La Fondation USC Shoah va collecter 10 000 témoignages sur l’antisémitisme depuis la Shoah

JTA – Pendant des décennies, la Fondation USC Shoah a recueilli des témoignages de survivants de la Shoah, dans le but de préserver les histoires avant qu’elles ne puissent plus être racontées par les témoins. Aujourd’hui, les survivants étant de moins en moins nombreux, l’organisation fondée par Steven Spielberg étend son mandat à la collecte de témoignages de Juifs sur l’antisémitisme dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le centre de recherche sur la Shoah s’associe à l’American Jewish Committee (AJC) pour recueillir 10 000 témoignages, ont annoncé les deux groupes dimanche.

Leur collaboration constituera un élément central de la collection sur l’antisémitisme contemporain de la fondation, qui vise à présenter les différentes manifestations de l’antisémitisme depuis la Shoah.

« Nous devons clairement montrer au monde — et préserver pour l’avenir — ce qu’est l’antisémitisme, ce à quoi il ressemble et le tribut personnel qu’il prélève sur les Juifs du monde entier. L’AJC a vu, de première main, la façon dont l’antisémitisme a évolué et s’est manifesté de différentes manières depuis la fin de la Shoah », a déclaré Ted Deutch, PDG de l’AJC, dans un communiqué de presse.

La USC Shoah Foundation, fondée par Steven Spielberg à la suite du succès de son drame sur le génocide, « La liste de Schindler », abrite la plus grande collection au monde de témoignages de victimes de génocides, y compris de la Shoah. Il abrite plus de 61 000 témoignages.

Au lendemain de l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, la Fondation a déclaré qu’elle recueillerait les témoignages des survivants. Le nouveau partenariat élargit l’entonnoir de nouvelles histoires.

Steven Spielberg lors d’une cérémonie à l’Université sud-Californie à Los Angeles, le 25 mars 2024. (Crédit : USC/Sean Dube)

« Notre partenariat avec l’AJC nous permettra d’atteindre les survivants de la violence antisémite dans le monde entier », a déclaré Robert Williams, directeur général de la USC Shoah Foundation.

« En fait, il s’agit d’une déclaration puissante selon laquelle attirer l’attention du monde sur l’antisémitisme nécessite des partenariats fondés sur un engagement commun à donner une voix aux histoires personnelles de ceux qui ont subi et continuent de subir l’une des formes de haine les plus anciennes et les plus durables de l’humanité. »

L’un des témoignages qui figurera dans la nouvelle collection est celui de Daniel Pomerantz, survivant de l’attentat à la bombe perpétré en 1994 contre le centre juif AMIA à Buenos Aires, qui a fait 85 morts et a été attribué au groupe terroriste pro-Iran libanais Hezbollah.

« Les terroristes [du Hezbollah] ont tué 85 personnes et en ont blessé 300. Il s’agissait de mes amis et de mes collègues. Il s’agissait de Juifs argentins et d’Argentins de toutes origines », a déclaré Pomerantz, qui est aujourd’hui directeur exécutif de l’AMIA, dans un communiqué de presse.

« Trente et un ans plus tard, les responsables de l’orchestration de cette horrible journée, de l’attaque sur mon lieu de travail, du lieu de rassemblement de ma communauté, du meurtre et de la mutilation de dizaines de personnes, n’ont toujours pas été traduits en justice ni tenus pour responsables de leurs crimes », a-t-il ajouté.

Des proches des victimes d’un attentat à la bombe au centre communautaire juif de l’AMIA, qui a tué 85 personnes et en a blessé 300, brandissent des photos lors du 28e anniversaire de la tragédie, à Buenos Aires, en Argentine, le 18 juillet 2022. (Crédit : Luis ROBAYO / AFP)

Un autre témoignage sera celui d’Antoine Haguenauer, qui a été agressé à Paris en février alors qu’il assistait à une commémoration en l’honneur de la famille Bibas, qui a été tuée en captivité par le Hamas.

« J’ai été réprimandé, on m’a dit que je soutenais un génocide. J’ai été menacée — ils m’ont dit qu’ils me suivraient chez moi, qu’ils divulgueraient mon adresse, qu’ils me tueraient, moi et ma famille. J’ai été agressé, j’ai reçu un coup de poing dans la tête par derrière. Lorsque j’ai signalé l’agression à un officier de police, il m’a dit : ‘Vous pourriez porter plainte, mais à quoi bon’ », a déclaré Haguenauer dans un communiqué de presse.

Une fois achevée, la collection constituera la plus grande archive de témoignages de première main sur l’antisémitisme d’après-guerre.

L’antisémitisme et le discours qui l’entoure sont restés au cœur de l’expérience juive. La semaine dernière, l’ADL a publié un rapport indiquant que les incidents antisémites aux États-Unis avaient atteint un nouveau record pour la quatrième année consécutive. Cette tendance est en partie due à ce que l’organisation a déterminé comme étant une augmentation de plus de 80 % des incidents antisémites sur les campus universitaires.