Tsahal publie des photos de munitions du Hezbollah stockées dans des maisons de Libanais

Israël a publié lundi ce qu’il a déclaré être des preuves que des munitions du Hezbollah ont été placées dans des maisons, cherchant ainsi à devancer les critiques sur les frappes de grande envergure qui ont visé des résidences à travers le Liban et ont fait des centaines de morts et plus de 1 200 blessés dans le pays.

Parmi les armes qui, selon Israël, ont été stockées dans des maisons de citoyens libanais avant d’être frappées par des sorties de l’armée de l’air, figurent des missiles de croisière, des roquettes à ogives de grande taille et des drones. Dans un cas, l’armée israélienne a révélé des photos montrant ce qu’elles considèrent comme une roquette à longue portée montée sur un lanceur hydraulique et placée dans le grenier de la maison d’une famille libanaise.

Depuis la salle de commandement de la direction des opérations de l’armée israélienne, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a affirmé que les forces israéliennes « écrasent » l’infrastructure du Hezbollah construite depuis des décennies lors des frappes menées aujourd’hui au Liban, et que le chef du groupe terroriste, Hassan Nasrallah, est désormais seul.

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« Au cours de la journée écoulée, nous avons détruit ce que le Hezbollah a mis 20 ans à construire. Nasrallah reste seul au sommet, des unités entières de la force Radwan ont été mises hors service et des dizaines de milliers de roquettes ont été détruites », a-t-il déclaré, cité par son bureau.

Israël a effectué des frappes sur quelque 1 600 cibles du Hezbollah au Liban lundi, a déclaré le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, la plupart d’entre elles visant des armes stockées dans des maisons.

Il s’agit notamment de « missiles de croisière pouvant atteindre des centaines de kilomètres, de roquettes lourdes dotées d’une ogive de 1 000 kilogrammes, de roquettes à moyenne portée pouvant atteindre 200 kilomètres, de roquettes à courte portée et de véhicules aériens sans pilote armés ».

The IDF releases footage of an airstrike against a home in Lebanon where Hezbollah had stored munitions.

The video shows a rocket flying out of the building following the strike, and hitting an adjacent home. https://t.co/35egx69gYH pic.twitter.com/QrWvJTju8q

— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) September 23, 2024

Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi, a également commenté les frappes, qualifiant la campagne « d’opération offensive proactive ».

Le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, procède à une évaluation dans la salle de commandement souterraine de l’armée au QG de Tsahal à Tel-Aviv, le 23 septembre 2024. (Crédit : armée israélienne)

« Ce matin, les forces israéliennes ont lancé une opération offensive proactive. Nous éliminons l’infrastructure militaire que le Hezbollah a construite pendant 20 ans. C’est très important », a déclaré Halevi dans une vidéo diffusée par l’armée israélienne, depuis une salle de commandement souterraine de l’armée.

« Nous frappons des cibles, nous préparons les étapes suivantes… en fin de compte, tout doit viser à créer les conditions nécessaires au retour des habitants [déplacés] du nord dans leurs foyers », a-t-il ajouté.

La déclaration de lundi soir fait suite aux avertissements répétés des responsables israéliens invitant les civils libanais à fuir les zones où sont cachées les armes du Hezbollah, ce qui a provoqué la panique de dizaines de milliers de personnes en quête de sécurité.

L’armée a publié l’image d’un missile à longue portée perché sur un système de lancement hydraulique dans une pièce aux murs en briques, qui se trouve selon lui dans le grenier d’une maison du village de Houmine al-Tahta, dans le sud du Liban,.

Cette image non datée publiée par Tsahal le 23 septembre 2024 montre un système de missiles du Hezbollah dans le grenier d’une maison dans le village de Houmine al-Tahta au sud du Liban. (Crédit : armée israélienne)

« Il est prêt à être lancé depuis une ouverture dans le toit. Une famille libanaise vit au premier étage, sous les combles, et sert de bouclier
humain », a Hagari, lors d’une conférence de presse.

« Il s’agit d’une menace immédiate et réelle pour les civils israéliens, et nous avons l’obligation de l’éliminer », a-t-il ajouté, sans révéler comment Tsahal a obtenu les photos, et dont l’authenticité n’a pas pu être vérifiée.

Cependant, Israël a déclaré que d’autres images de frappes sur des habitations prouvaient également la propension du Hezbollah à utiliser des habitations comme armoires à roquettes.

Dans une vidéo publiée par l’armée, on peut voir une roquette jaillir d’une explosion fulgurante à la suite d’une frappe aérienne et s’écraser immédiatement sur un bâtiment voisin.

« C’est une nouvelle preuve que le Hezbollah a transformé le Sud-Liban en zone de guerre », a déclaré Hagari.

Des explosions secondaires du même type ont été observées dans d’autres vidéos diffusées par l’armée israélienne, ainsi que dans les images d’au moins une frappe sur un bâtiment dans le sud du Liban.

The IDF releases footage of secondary blasts seen following an Israeli airstrike on a building in southern Lebanon's Jabal al-Botm, which it says was used by Hezbollah to store weapons. pic.twitter.com/JpSzaqyvFc

— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) September 23, 2024

« Pendant trop longtemps, le Hezbollah s’est servi de vous comme boucliers humains », a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Il a placé des roquettes dans vos salons et des missiles dans vos garages. Ces roquettes et ces missiles visent directement nos villes, directement nos citoyens ».

« Pour défendre notre peuple contre les frappes du Hezbollah, nous devons nous débarrasser de ces armes », a-t-il ajouté.

Les autorités sanitaires libanaises ont déclaré qu’au moins 492 personnes avaient été tuées et quelque 1 645 blessées lundi lors des frappes israéliennes, ce qui constitue l’une des journées les plus meurtrières de l’histoire récente de ce pays dévasté par la guerre.

« Depuis ce matin, les forces israéliennes vous ont demandé de vous mettre à l’abri », a poursuivi le Premier ministre, alors qu’Israël mène des frappes aériennes intensives dans tout le Sud-Liban.

« Je vous demande instamment de prendre cet avertissement au sérieux. Ne laissez pas le Hezbollah mettre en danger vos vies et celles de vos proches. Ne laissez pas le Hezbollah mettre le Liban en danger ».

« S’il vous plaît, mettez-vous en sécurité dès maintenant », a exhorté Netanyahu.

« Une fois notre opération terminée, vous pourrez rentrer chez vous en toute sécurité. »

Le site d’une frappe israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, au cours de laquelle le commandant militaire du Hezbollah Ibrahim Aqil a été tué, le 20 septembre 2024. (Crédit : Reuters / Mohamed Azakir)

En ce qui concerne le nombre élevé de morts annoncé au Liban, le porte-parole de Tsahal a déclaré dans la soirée de lundi que « ces chiffres font également référence aux nombreux terroristes que nous avons tués aujourd’hui et qui se trouvaient à proximité des armes ». Il a ajouté que l’armée israélienne fournirait ses propres chiffres ultérieurement.

Parmi les personnes tuées par Israël ces derniers jours figurent plusieurs commandants du Hezbollah, bien que le groupe terroriste soutenu par l’Iran ait nié qu’une frappe sur Beyrouth lundi a réussi à tuer son principal commandant sur le front avec Israël, une figure obscure nommée Ali Karaki.

« Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, reste seul au sommet, des unités entières de la force Radwan ont été mises hors service et des dizaines de milliers de roquettes ont été détruites », a déclaré Gallant lundi.

Israël avait précédemment estimé que le Hezbollah disposait de quelque 150 000 roquettes et missiles, y compris des missiles guidés et des projectiles à longue portée capables de frapper n’importe où en Israël. Malgré les sorties israéliennes, le groupe a réussi à tirer au moins 350 de ces projectiles sur Israël au cours de la journée écoulée, dont un grand nombre à l’intérieur du pays.

« Des jours difficiles nous attendent », a averti  Hagari lundi soir. « Nous continuons à nous concentrer sur la défense et l’attaque sur tous les fronts. »

Le cabinet a approuvé lundi soir l’état d’urgence, appelé « situation spéciale » – sur le front intérieur israélien, selon plusieurs médias.

Une « situation spéciale » est un terme juridique utilisé en cas d’urgence, accordant aux autorités une plus grande juridiction sur la population civile afin de rationaliser les efforts de protection de la population. Elle est valable pour une durée de 48 heures, et peut être reconduite par les ministres.

Aucun changement spécifique dans les instructions du commandement du front intérieur de l’armée n’a été annoncé.

Dans le centre et le sud d’Israël, aucun changement n’a été annoncé dans les écoles et les entreprises.

De la fumée s’échappe d’un site visé par un bombardement israélien dans le village de Zaita, au sud du Liban, le 23 septembre 2024. (Crédit : Mahmoud Zayyat/AFP)

Depuis le 8 octobre, les forces dirigées par le Hezbollah ont attaqué presque quotidiennement des communautés israéliennes et des postes militaires le long de la frontière, le groupe affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza pendant la guerre qui s’y déroule.

Israël a averti à plusieurs reprises qu’il ne pouvait plus tolérer la présence du Hezbollah le long de sa frontière à la suite des atrocités du 7 octobre, et que si une solution diplomatique n’était pas trouvée, il se tournerait vers une action militaire pour repousser le Hezbollah vers le nord.

Jusqu’à présent, les échanges de tirs à la frontière ont causé la mort de 26 civils du côté israélien, ainsi que celle de 22 soldats et réservistes de l’armée israélienne. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie, sans faire de blessés.

Près de 60 000 Israéliens ont été contraints de quitter leurs maisons situées près de la frontière nord en raison des tirs de roquettes incessants du Hezbollah, et ont été relogés plus au sud au cours des 11 derniers mois.

Le Hezbollah a nommé 506 membres qui ont été tués par Israël au cours des accrochages en cours, principalement au Liban, mais aussi en Syrie. Au Liban, 83 autres agents d’autres groupes terroristes, un soldat libanais et au moins 60 civils, dont trois journalistes, ont été tués