El Al s’apprête à lancer des vols directs vers Buenos Aires, selon ambassadeur d’Argentine

JTA — L’annulation d’un vol alors qu’il s’apprêtait à prendre ses fonctions a sans doute ajouté un sentiment d’urgence à l’une des premières grandes avancées du rabbin Axel Wahnish en tant qu’ambassadeur d’Argentine en Israël : la mise en place de vols directs entre Tel Aviv et Buenos Aires.

Wahnish, le rabbin personnel du président argentin Javier Milei, devait initialement quitter Buenos Aires le 14 août 2024 pour prendre ses fonctions en Israël. Mais son vol Air Europa, qui comprenait une correspondance en Europe, a été annulé en raison d’une recrudescence des tensions entre l’Iran et Israël.

Alors que la plupart des compagnies aériennes commerciales ont supprimé leurs liaisons vers Tel Aviv en raison des troubles, seule El Al, la compagnie nationale israélienne, et ses filiales ont continué d’assurer leurs vols de manière fiable.

Ce jeudi, Wahnish a annoncé qu’El Al allait commencer à assurer des liaisons entre l’Argentine et Israël, ce qui constitue à la fois un symbole fort de l’alliance entre les deux pays et une aubaine pour les voyageurs comme lui.

El Al n’a pas encore confirmé la liaison, qui, selon Wahnish, devrait être officiellement annoncée la semaine prochaine, lorsque Milei, philosémite et sioniste notoire, se rendra en Israël pour la deuxième fois.

Mais Wahnish, le premier rabbin à avoir été nommé ambassadeur en Israël, avait déclaré à la Jewish Telegraphic Agency en août, alors qu’il attendait son départ de Buenos Aires, qu’il considérait la mise en place d’un vol direct comme à la fois une cause et une conséquence de l’amélioration des relations.

« C’est une question similaire au débat sur ce qui précède, l’œuf ou la poule », avait-il alors ajouté.

Le rabbin Shimon Axel Wahnish s’exprimant lors d’une interview, à Buenos Aires, en Argentine, le 13 mai 2024. (Crédit : Natacha Pisarenko/AP)

« En tant qu’ambassadeur, je compte travailler sur les deux fronts : collaborer avec les compagnies aériennes pour mettre en place cette liaison, tout en favorisant les échanges commerciaux, culturels, artistiques, sportifs et éducatifs. »

La visite officielle de trois jours de Milei débutera le 9 juin. Elle comprendra des rencontres avec le président Isaac Herzog et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, un discours devant la Knesset, la cérémonie de remise du prix Genesis, une visite au mur Occidental, ainsi qu’une rencontre avec les proches des otages enlevés lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre actuelle dans la bande de Gaza. Milei est le premier non-Juif à recevoir le prix Genesis, surnommé le « Nobel juif ».

Dans le cadre de ce déplacement, Milei et Netanyahu signeront un « mémorandum pour la liberté et la démocratie contre le terrorisme, l’antisémitisme et la discrimination ».

Ce document officiel marque un changement majeur dans la politique étrangère de l’Argentine depuis l’élection de Milei, un « anarcho-capitaliste » autoproclamé, après des années de gouvernement de gauche. En 2013, l’Argentine avait signé un accord de coopération avec l’Iran, entretenant des relations étroites avec ce pays pendant une grande partie des deux dernières décennies et critiquant fréquemment les actions militaires israéliennes.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu rencontrant le président argentin Javier Milei, à Jérusalem, le 7 février 2024. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

Sous Milei, l’Argentine s’est rapprochée d’Israël, soutenant ouvertement son droit à l’autodéfense et sa guerre contre le Hamas à Gaza. À certains moments, l’Argentine a été pratiquement le seul pays à soutenir Israël. Milei n’a pas suivi les autres alliés d’Israël, y compris ceux dirigés par des dirigeants de droite, qui ont exhorté Netanyahu à mettre fin à la guerre.

« C’est un immense honneur et un privilège historique d’exprimer notre alliance solide contre le terrorisme, aux côtés de la démocratie israélienne qui se défend contre les terroristes », avait déclaré Wahnish lors de l’interview accordée en août.

Wahnish a déclaré à la JTA que son expérience rabbinique était un atout dans son travail d’ambassadeur, mais qu’elle ne constituait pas sa principale qualification.

« Je suis d’abord et avant tout un citoyen argentin, un être humain. Si quelqu’un possède une expertise dans un domaine particulier, que ce soit en tant que physicien, ingénieur ou dans tout autre domaine, cela peut-il être un inconvénient ? Non », a-t-il expliqué.

« Il en va de même pour le métier de rabbin. Je pense que c’est un atout. J’ai une formation éthique et morale, des connaissances philosophiques, c’est comme une compétence supplémentaire. »

Il a toutefois ajouté que « la solide alliance entre notre pays et Israël n’est pas fondée sur la religion. Elle repose sur les valeurs de démocratie et de liberté ».

À l’époque, il avait refusé de préciser quand Milei comptait mettre à exécution son intention de transférer l’ambassade argentine de Tel Aviv à Jérusalem, une décision prise par les États-Unis lors du premier mandat du président Donald Trump en 2018.

Le déménagement de l’ambassade n’a pas encore été officialisé, l’opinion générale en Argentine étant que Milei attendra probablement la fin des élections de mi-mandat en octobre pour tenir sa promesse.

Le président argentin Javier Milei (à droite) tenant le rabbin orthodoxe séfarade argentin Shimon Axel Wahnish, au mur Occidental, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 6 février 2024. (Crédit : Leo Correa/AP)

Mais Wahnish semble avoir réussi à faire avancer le projet de vols directs, qu’il avait qualifié en février sur le réseau social X de « rêve de mon administration ».

À l’époque, il avait déclaré avoir plaidé en faveur de ces vols lors d’une conversation directe avec Netanyahu, au cours de laquelle ils avaient également discuté de la visite de Milei, du protocole d’accord et des otages israéliens toujours détenus à Gaza, parmi lesquels se trouvent des citoyens argentins ayant la double nationalité.

Un vol direct entre les deux pays avait déjà été annoncé en 2017, mais il n’a jamais été mis en place.

Si la nouvelle liaison aérienne d’El Al voit le jour, elle n’aura pour seule référence qu’un seul précédent, qui n’est guère un modèle de relations diplomatiques solides.

Le 19 mai 1960, une délégation spéciale israélienne est arrivée à Buenos Aires à bord d’un vol El Al pour assister au 150ᵉ anniversaire de l’indépendance de l’Argentine.

Leur visite avait toutefois un deuxième objectif : le lendemain, l’architecte nazi de la « solution finale », Adolf Eichmann, appréhendé en Argentine par des membres de l’agence de renseignement du Mossad, a été habillé en uniforme du personnel navigant d’El Al et ramené en Israël à bord du même avion. L’appareil a fait escale à Dakar, au Sénégal, pour faire le plein, avant d’atterrir en Israël le 22 mai, où Eichmann a été arrêté. Il a ensuite été condamné pour crimes contre l’humanité et pendu en 1962.