Une majorité de Juifs britanniques estiment ne pas avoir d’avenir au Royaume-Uni – enquête
50 % de la communauté a envisagé de partir en raison de l'antisémitisme, selon Campaign Against Antisemitism, et une majorité écrasante estime que les autorités n'en font pas assez

Seul un tiers des Juifs britanniques considère que les Juifs ont un avenir à long-terme au Royaume-Uni. La moitié d’entre eux ont envisagé de quitter la Grande-Bretagne au cours des deux dernières années en raison de l’antisémitisme, selon une nouvelle enquête publiée par la Campaign Against Antisemitism (CPA).
L’enquête, menée en juin 2024 auprès de 4 078 Juifs britanniques, a été publiée lundi pour coïncider avec la Journée internationale de commémoration de la Shoah.
Les personnes interrogées devaient s’identifier comme juives et confirmer qu’elles vivaient au Royaume-Uni. Elles ont été contactées par l’intermédiaire d’autres organisations juives. La CPA a concédé qu’il était possible que les chiffres incluent des doublons.
Les résultats reflètent la forte hausse de l’antisémitisme au Royaume-Uni depuis le 7 octobre 2023, date à laquelle le groupe terroriste palestinien du Hamas a perpétré un pogrom dans le sud d’Israël, tuant plus de 1 200 personnes et enlevant 251 otages. Ce massacre a déclenché la guerre à Gaza.
Près de 2 000 actes antisémites ont été recensés au cours du premier semestre 2024, soit le chiffre le plus élevé jamais atteint pour une période de six mois, selon le Community Security Trust (CST), une organisation qui aide à sécuriser les Juifs au Royaume-Uni.
L’enquête de la CPA a révélé qu’une majorité de Juifs britanniques (58 %) cachent leur judaïsme en raison de l’antisémitisme et que moins de la moitié d’entre eux (43 %) se sentent acceptés au Royaume-Uni.

Environ 84 % des Juifs britanniques estiment que les autorités ne font pas assez pour lutter contre l’antisémitisme et le sanctionner ; 62 % ne sont pas convaincus que des poursuites seraient engagées par la police en cas de signalement d’un délit antisémite. Les trois quarts ont déclaré qu’ils n’étaient pas satisfaits de la manière dont leurs forces de police locales avaient contrôlé les manifestations anti-Israël organisées dans leur ville.
« Les Juifs britanniques ont perdu confiance dans le système de justice pénale en général, dont ils ne pensent pas qu’il les protège », a souligné l’organisation.
« Nous avons besoin de plus d’arrestations, de poursuites, de peines sévères et d’une interdiction des marches anti-Israël. »
Quelque 92 % des Juifs britanniques estiment que la partialité des médias à l’égard d’Israël alimente la persécution des Juifs en Grande-Bretagne. En matière de préjugés des médias, la BBC a obtenu le pire classement des radiodiffuseurs pour sa couverture des questions juives, 92 % des Juifs britanniques l’ayant jugée défavorable. Parmi les journaux, c’est The Guardian qui a obtenu la pire note, avec un résultat défavorable de 69 %.
Cette enquête, réalisée avant l’arrivée au pouvoir du parti Labour lors des élections de juillet, a révélé que plus de 70 % des personnes interrogées ont déclaré que les partis Green et Labour étaient trop tolérants à l’égard de l’antisémitisme de leurs députés, députés européens, conseillers municipaux, membres et sympathisants.
La grande majorité (85 %) des Juifs britanniques n’est pas satisfaite de la manière dont le maire de Londres, Sadiq Khan, s’est comporté à l’égard de la communauté juive pendant la guerre à Gaza.
Sur les campus universitaires, seuls 3 % des Juifs britanniques ont déclaré être convaincus que si un étudiant juif signalait un acte antisémite, l’administration de l’université prendrait les mesures qui s’imposent. Près de 88 % d’entre eux ont déclaré que l’antisémitisme serait un facteur à prendre en compte dans le choix d’une université par un membre de leur famille.
« De la politique à la BBC en passant par les universités, la communauté juive constate la trahison de nos institutions civiles et culturelles », a déclaré un porte-parole de la CPA.
« Il en ressort que moins de la moitié des Juifs britanniques se sentent les bienvenus au Royaume-Uni. L’antisémitisme est devenu la grande honte de notre nation, et le temps presse. »
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