GB : un concert de klezmer annulé à cause de pressions de la part d’activistes

Un concert de la tournée du groupe de klezmer britannique Oi Va Voi a été annulé par la salle Strange Brew, dans la ville de Bristol, où il devait jouer ce mercredi, à la suite de pressions exercées par des groupes d’activistes, selon le groupe lui-même.

Le concert « a été annulé par la salle en raison de la pression exercée par des groupes d’activistes qui l’ont contacté en faisant des affirmations fausses ou erronées sur nous-mêmes et sur la musique d’Oi Va Voi », d’après un communiqué du groupe publié sur Instagram.

Dans la suite du texte, le groupe suggère que les appels au boycott l’auraient visé en raison de la nationalité israélienne de certains de ses membres. « Ils prennent un fait, l’appartenance ethnique de certains de nos membres, et l’utilisent comme preuve pour lancer des accusations accablantes sur nos croyances et notre droit à nous produire dans notre pays d’origine », peut-on lire.

« Nous pensons qu’il s’agit d’un cas évident de discrimination et que les tactiques d’intimidation sont identiques à celles utilisées par les groupes d’extrême-droite dans le monde entier. »

Sans nommément pointer la responsabilité d’un groupe de militants en particulier, le communiqué cite un autre cas de concert annulé à Bristol récemment : celui de Johnny Greenwood aux côtés du musicien israélien Dudu Tessa.

Le groupe a l’origine de l’annulation de ce concert, qui aurait dû avoir lieu le 23 juin prochain, est la Bristol Palestine Alliance. Sur les réseaux sociaux, l’association accuse Dudu Tessa d’avoir pris part à un programme visant à proposer des concerts aux soldats israéliens engagés dans les opérations de Tsahal contre le Hamas à Gaza.

Le jour-même, l’équipe du Strange Brew a également publié un communiqué sur son compte Instagram dans lequel elle ne revient pas sur les accusations de discrimination ethnique formulées par Oi Va Voi, mais donne une toute autre explication au boycott. Celui-ci aurait été motivé par un projet solo de la chanteuse israélienne Zohara Niddam, membre du groupe.

Citant la couverture d’un album de la chanteuse sorti en 2024, que la salle a interprété comme étant « politiquement offensante » compte tenu de la situation à Gaza.

« Nous sommes au milieu d’une tournée avec Oi Va Voi, dont je suis la chanteuse principale. Des groupes d’activistes ont trouvé la couverture de mon album solo problématique, et notre concert à Bristol a été annulé en conséquence », a publié la chanteuse sur son compte Instagram.

« Avant de commencer, il est important de rappeler que cette discussion est secondaire par rapport à la seule chose qui compte vraiment : mettre fin à la famine à Gaza, ramener tous les otages à la maison et faire cesser les bombardements israéliens », a-t-elle tenu à dire en introduction de son propos.

Au sujet de la couverture de son album, qui est le point de départ de la polémique, Zohara Niddam parle d’un « besoin de se reconnecter avec la nature et le présent ». Sur l’image, elle apparaît nue, au milieu d’un champ de pastèques, tirant derrière elle une brouette remplie de ces fruits.

« Je ne savais pas que la pastèque était un symbole de la résistance palestinienne au moment de prendre la photo », poursuit-elle. « Je l’ai appris plus tard, en prenant part à des manifestations dans lesquelles les drapeaux étaient interdits, et les pastèques étaient devenues un symbole de désobéissance. »

La pastèque est en effet liée à l’activisme palestinien à cause de ses couleurs – le rouge, le noir, le blanc et le vert – qui sont celles du drapeau palestinien. Le symbole avait été largement adopté pendant les décennies où Israël avait interdit de brandir le drapeau palestinien à Gaza et en Cisjordanie.

« Ça avait du sens. Ça n’était pas une coïncidence », a-t-elle déclaré.

Des manifestants anti-Israël et pro-palestiniens portant un drapeau pastèque géant alors qu’ils défilent dans les rues de Sydney pour condamner l’assassinat du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, les récentes frappes israéliennes sur le Liban et la guerre en cours contre le Hamas à Gaza, le 4 août 2024. (Crédit : Saeed Khan/AFP)

Zohara Niddam reconnaît que la couverture de son album « peut être vue de différentes manières », mais affirme « assumer » fermement. « La complexité fait partie de ma vie. Je préfère qu’elle invite à la conversation plutôt qu’à l’éviter. »

« Depuis le début de ma carrière, je me suis exprimé ouvertement contre l’occupation », a-t-elle conclu. « Boycotter des artistes sur la base de narratifs supposés ne sert pas la justice. »

Une explication que le Strange Brew avait d’emblée rejetée puisque son communiqué indiquait : « Quelle que soit le sens donné [par l’artiste], l’utilisation d’un symbolisme politiquement chargé de cette manière — par n’importe qui, quelle que soit son origine — est ambiguë et pourrait donc être perçue comme politiquement insensible et/ou offensante pour le peuple de Palestine et par nos publics ».

Depuis le 7 octobre 2023, de nombreux artistes israéliens ou juifs font face à différentes formes de boycott en Europe et en, Amérique du Nord à cause de leurs liens — réels ou supposés — avec la politique israélienne.