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Le procès historique d’Eichmann en Israël joué au théâtre à New York

L'architecte de la Solution finale, Adolf Eichmann, est traduit en justice à Jérusalem en 1961 et jugé coupable de génocide des Juifs, donnant une voix aux survivants de la Shoah

Adolf Eichmann, debout dans son box vitré à l'épreuve des balles, lors de la lecture des charges retenues contre lui au cours d'une procédure judiciaire dans le bâtiment Beit HaAm, à Jérusalem, le 12 avril 1961. (Crédit : Stringer/AP)
Adolf Eichmann, debout dans son box vitré à l'épreuve des balles, lors de la lecture des charges retenues contre lui au cours d'une procédure judiciaire dans le bâtiment Beit HaAm, à Jérusalem, le 12 avril 1961. (Crédit : Stringer/AP)

NEW YORK – La première d’une adaptation théâtrale du procès d’Adolf Eichmann en Israël en 1961 a eu lieu dimanche au Center for Jewish History de New York.

Basé sur les témoignages des victimes et les transcriptions des audiences, « The Trial of Eichmann » est le dernier tour de force du chanteur d’opéra David Serero. Auteur, metteur en scène, producteur et vedette du spectacle, Serero explique qu’il lui a fallu plusieurs années pour réaliser cette production.

« J’ai toujours voulu mettre en scène un procès ou une salle d’audience », a-t-il avoué au Times of Israel. « La scène est la plus grande salle d’audience que l’on puisse trouver », a-t-il ajouté.

La pièce, qui se joue actuellement jusqu’au 25 juillet, est basée sur la capture et le procès par Israël d’Eichmann, reconnu comme l’architecte de la Shoah. Enlevé par des agents du Mossad en Argentine, il a été amené dans l’État juif en 1960. Son procès a été organisé par le Premier ministre de l’époque, David Ben Gurion. L’une des raisons de ce procès était de sensibiliser la population à ce qui s’était passé lors du génocide de six millions de Juifs par l’Allemagne nazie.

Incarnant Gideon Hausner, le procureur israélien chargé de traduire Eichmann en justice, Serero s’est plongé dans les documents relatifs aux huit mois de procès.

Le procès, retransmis à la radio en Israël, a ainsi pu être suivi par des centaines de milliers d’Israéliens. De leur côté, des équipes de journalistes américains rapportaient quotidiennement les images aux États-Unis pour les diffuser à la télévision. Le procès a été couvert de manière mémorable par la philosophe Hannah Arendt, qui a été frappée par la « banalité » d’Eichmann à la barre.

« Nous avons dû concentrer toutes ces informations en une heure et vingt minutes pour que le public puisse voir ce qui s’est passé. Nous exposons les stratégies utilisées dans la salle d’audience, y compris celles du camp d’Eichmann », a expliqué Serero.

Né à Paris dans une famille juive marocaine, Serero avait déjà exploré l’histoire juive avec sa production « Anne Frank : A Musical« , dont la première a eu lieu en 2019. Pour « Eichmann », il a réuni quatre acteurs supplémentaires pour jouer Eichmann et d’autres personnes associées au procès.

Une justice pour l’humanité

Comme l’escomptait Ben Gurion, le procès d’Eichmann s’est étendu au-delà des atrocités ordonnées par l’ancien chef SS en sa qualité de responsable des opérations de la « Solution finale ».

Treize ans après la création de l’État juif, le procès Eichmann a permis aux Israéliens qui n’avaient pas vécu la Shoah de près de découvrir le génocide dans ses détails. C’est la première fois que certains des survivants appelés à témoigner ont pu raconter leur histoire. Sur plus de 100 survivants qui ont témoigné, une douzaine avaient été personnellement confrontés aux exactions d’Eichmann.

David Serero dans le rôle de Gideon Hausner. (Crédit : Autorisation)

« Le procès a vraiment aidé les survivants à s’exprimer », a expliqué David Serero. « Comment guérir une nation brisée ? Vous donnez la parole aux gens », a-t-il ajouté, reprenant une réplique de Hausner dans la pièce.

L’une des stratégies utilisées par l’équipe de défense d’Eichmann était de soutenir qu’Israël n’était pas habilité à juger des crimes commis en dehors du pays et avant son existence. Eichmann s’est obstiné à affirmer qu’il n’était pas coupable parce qu’il n’avait fait que « suivre les ordres » dans un système fondé sur l’adhésion rigide à la hiérarchie.

« Avec cette pièce, nous examinons les profondeurs de la méchanceté humaine et la quête de justice », a déclaré Serero. Israël a marqué un point important en traduisant Eichmann en justice à Jérusalem, a-t-il ajouté.

« Ils auraient pu assassiner Eichmann lorsqu’ils l’ont capturé en Argentine. Mais ils l’ont traduit en justice. Ils ont eu le courage de le faire », a souligné Serero.

« L’architecte » de l’Holocauste, Adolf Eichmann, dans une salle d’audience de Jérusalem, quelques jours avant sa condamnation à mort. (Crédit : Domaine public)

La production se termine par l’interprétation par Serero de l’hymne national israélien, « Hatikva », ou « L’espoir », accompagnée d’images d’Israéliens écoutant le procès en 1961.

« Le procès a rendu justice à l’humanité », a affirmé Serero. « Il a montré que, quel que soit le type de crime que vous commettez, vous en serez tenu pour responsable. Et où que ce soit, la liberté triomphera toujours. »

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