Canada : Les Juifs sont la minorité religieuse la plus ciblée par les crimes haineux

Statistique Canada, l’agence du gouvernement fédéral canadien qui a pour mandat de faire la collecte et la compilation de statistiques sur le Canada et ses habitants, a publié fin juillet ses données sur les crimes haineux déclarés par la police pour 2022, révélant que ceux ciblant les populations juive et noire restaient les plus fréquemment signalés à la police, représentant respectivement 14 et 23 % de tous les crimes haineux.

Alors que le nombre total de crimes de haine signalés à la police a augmenté de 7 %, ces deux groupes de population ont connu des augmentations disproportionnées par rapport à d’autres groupes identifiés par la race, l’ethnicité ou la religion. Selon les chiffres de Statistique Canada concernant la communauté juive, celle-ci a été la cible de 502 crimes de haine signalés en 2022, soit plus de 9 incidents par semaine ou 41 incidents par mois. Il y a eu 750 crimes de haine motivés par la religion et 3 576 incidents signalés au total.

Alors que la communauté juive ne représente seulement qu’1 % de la population canadienne, elle a été ciblée de manière disproportionnée avec 14 % de tous les crimes de haine signalés. Aussi, la communauté juive était la minorité religieuse la plus visée, représentant 67 % des crimes haineux motivés par la religion. Et si les crimes de haine à motivation religieuse sont en baisse de 15 % d’une année sur l’autre, les crimes de haine visant la communauté juive ont augmenté de 2 % entre 2021 et 2022, et de 52 % depuis 2020.

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« L’antisémitisme est en hausse dans le monde entier, et le Canada n’est pas épargné. Il est alarmant de constater que, si les crimes de haine motivés par la religion ont globalement diminué au Canada, les incidents liés à la haine des Juifs ont été la seule catégorie religieuse à augmenter », a réagi le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), l’agence de représentation des Fédérations juives du Canada. L’organisation non partisane et sans but lucratif rappelle par ailleurs que « tous les crimes haineux ou incidents antisémites ne sont pas signalés ou enregistrés, et que tous les incidents n’atteignent pas le seuil d’un crime, en particulier dans les écoles, de sorte que les statistiques nationales sur les crimes de haine ne reflètent pas avec précision le nombre total d’incidents antisémites ».

Shimon Koffler Fogel, président-directeur général du CIJA, a expliqué que « les incidents de haine fondés sur la race, l’ethnicité, la religion et l’orientation sexuelle ont continué d’augmenter d’année en année ; cette tendance inquiétante prouve clairement la nécessité de prendre des mesures proactives pour mettre fin à la montée de la haine ciblant divers Canadiens sur la base de leur identité. L’antisémitisme n’est pas seulement une menace réelle et présente aujourd’hui, c’est un problème qui se développe à un rythme effrayant. Rien qu’au Canada, les crimes haineux contre les Juifs ont augmenté de 52 % depuis 2020. C’est pourquoi nous devons faire un choix important en ce qui concerne l’antisémitisme : ignorer son impact et s’en éloigner ou s’unir pour le combattre ».

Il a expliqué que « le CIJA a entrepris deux initiatives majeures dans la lutte contre la haine cette année : il est devenu un membre fondateur et le représentant du Canada au sein du J7, le groupe de travail des grandes communautés contre l’antisémitisme, nouvellement formé par les principales organisations juives de sept des plus grandes communautés de la diaspora mondiale, et il a co-créé la conférence de deux jours intitulée ‘Antisemitism: Face It, Fight It’, qui se tiendra à Ottawa cet automne et au cours de laquelle des centaines de Canadiens juifs et d’alliés de la communauté – y compris des élus et des partenaires ethniques et religieux – se mobiliseront pour unir, responsabiliser et éduquer notre communauté sur la façon dont nous pouvons agir, collectivement et en tant qu’individus, contre l’antisémitisme ».

« Mais les Juifs canadiens ne peuvent pas vaincre l’antisémitisme à eux seuls. Il incombe à chacun d’entre nous de combattre la haine et l’antisémitisme. Nous devons tous être des artisans du changement, unis comme des alliés et des partenaires pour lutter contre toute forme de haine », a-t-il ajouté. « Ce rapport devrait être un appel à l’action pour tous les Canadiens afin qu’ils s’opposent à l’antisémitisme et à toutes les formes de haine. À l’instar de la communauté juive, de nombreuses communautés racialisées et minoritaires sont régulièrement confrontées à la haine, dont les effets sont dévastateurs non seulement pour les personnes visées, mais aussi pour le tissu même de notre société et les valeurs que nous partageons. »