Les familles des soldats tués et captifs fustigent le chef du commandement du Sud de Tsahal

Les familles de soldats enlevés ou tués le 7 octobre 2023, ont dénoncé le chef du commandement du Sud de Tsahal lors d’une récente réunion, le sommant de renoncer à sa pension de retraite pointant sa responsabilité dans les échecs lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas et son incapacité, depuis, à faire avancer la libération des soldats captifs, selon la presse israélienne.

Dans un enregistrement diffusé lundi sur la chaîne N12, on entend les familles du caporal Itay Chen, du sergent-chef Yishai Fitoussi, du sergent-chef Matan Angrest et du sergent-chef Shimon Alroy Ben Shitrit interpeller Finkelman, lui reprochant de ne pas les avoir rencontrées auparavant. L’enregistrement aurait été rendu public avec l’accord des familles.

Selon la chaîne, le chef de la direction du personnel de Tsahal, le général de division Dado Bar Kalifa, ainsi que les colonels chargés de l’enquête sur les événements survenus à la base de Nahal Oz, à la frontière nord de Gaza, étaient également présents. Il s’agissait apparemment de la toute première rencontre entre les familles et ces officiers.

Ben Shitrit, membre du Corps de collecte de renseignements, et Fitoussi, de la brigade d’infanterie Golani, ont été tués lors des combats à Nahal Oz et enterrés en Israël. Chen et Angrest, tous deux issus de la 7ᵉ brigade blindée, avaient été capturés à bord de leur char et emmenés en otages à Gaza, en même temps que leur commandant, le capitaine Daniel Perez. Cinq mois plus tard, Tsahal a annoncé que Perez et Chen, qui possédait la double nationalité américaine et israélienne, avaient été tués dans l’attaque.

D’après une enquête interne publiée par Tsahal la semaine dernière, la base de Nahal Oz était quasiment dépourvue de protection lors de l’assaut du Hamas. Ce jour-là, elle a été prise d’assaut par 215 terroristes. Au total, 53 soldats y ont trouvé la mort : 31 soldats combattants et 22 non-combattants, dont 16 observatrices militaires – les tatzpitaniot. Dix autres soldats ont été enlevés, parmi lesquels sept tatzpitaniot et trois membres d’équipage de chars.

La libération d’Angrest est prévue dans le cadre de la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu à Gaza, qui prévoit la libération par le Hamas de 24 otages encore vivants, tous des jeunes hommes. La dépouille de Chen devrait être restituée au cours de la troisième phase éventuelle de l’accord, qui inclurait la restitution des corps de 35 captifs dont le décès a été confirmé par Tsahal, et parmi eux, le lieutenant Hadar Goldin, tué lors de la guerre de Gaza de 2014, l’opération Bordure protectrice.

Des terroristes du Hamas attaquent la base de Tsahal Oz le 7 octobre 2023, comme on peut le voir sur des images diffusées par le groupe terroriste. (Crédit : Screenshot/Telegram)

Finkelman, entré en fonction trois mois avant l’attaque du Hamas, avait annoncé en janvier son intention de démissionner, reconnaissant sa part de responsabilité dans les défaillances ayant conduit à l’insécurité dans le Néguev occidental. Il n’a toutefois pas précisé de date de départ, indiquant qu’il resterait en poste « aussi longtemps que nécessaire ».

Cette annonce était intervenue peu après celle du chef d’état-major de Tsahal, le général de corps d’armée Herzi Halevi, qui avait lui aussi annoncé sa démission, qui sera effective ce jeudi 6 mars.

Lors de la réunion avec Finkelman, qui aurait eu lieu la semaine dernière, la famille d’Angrest a accusé l’armée d’avoir échoué à obtenir la libération rapide de Matan et des autres soldats captifs.

« Comment se fait-il qu’il soit le dernier sur cette fichue liste ? » a demandé Ofir, le frère d’Angrest. « C’est à vous, l’armée, d’exiger qu’il soit le premier, pas le dernier. Cela n’a aucun sens… Combien de temps vais-je devoir rester brisé comme ça avec mes parents ? »

Anat, la mère d’Angrest, a également interpellé Finkelman, exprimant sa stupéfaction qu’il ne se soit même pas rendu à la Knesset pour faire pression en faveur de la libération des soldats.

« Je n’ai pas entendu un seul responsable militaire exiger que nos otages ne soient pas abandonnés. Vous êtes le commandant direct de mon fils, et l’armée ne se bat même pas pour lui », a-t-elle accusé. « Qu’avez-vous fait aujourd’hui, et que comptez-vous faire après cette réunion pour ramener Matan, Itay et Daniel ensemble à la maison ? »

« C’est une honte que vous n’ayez pas cherché à me rencontrer plus tôt », a-t-elle ajouté.

Finkelman lui a répondu : « C’est une rencontre difficile, mais je vous salue tous. »

Lundi, la famille d’Angrest a publié, pour la première fois, une photo de Matan en captivité, provenant d’une vidéo reçue il y a plusieurs mois. Matan, qui était inconscient et gravement blessé au moment de son enlèvement, y apparaît amaigri.

Une photo de l’otage Matan Angrest, en captivité, publiée par sa famille le 3 mars 2025. (Autorisation)

S’adressant à la famille de Matan Angrest, Finkelman a assuré que « la première mission » de l’armée restait la libération des otages.

« C’est la plus importante parce que la plus urgente », a-t-il déclaré.

Le père de Matan, Hagai, incrédule lui a demandé, « et comment ? comment allez-vous le ramener ? ».

Itzik, le père de Fitoussi, a rappelé que l’abandon de soldats n’était malheureusement pas un phénomène nouveau pour Finkelman, qui commandait le bataillon nord de la brigade de Gaza lors de la guerre de 2014.

« Il y a dix ans, [Finkelman] était à la tête de Bordure protectrice », a déclaré Itzik Fitoussi. « À ce jour, [la dépouille du lieutenant Hadar Goldin] n’a toujours pas été restituée. Pourquoi ramènerait-il nos fils aujourd’hui ? »

Le lieutenant Hadar Goldin, dont la dépouille est détenue à Gaza après avoir été tué lors de combats dans la bande de Gaza le 1er août 2014. (Crédit : Autorisation)

Sous des applaudissements de plusieurs participants, le père de Shimon Alroy Ben Shitrit a demandé à Finkelman s’il n’était pas temps pour lui de « vous rétrograder au rang de simple soldat, de renoncer à votre pension et de rentrer chez vous ? »

Le général a répondu que « lorsque cette affaire sera terminée, nous envisagerons la suite à donner à l’affaire ». Il a admis qu’il y avait eu « une grave erreur d’évaluation sécuritaire à Gaza ».

Ruby, le père d’Itay Chen, a exprimé sa déception à l’issue de la réunion.

« Je m’attendais à ce qu’il y ait une enquête aujourd’hui, avec des représentants du renseignement militaire », a-t-il déclaré dans l’enregistrement diffusé par N12.

Il s’est également étonné de l’absence du général de division Tomer Bar. « Pouvez-vous m’expliquer pourquoi le chef de l’armée de l’air n’a même pas pris part à cette discussion ? »

Ruby Chen tenant une affiche de son fils, Itay Chen, lors d’une manifestation près de la Knesset, à Jérusalem, le 9 mars 2024. (Crédit : Ohad Zwigenberg/AP)

Bar aurait déclaré que l’armée de l’air avait été prise par surprise et n’avait pas été « assez efficace » lors de l’assaut meurtrier du Hamas le 7 octobre 2023.

Les conclusions de l’enquête de Tsahal publiées la semaine dernière ont révélé que l’armée de l’air avait maintenu plusieurs appareils en alerte, conformément aux procédures, voire en nombre légèrement supérieur à l’habitude. Cependant, ces appareils n’étaient pas suffisamment équipés pour répondre à une attaque surprise d’une telle ampleur.

Craignant de frapper des civils, l’armée de l’air s’était abstenue, à de nombreuses reprises, de cibler les milliers de terroristes qui déferlaient sur le sud d’Israël, où ils ont assassiné plus de 1 200 personnes et pris 251 otages qu’ils ont emmenés à Gaza, déclenchant ainsi la guerre en cours.

« Cela fait plus de 510 jours », a déclaré Ruby Chen à Finkelman. J’espère sincèrement que la première chose que vous faites chaque matin est de chercher un moyen de ramener mon fils et les autres otages. »

Emanuel Fabian a contribué à cet article.