Kamala Harris : En attaquant Israël, Donald Trump « dénigre les Juifs américains »

CHICAGO – JTA – La campagne menée par Kamala Harris a affirmé mercredi que Donald Trump « dénigre constamment les Juifs américains, exalte les néo-nazis et véhicule des clichés antisémites », intensifiant ainsi la guerre des mots entre les deux campagnes présidentielles au sujet des électeurs juifs.

« La vice-présidente Harris et le gouverneur Walz ont fermement dénoncé l’antisémitisme sous toutes ses formes tout au long de leur carrière, et notre campagne sera toujours claire : l’antisémitisme et la haine n’ont leur place ni au sein du parti démocrate ni dans notre pays », a déclaré le porte-parole Charles Lutvak dans un courriel en réponse à une question sur la guerre des mots entre les principaux groupes démocrates et républicains juifs.

« Il y a un candidat dans cette course qui dénigre constamment les Juifs américains, exalte les néo-nazis et véhicule des clichés antisémites, et c’est Donald Trump », a-t-il déclaré. « Et notre campagne unit les électeurs qui rejettent sa rhétorique de haine et qui le battront dans les urnes en novembre. »

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L’accusation portée dans une déclaration mercredi en fin de journée à la Jewish Telegraphic Agency, fait suite à des jours d’échanges de plus en plus vifs entre les affiliés juifs des partis, le Jewish Democratic Council of America (JDCA) et la Republican Jewish Coalition (RCJ).

Elle survient également quelques semaines après que Trump a déclaré que Harris « n’aime pas le peuple juif », et après qu’il a déclaré à maintes reprises que les Juifs démocrates ont besoin de « se faire ausculter la tête ».

Ces déclarations interviennent au cours d’une année houleuse et tumultueuse pour les Juifs américains, au cours de laquelle chaque parti a soutenu que l’autre accueillait des antisémites dans ses rangs.

Le candidat républicain à la présidence et ancien président Donald Trump s’exprimant lors d’une réunion annuelle de leadership de la Republican Jewish Coalition, à Las Vegas, le 28 octobre 2023. (Crédit : John Locher/AP)

Les Démocrates ont mis l’accent sur les contacts que Trump et les Républicains qui lui sont proches ont eus avec des suprémacistes blancs, des antisémites et des négationnistes, illustrés par le dîner de Trump en 2022 avec Nick Fuentes et Kanye West – artiste connu sous le nom de Ye.

Ils soulignent également que Trump a dénigré à plusieurs reprises la grande majorité des Juifs qui votent pour les Démocrates, qu’il a accusés par le passé d’être « déloyaux » et « imbéciles. »

Les Républicains ont souligné la croissance du militantisme anti-Israël chez les Démocrates, y compris un nombre croissant d’entre eux qui appellent à un embargo sur les armes à destination d’Israël. Ils ont noté l’essor de la rhétorique et des actions anti-Israël sur les campus universitaires depuis que le groupe terroriste palestinien du Hamas a déclenché la guerre à Gaza par le pogrom qu’il a perpétré le 7 octobre 2023.

Trump a lancé la semaine dernière une initiative contre l’antisémitisme et a accusé Harris de cultiver le soutien des antisémites au sein des protestations anti-Israël, l’accusant de favoriser une atmosphère qui s’apparente à la période précédant la Shoah.

Le fait que les candidats des grands partis s’accusent mutuellement d’antisémitisme est un fait relativement récent dans les affrontements de plus en plus âpres entre les candidats à la présidence.

Lors de sa campagne de 2020, le président américain Joe Biden avait accusé Trump de favoriser l’antisémitisme à droite, et cette année-là, la JDCA avait produit un spot publicitaire qui comparait l’ascension de Trump à celle des nazis dans l’Allemagne des années 1930.

Trump a exprimé sa perplexité quant aux raisons pour lesquelles les Juifs voteraient pour les Démocrates, qu’il qualifie d’anti-Israël, après s’être montré amical envers Israël en tant que président. Il a accusé Biden et Harris de faiblesse dans la lutte contre l’antisémitisme à gauche.

Trump et ses alliés notent fréquemment que sous son mandat, Trump avait embrassé des politiques en ligne avec le gouvernement de droite d’Israël, et notamment le déplacement de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, la coupure du financement des Palestiniens et la sortie de l’accord sur le nucléaire iranien.

Des manifestants défilant à l’extérieur de la Convention nationale démocrate, à Chicago, le 21 août 2024. (Crédit : Frank Franklin II/AP)

La guerre des mots entre les affiliés juifs des partis s’est intensifiée cette semaine, mardi, lors de la Convention nationale démocrate (DNC), lorsque Halie Soifer, la PDG du JDCA, a accusé la RJC de « soutenir un antisémite », en référence à Trump.

S’adressant à The Forward lors de la convention à Chicago, elle a énuméré une litanie de ce qu’elle a dépeint comme les offenses de Trump, notant les commentaires « têtes auscultées » et accusant Trump de se montrer équivoque dans sa condamnation de l’antisémitisme.

« Disons les choses telles qu’elles sont, c’est un antisémite », a-t-elle déclaré. « La réalité est qu’ils soutiennent un antisémite », a-t-elle dit à propos des Républicains juifs.

La RJC a riposté sur le réseau social X. « Les Démocrates apaisent les antisémites pro-Hamas au détriment d’Israël et de la sécurité de la communauté juive. Une raison majeure pour laquelle ils perdent le soutien des Juifs. »

Soifer, lors d’un événement officiel de la convention sur l’antisémitisme mercredi, est revenu sur ses propos.

« La grande majorité des Juifs américains ne soutiennent pas [Trump], et à quoi cela a-t-il conduit ? », a-t-elle déclaré. « Cela a conduit à un degré clair d’animosité qu’il ressent envers les Juifs américains, ce qui est de l’antisémitisme, et il le dit presque tous les jours, alors je le nomme tel qu’il est : c’est un antisémite. »

S’adressant après coup à la JTA, Soifer a déclaré qu’elle avait été poussée à intensifier sa rhétorique en raison de la fréquence des propos de Trump dénigrant les Juifs démocrates.

« La fréquence démontre le degré d’animosité qu’il a clairement envers des millions d’entre nous, parce que nous ne le soutiendrons jamais », a-t-elle expliqué. « Et il est effrayant d’envisager la perspective que s’il est élu, il sera à la Maison Blanche avec un tel degré d’animosité. »

Trump on Truth Social calls Josh Shapiro a “highly overrated Jewish governor,” and says he (Trump) has done more for Israel “than any person.” pic.twitter.com/XlJnnZ9rEL

— Kyle Cheney (@kyledcheney) August 22, 2024

Invité à réagir, le PDG de la RJC, Matt Brooks, a répondu par SMS, entre guillemets : « Tout Juif qui vote démocrate devrait se faire examiner la tête. »

Trump a intensifié ses attaques contre les Juifs démocrates dans le cadre de la campagne ces dernières semaines. Il a encore attaqué le gouverneur de Pennsylvanie Josh Shapiro, qui a prononcé un discours mercredi soir accusant Trump de saper la démocratie, sur Truth Social, le site de réseau social du candidat républicain. Trump avait précédemment suggéré que Harris n’avait pas choisi Shapiro comme colistier parce qu’il est Juif.

Il a qualifié Shapiro de « gouverneur juif très surestimé » de Pennsylvanie, bien que Shapiro n’ait pas abordé son identité juive ou Israël dans son discours. « Shapiro, pour des raisons politiques, a refusé de reconnaître que je suis le meilleur ami qu’Israël, et le peuple Juif, aient jamais eu. »

« Shapiro n’a rien fait pour Israël, et ne le fera jamais », a-t-il ajouté.

Une nouvelle tactique employée par Trump consiste à qualifier à de nombreuses reprises le sénateur new-yorkais Charles Schumer, chef de la majorité au Sénat et élu juif le plus haut placé dans l’histoire des États-Unis, de « Palestinien » en raison de son soutien à l’administration Biden.

Mardi soir, depuis le Congrès, Schumer a qualifié Trump de « type qui colporte des stéréotypes antisémites ».