Un journaliste juif pénètre dans Rikers pour son nouveau livre sur la fameuse prison

New York Jewish Week, via la JTA – Reuven Blau, fils d’un survivant de la Shoah, sous-tend que son père l’a peut-être inspiré à s’efforcer de changer les choses dans la prison de Rikers Island de New York.

« Il y a cette volonté inconsciente de changer les choses, ou d’aider les gens d’une manière que l’on ne comprend même pas », a déclaré Blau. « À l’intérieur de Rikers, vous réalisez à quel point c’est difficile, et à quel point les circonstances sont terribles pour toutes les personnes concernées. »

Journaliste pour The City qui a étudié dans une yeshiva de Brooklyn, Blau est le co-auteur, avec Graham Rayman, de Rikers : An Oral History (« Rikers : une histoire orale »), un nouveau livre sur une prison qui fait souvent la Une des journaux en raison de la violence et du désespoir qui règnent entre ses murs. Le livre cherche à humaniser les personnes qui se trouvent à l’intérieur de la prison – tant les détenus que les personnes qui y travaillent – et à raconter leur histoire.

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Son objectif, a déclaré Blau à la New York Jewish Week, est d’amplifier les voix de « personnes qui sont rarement considérées comme des personnes », a-t-il ajouté.

Le complexe pénitentiaire, qui a ouvert ses portes en 1932, a longtemps été critiqué pour ses conditions de vie difficiles, notamment les histoires d’horreur de détenus enfermés dans des douches minuscules, dormant sur des sols souillés d’excréments, de suicides, de passages à tabac, etc. Nombreux sont ceux qui ont réclamé sa fermeture depuis les années 1970. En date du 14 décembre, 19 personnes sont mortes à Rikers en 2022 – le nombre de morts le plus élevé depuis 2013.

Blau et Rayman ont passé près de trois ans à interviewer environ 130 personnes, la plupart des conversations ayant eu lieu par téléphone ou en personne avec d’anciens prisonniers. Ils se sont également rendus plusieurs fois au sein même du complexe pénitentiaire.

Rikers : An Oral History, par Graham Rayman et Reuven Blau. (Autorisation)

L’une des personnes avec lesquelles ils se sont entretenus est le rabbin Gabriel Kretzmer Seed, un aumônier juif de Rikers. Seed a parlé du fait qu’il chantait des chants du Shabbat avec un détenu qui, un jour, s’est soudainement levé et l’a frappé.

« C’était quelqu’un d’assez fort, mais je n’ai eu qu’une lèvre en sang. Il a marmonné quelque chose, mais je ne me souviens pas de ce qu’il a dit précisément. J’étais assez choqué. Tout s’est passé si vite », a déclaré Seed. « J’étais totalement sous le choc parce que je le connaissais depuis un certain temps et qu’il était la dernière personne que je pensais capable de me faire du mal. »

Seed a ensuite fait remarquer qu’il a pu travailler avec le personnel psychiatrique et a finalement réussi à avoir une bonne relation avec le détenu après l’incident.

« C’était une histoire tellement révélatrice de comment des gens sont là pour aider les autres », a déclaré Blau. « Et ils prennent conscience de la façon dont les gens sont mal placés là-bas ».

Avant de rejoindre The City, Blau avait travaillé pour le New York Daily News et le New York Post. Malgré sa grande expérience journalistique, Blau, 43 ans, a noté que cela a été « la chose la plus étrange » de devenir la « voix » de Rikers. « Je suis un gars de yeshiva », a-t-il déclaré. « Je n’avais jamais été en prison. Ce n’était pas un problème qui m’était familier de quelque manière que ce soit. »

Blau, qui a grandi à Denver et qui a fréquenté une yeshiva à Chicago, a déclaré qu’il restait pratiquant. « Je suis un grand fan de cholent », a déclaré Blau – faisant référence au ragoût juif traditionnel – qui vit dans le New Jersey avec son épouse, Sara, et qui ont eu une petite fille en mai. « Ce que je préfère dans cette culture, c’est le réseau de services sociaux qui existe dans de nombreuses communautés. »

Il s’est tourné vers le journalisme après s’être spécialisé en anglais au Brooklyn College. Avant de travailler pour les tabloïds, Blau a écrit pour The Chief, un journal consacré au travail et à la politique locale, où il a notamment couvert le syndicat des agents pénitentiaires de New York.

En 2011, il a obtenu un scoop avec le Post sur une « bar-mitsva en prison », qui a révélé que des agents de correction et des matons ont assisté à une somptueuse cérémonie juive de passage à l’âge adulte derrière les barreaux d’une prison du centre de Manhattan, dont les coûts ont été financés par les contribuables.

« J’ai toujours eu un pied dans la couverture des prisons », a déclaré Blau à propos de son travail de journaliste.

Son co-rédacteur, Rayman, couvre la justice pénale pour le Daily News. Rayman a déclaré à la New York Jewish Week qu’il ne pense pas que les gens puissent lire le livre et « en sortir avec un sentiment autre que ce système carcéral particulier est profondément défectueux et nécessite des changements majeurs ».

La ville est tenue par la loi de fermer Rikers Island d’ici 2027, mais beaucoup doutent que cela soit possible.

« J’espère vraiment qu’il n’y aura pas un journaliste après moi, dans 20 ou 30 ans, qui écrira sur les mêmes questions, car, selon moi, cela signifierait que l’enquête que nous avons menée n’aura pas porté ses fruits », a déclaré Blau.

« Je regarde les choses à travers cette lentille. J’essaie de trouver des moyens de changer les choses pour le mieux, de manière vraiment significative. »