderole sur laquelle était écrit : « On en a marre de ce gouvernement destructeur ». La foule a descendu le boulevard Ben Zvi, que la police avait lui aussi fermé à la circulation.

Des centaines d’autres personnes, plus loin sur la route, se sont assises sur les trottoirs, scandant des slogans appelant à un accord susceptible d’ouvrir la porte à la remise en liberté des derniers otages de Gaza et en soutien aux personnalités que le gouvernement souhaite limoger.

מאמצי הפריצה נמשכים pic.twitter.com/NaK6NJQtkC

— نير حسون Nir Hasson ניר חסון (@nirhasson) March 19, 2025

« C’est arrivé à Ron Arad, cela pourrait nous arriver à tous », ont crié les protestataires, faisant référence à un officier de l’armée de l’air israélienne qui avait longtemps été présumé mort après sa capture au Liban en 1986, et à sa disparition ultérieure.

Nombre de manifestants brandissaient des pancartes avec des slogans demandant la fin de la guerre, une poignée d’entre eux portant des pancartes invitant les réservistes à refuser de servir dans l’armée, en signe de défi contre le gouvernement de Netanyahu.

Lors d’un discours prononcé devant la résidence privée de Netanyahu, le leader de la protestation, Moshe Radman, a comparé l’actuel gouvernement au dirigeant nazi Adolf Hitler et à d’autres ennemis acharnés du peuple juif.

« Nous avons survécu à Haman, nous avons survécu à Pharaon, nous avons survécu au mandat britannique, nous avons survécu à Hitler… Nous survivrons à ça aussi », a-t-il déclaré dans un mégaphone sous les applaudissements de la foule.

Selon le site d’information Ynet, Radman a tempéré ses propos et il a ajouté : « Nous ne souhaitons aucun mal à Netanyahu, nous voulons seulement qu’il ne soit plus au gouvernement et qu’il passe le reste de ses jours en prison. »

En haut de la rue, près de la résidence officielle de Netanyahu, des manifestants silencieux se sont assis au beau milieu de la place de Paris, qu’ils ont bloquée à la circulation.

Dans l’après-midi, la police de Jérusalem a déclaré avoir interpelé quatre personnes, dont un contre-manifestant armé qui avait menacé de blesser des manifestants.

« Au cours de la manifestation, des dizaines de participants ont perturbé l’ordre public », a déclaré le porte-parole des forces de l’ordre, ajoutant que nombre d’entre eux avaient tenté de franchir les barrières de contrôle.

Certains manifestants ont également utilisé leur voiture pour bloquer les rues principales de la capitale sans l’autorisation de la police, ce que le porte-parole a qualifié de « violation flagrante des conditions de manifestation convenues entre les manifestants et la police israélienne ces tout derniers jours ». Il a ajouté que la police allait conduire les véhicules à la fourrière.

Plus tôt dans la journée, le chef de l’opposition, Yair Lapid, avait appelé la population à descendre dans la rue pour manifester, qualifiant le gouvernement de Netanyahu d’« illégitime ».

« Nous descendons dans la rue parce que le gouvernement israélien a perdu toute légitimité », a déclaré Lapid dans un message enregistré. « Nous n’enfreindrons pas la loi, nous continuerons à servir, mais nous tiendrons bon face à un gouvernement qui tente de démanteler le pays tout entier. »