À JFK, des charters pour les soldats israéliens, des voyageurs anxieux et des vivres

New York Jewish Week – Un silence assourdissant planait sur le comptoir El Al du terminal 4 de l’aéroport JFK, lundi, alors que des dizaines de voyageurs faisaient la queue pour s’enregistrer avec deux documents : leur passeport et leur convocation d’urgence de la part de l’armée israélienne.

Les réservistes se préparaient à embarquer à bord de l’un des deux vols spécialement affrétés vers Israël, pour unir leurs forces à l’effort de guerre en pleine constitution. Depuis l’invasion meurtrière du sud d’Israël, samedi, par le Hamas, qui a coûté la vie à un millier d’Israéliens au moins, le pays a rappelé plus de 300 000 réservistes, un nombre quasiment sans précédent, pour mener ce que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a présenté comme une « attaque massive » contre le groupe terroriste.

C’est ce rappel qui a fait affluer au terminal JFK des Israéliens de New York et d’ailleurs. L’enregistrement au comptoir du transporteur national israélien était d’ailleurs beaucoup moins chaotique que d’habitude : les agents de bord aidaient les hommes à remplir les formalités, tandis que des hordes de bénévoles venus déposer des vivres et de l’équipement s’assuraient que tout le monde savait où aller.

« Je pense à mon équipe en Israël », explique Noam, Israélien installé à New York. « Ils ont déjà été rappelés, je vais les rejoindre. »

Noam, qui a servi dans une unité des forces spéciales de Tsahal, a été informé de son rappel au titre de la réserve lundi matin. À 13 heures, il savait qu’un vol à destination d’Israël était programmé à 16 heures.

Un autre Israélien de New York se dit « épuisé ». A l’instar d’un bon nombre des hommes qui faisaient la queue, il hésite à parler à la presse pour des raisons de sécurité.

Un troisième homme est arrivé le matin-même par avion depuis le Kansas, où il vit.

« On nous a juste dit de nous présenter ici, et que tout serait pris en charge », dit-il. « Nous ne savons pas ce qui va se passer, mais nous sommes là. »

Tous ceux qui tentent de se rendre en Israël, en ce lundi, ne sont pas des soldats qui partent à la guerre. Certains d’entre eux sont des touristes venus visiter les États-Unis et qui souhaitent désormais rentrer chez eux. Les compagnies Delta Airlines, American Airlines et United Airlines ont toutes suspendu leurs vols vers Israël en raison des avis défavorables du Département d’État américain. Les compagnies aériennes européennes et asiatiques, Air France et Lufthansa en tête, ont temporairement suspendu leurs vols vers Tel Aviv.

« Nous sommes impatients de rentrer », confie Shira, qui a immigré en Israël avec son mari il y a trois ans. Le couple, venu rendre visite à des proches, dans les environs de New York, pour les fêtes des fêtes juives de Tishri, devait repartir pour Israël jeudi, mais leur vol a été annulé par Delta. Le mari de Shira espère partir lundi après-midi, mais elle a trouvé des billet pour la semaine suivante.

Les vols d’El Al sont maintenus, et plusieurs groupes WhatsApp se sont constitués pour aider les réservistes qui se trouvent à l’étranger à rentrer au pays. Ces groupes aident les réservistes à trouver des vols et à les financer, car le prix d’un billet aller simple sur El Al a d’ores et déjà pris plus de 2 000 $.

Lundi, un autre Israélien est venu à l’aéroport pour se faire rembourser son billet – il a laissé sa place sur un vol ce jour-là parce qu’il « y a des soldats qui doivent partir aujourd’hui ». Il ne sait pas trop comment il va faire pour rentrer chez lui, se confie-t-il.

D’autres encore sont venus à l’aéroport pour aider ceux qui partent. Un déluge de vivres destinés aux voyageurs s’empile dans le terminal.

« Nous aidons comme nous le pouvons. Nous ne savons pas vers qui nous tourner », explique Elan Kornblum, l’administrateur new yorkais de « Great Kosher Restaurant Foodies », un groupe Facebook qui compte 91 000 membres et a coordonné la collecte et livraison de vivres à l’aéroport JFK. Il a déjà organisé des collectes de nourriture durant la pandémie de COVID-19 et suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

« J’aimerais pouvoir aider à répondre à toutes les questions, mais nous ne sommes pas préparés pour cela », a déclaré Kornblum. « Mais quand il s’agit de nourriture, quand il s’agit de livrer des choses et d’amener les gens à le faire, c’est ce que nous faisons de mieux et c’est ce que nous avons fait. »

Elan Kornblum. (Youtube/ Utilisé conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Pour l’heure, le groupe a sollicité des dons de hamburgers, tartes, biscuits, sandwichs, barres énergétiques et café – tous provenant de restaurants casher et d’épiceries des environs de New York. Les vivres seront distribués aux soldats en partance pour Israël et aux Israéliens bloqués à New York. Kornblum espère pouvoir en donner une partie aux familles qui ont laissé partir un parent combattre en Israël.

« Il y a beaucoup d’informations sur les réseaux sociaux, parfois trop », dit-il.
« On est noyé par tout ce qui se passe. J’essaie de filtrer un peu tout ça et de montrer aux gens comment ils peuvent aider, afin de les impliquer, d’inspirer et de sensibiliser. »

Un Israélien bénévole s’est spontanément présenté au terminal après avoir lu les communications d’un groupe WhatsApp qui avait besoin de bras. Il vit à New York et se pense trop vieux pour être rappelé au titre de la réserve.

« C’est très dur de savoir ce qui se passe et d’avoir l’impression de ne rien pouvoir faire. Ma femme et mes proches sont ici, à New York ».

« C’est peu de chose, mais je suis venu donner un coup de main. »