L’aide « minimale » accordée à Gaza ne parviendra pas au Hamas, assure Smotrich

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a déclaré lundi que l’aide destinée à Gaza, maintenant qu’Israël a donné son feu vert à la reprise de l’aide, ne parviendra pas au groupe terroriste palestinien du Hamas. Il a également justifié sa décision de rester au gouvernement alors qu’il avait précédemment menacé de démissionner à cause de cette question.

« Il ne s’agit pas de céder à la pression, mais de faire ce qu’il faut pour continuer à se concentrer principalement sur la destruction du Hamas », a-t-il déclaré lors d’une allocution télévisée, ajoutant « qu’aucune aide ne sera accordée au Hamas, point final ».

Le chef du parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit a souligné qu’il était le ministre qui avait insisté pour mettre fin à l’acheminement de « milliers de camions d’aide humanitaire que le Hamas saisissait [et revendait], et dont il tirait plus d’un milliard de dollars de profits ».

Cependant, si l’arrêt de l’aide pendant deux mois et demi « a exercé une très forte pression sur le Hamas, ce qui est une bonne chose », cette pression « doit être modérée afin qu’elle ne nous explose pas au visage », a expliqué Smotrich, arguant que cela était nécessaire « pour dissiper les mensonges sur la famine ».

Selon les nouvelles dispositions qu’il a exigées, un mécanisme privé alternatif supervisera l’entrée du « minimum nécessaire […] de vivres et de médicaments » destinés à la population de Gaza. Cela permettra de garantir « que le monde ne nous empêche pas d’agir et ne nous accuse pas de crimes de guerre ». Ses déclarations vont à l’encontre de celles des responsables qui ont affirmé que l’aide serait distribuée selon les mécanismes déjà en place jusqu’à ce que le nouveau système soit opérationnel.

Il a salué la nouvelle campagne élargie de l’armée israélienne à Gaza, affirmant que celle-ci opérait désormais « avec une force sans précédent […] non pas avec des raids intermittents, mais en capturant, nettoyant et conservant [des zones] jusqu’à l’éradication du Hamas ».

Un Palestinien se tenant à côté d’un camion transportant des fournitures d’aide de l’UNICEF, à l’extérieur d’un centre commercial à Gaza-Ville, le 12 mai 2025. (Crédit : Omar al-Qattaa/AFP)

« Dans les jours à venir, les boulangeries qui distribuent des pitot à la population et les cuisines publiques qui fournissent une ration quotidienne de nourriture cuisinée recevront un peu plus. Les civils de Gaza recevront une pita et une assiette de nourriture, et c’est tout. »

Il a salué la nouvelle campagne élargie de l’armée israélienne à Gaza, affirmant que celle-ci opérait désormais « avec une force sans précédent… non pas avec des raids intermittents, mais en capturant, nettoyant et conservant [des zones] jusqu’à l’éradication du Hamas ».

« Ce faisant, ils détruisent ce qu’il reste de la bande de Gaza, simplement parce que tout n’y est qu’une immense ville soumise au terrorisme. C’est un changement radical par rapport à ce qui s’est passé jusqu’à présent. Et, si Dieu le veut, cela mènera à la victoire, à la destruction du Hamas et au retour des otages », a-t-il affirmé, ajoutant qu’après avoir été déplacée vers le sud de la bande de Gaza, la population sera ensuite transférée à l’étranger « dans le cadre du plan du président Trump ».

Smotrich a profité de la tribune pour critiquer ses rivaux anonymes qui, selon lui, tentent de le dépasser sur sa droite en divulguant des informations issues des réunions du cabinet et en tenant des propos défavorables à son égard. Il a également dénoncé « les médias et la gauche » qui, selon lui, cherchent « à mettre fin à la guerre, à capituler devant le Hamas et à renverser le gouvernement », reprenant ainsi les propos tenus plus tôt dans la journée par le député Zvi Sokot (HaTzionout HaDatit).

Zvi Sokot, lors d’une réunion du parti HaTzionout HaDatit, à la Knesset, le 23 janvier 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Il aurait été plus profitable politiquement « d’organiser une compétition pour savoir qui est le plus à droite », mais « dès le premier jour de la guerre, j’ai mis toute politique de côté », a affirmé Sokot.

Il s’est exprimé environ 20 minutes après la publication par le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’une vidéo dans laquelle il défend la reprise de l’acheminement de l’aide et explique pourquoi celle-ci est nécessaire pour poursuivre l’offensive militaire. Smotrich a néanmoins appelé le Premier ministre à « prendre ses responsabilités » et à « faire preuve de leadership » en expliquant au public la nécessité de cette aide et à « ne pas laisser les rumeurs, les fuites et les interprétations irresponsables dicter l’agenda et semer la confusion et la peur parmi la population et les soldats ».

Sokot a défendu l’entrée de l’aide dans un message publié sur le réseau social X, rompant avec les autres partisans de la ligne dure qui s’opposent farouchement à cette décision, tout en dénonçant les figures de la coalition qui ont exprimé leur désapprobation.

« Contrairement à ce qui s’est passé pendant la guerre jusqu’à présent, la pression massive exercée par les États-Unis et le monde entier pour permettre l’acheminement de l’aide à Gaza ne se traduira plus par un apport d’oxygène au Hamas. Mais plutôt [prendra la forme] d’une distribution aux particuliers via des entreprises étrangères sécurisées par l’armée israélienne », a-t-il écrit.

« C’est vraiment très différent. »

« Si nous pensions renoncer à la victoire totale dans cette guerre, y compris en ce qui concerne la migration [des Gazaouis hors de la bande de Gaza], nous ne serions pas au gouvernement. La situation est tout autre pour l’instant », a-t-il écrit.

Il a ajouté à l’intention de ses collègues membres de la coalition : « Il est absolument interdit de se joindre aux efforts de la gauche pour semer le désespoir et le découragement, même s’il y a des désaccords en cours de route. »

Sokot a également déclaré au micro de la radio de l’armée que le cabinet avait adopté un plan proposé par Smotrich visant à créer un mécanisme garantissant que l’aide ne parvienne pas au groupe terroriste palestinien du Hamas.

Néanmoins, Michal Woldiger, membre du même parti, n’était pas tout à fait d’accord avec ce plan.

« Autoriser l’acheminement de l’aide à Gaza alors que nos soldats y combattent et que des otages sont détenus, affamés, depuis 600 jours, nuit à la sécurité, porte atteinte à la résilience nationale et envoie un message dangereux de confusion morale », a-t-elle écrit sur X.