Herzog assistera à l’investiture de Léon XIV qui a pris contact avec la communauté juive

Le président Isaac Herzog prévoit d’assister à l’investiture du pape Léon XIV, prévue à Rome le 18 mai, a confirmé mardi son porte-parole au Times of Israel.

Par ailleurs, l’American Jewish Committee (AJC) et la communauté juive de Rome ont déclaré que le nouveau pontife avait pris contact avec leurs dirigeants rabbiniques dès son élection, afin de réaffirmer son engagement en faveur du dialogue interreligieux.

Lors des funérailles du pape François le mois dernier, la délégation israélienne n’était représentée que par son ambassadeur auprès du Saint-Siège, Yaron Sideman. Cette décision a été considérée par beaucoup comme une nouvelle détérioration des relations entre le Vatican et Jérusalem.

Les relations entre François et Israël, ainsi qu’avec de nombreux dirigeants juifs, se sont dégradées après le 7 octobre 2023, ces derniers l’accusant de ne pas avoir suffisamment condamné le groupe terroriste palestinien du Hamas. Ils lui ont également reproché d’avoir apparemment mis sur le même plan le pogrom perpétré dans le sud d’Israël et la riposte militaire de l’État hébreu contre les terroristes à Gaza.

Mardi, lors d’une rencontre avec des journalistes au Patriarcat latin dans la Vieille Ville de Jérusalem, le patriarche, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, a déclaré qu’il espérait que la participation de Herzog à l’investiture de Léon XIV marquerait un tournant et permettrait de mettre fin aux tensions.

« Le président de l’État d’Israël sera présent », a-t-il déclaré.

Le cardinal Pierbattista Pizzaballa (3ᵉ à partir de la gauche) s’adressant aux journalistes, au Patriarcat latin de Jérusalem, le 13 mai 2025. (Crédit : Rossella Tercatin/Times of Israel)

« J’y vois une volonté de changer la situation. »

Pizzaballa a également indiqué qu’il s’attendait à ce que le nouveau pape se rende en Israël et au Moyen-Orient, même s’il n’était pas encore possible de déterminer la date.

« Il est certain qu’une visite papale au Moyen-Orient, en Terre Sainte, mais aussi dans d’autres [endroits], doit avoir lieu, mais je ne sais pas quand », a-t-il déclaré.

« Jérusalem est le centre de la vie de l’Église. »

Interrogé sur le fait de savoir si Léon XIV avait déjà téléphoné à la paroisse catholique de Gaza, comme François le faisait presque chaque soir, le cardinal a répondu : « Il est trop tôt, laissons-lui quelques semaines pour respirer. »

Il a également dénoncé la situation humanitaire dans la bande de Gaza, exprimant son inquiétude face au blocage de l’aide humanitaire imposé par Israël depuis le 2 mars.

« C’est une situation inconcevable, éthiquement inacceptable ; ce n’est pas la manière de résoudre le conflit ; cela ne fera qu’attiser la haine », a estimé Pizzaballa.

« Nous appelons tous ceux qui ont le pouvoir de prendre des décisions pour mettre fin à cette situation, pour résoudre le conflit d’une autre manière. »

Le pape François et le président Shimon Peres lors d’une cérémonie organisée à la résidence présidentielle, à Jérusalem, le 26 mai 2014. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Israël affirme que le blocage vise à faire pression sur le Hamas pour qu’il libère les 58 otages qu’il détient toujours. Le pays refuse de laisser entrer l’aide humanitaire tant qu’un nouveau système de contrôle de la distribution n’aura pas été mis en place. Il affirme que le groupe terroriste palestinien du Hamas détourne les vivres et les revend à « prix d’or » à la population afin de remplir ses caisses.

En amont du conclave, Pizzaballa était considéré comme un successeur potentiel du pape François. Le cardinal a toutefois rejeté cette idée, affirmant qu’il avait toujours su que cela n’arriverait pas.

« Je me sentais très serein, car je savais que je reviendrais à Jérusalem, même si les rumeurs qui circulaient à mon sujet m’irritaient quelque peu », a-t-il déclaré.

Lors de la conférence de presse, Pizzaballa a également souligné l’importance du dialogue judéo-chrétien et a suggéré que les messages de Léon XIV à différents rabbins le réaffirmaient.

Le président Isaac Herzog s’exprimant au Mémorial de la Shoah de Yad Vashem, à Jérusalem, à la veille de Yom HaShoah, le 23 avril 2025. (Crédit : Yad Vashem)

Robert Francis Prevost, le premier pape né aux États-Unis, a envoyé une lettre au rabbin Noam Marans, directeur des affaires interreligieuses de l’AJC, qui l’a publiée lundi soir sur le réseau social X.

« Confiant dans l’aide du Tout-Puissant, je m’engage à poursuivre et à renforcer le dialogue et la coopération de l’Église avec le peuple juif dans l’esprit de la déclaration Nostra Aetate du Concile Vatican II », a écrit Léon XIV dans sa lettre.

La communauté juive a indiqué dans un communiqué qu’un message similaire avait été envoyé au Grand Rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, et que ce dernier l’avait accueilli « avec gratitude et satisfaction ».

Nostra Aetate est un document historique du concile de Vatican II (1962-1965) qui rejette la notion de culpabilité collective des Juifs dans la mort de Jésus et encourage le dialogue avec les religions non chrétiennes.

Ce bref document a révolutionné les relations entre catholiques et Juifs après des siècles de persécutions et de méfiance. Le dialogue qui s’est instauré au cours des deux décennies suivantes a permis au pape Jean-Paul II de devenir le premier pontife à se rendre dans une synagogue. En 1986, il avait prononcé un discours dans la principale synagogue de Rome, dans lequel il a qualifié les Juifs de « nos frères aînés bien-aimés ».

Après des années de relations souvent tendues, le Vatican et Israël ont signé un « accord fondamental » en 1993 et ont nommé des ambassadeurs plénipotentiaires l’année suivante.

Une source du Vatican a annoncé que le rabbin Marans assisterait à la messe inaugurale de Léon XIV dimanche. Selon cette même source, plus d’une dizaine d’autres dirigeants juifs du monde entier devraient également être présents.

La communauté juive de Rome a confirmé dans un communiqué que le rabbin Di Segni assisterait à la cérémonie.