La vie post-7 octobre : des sculptures exposées dans l’ex-citadelle de Jérusalem

L’artiste Zadok Ben-David et la directrice du musée de la Tour de David, Eilat Lieber, discutent depuis dix ans de l’exposition des sculptures de Ben-David au musée de la Tour de David.

À la suite des changements provoqués par la rénovation massive du musée et le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, l’artiste basé à Londres a mis sur pied l’exposition, qui marque un an depuis l’assaut barbare et sadique.

L’exposition intitulée « De l’autre côté » présente une collection d’œuvres de Ben-David, dont certaines sont spécifiques au site de la Tour de David, tandis que d’autres ont été exposées précédemment et sont présentées en Israël pour la première fois. L’exposition a été inaugurée en septembre et restera dans l’ancienne citadelle jusqu’à la fin du mois d’avril 2025.

Chaque œuvre, sculptée dans l’acier, un métal fin et manifestement presque pliable, souvent peinte d’un côté en couleurs vives et de l’autre en noir, reflète le cycle de la vie et les deux facettes de chaque situation.

La visite de « On the Other Side » (« De l’autre côté ») peut commencer à différents endroits du musée, mais il est probablement plus logique de commencer par la nouvelle entrée, qui abrite également le nouveau Harim Cafe.

Deux œuvres sont placées dans l’espace d’exposition de ce bâtiment, notamment une œuvre vidéo intitulée « Same Place, Other Times », qui illustre une transition progressive de la lumière à l’obscurité, avec le panorama d’un champ fleuri qui est lentement détruit jusqu’à ce qu’il pousse à nouveau.

Ben-David a sculpté chaque fleur utilisée dans la vidéo et, bien que l’œuvre ait été créée en 2008, elle est devenue une métaphore des champs brûlés et détruits du sud d’Israël, détruits par le Hamas et dont certains sont aujourd’hui à nouveau cultivés.

« Les fleurs sont ce que nous offrons dans les situations extrêmes et c’est la même image qui peut réconforter », a déclaré Ben-David. L’installation est chargée d’émotion, bien qu’il n’en ait pas eu l’intention au départ. Il n’a réalisé qu’elle pouvait évoquer des sentiments forts que lorsqu’il l’a montrée pour la première fois à Los Angeles et qu’il a vu les réactions des spectateurs.

« Je l’ai réalisée avant que tout ne se passe ici le 7 octobre », explique Ben-David, qui vit à Londres depuis des dizaines d’années. « Il montre comment les choses changent rapidement mais progressivement, le cycle de la vie.

À l’autre bout du même espace d’exposition sombre se trouve « The Other Side of Midnight » (« L’autre côté de minuit »), une sphère surdimensionnée à deux faces en métal finement sculpté, composée de milliers de papillons peints de couleurs vives. En y regardant de plus près, on constate que ce ne sont pas des insectes mais des silhouettes humaines qui sont placées entre les ailes des papillons, tandis que de l’autre côté de la sphère, les insectes sont dépourvus de leurs ailes.

« L’autre côté de minuit », un gros plan d’une œuvre de Zadok Ben-David dans “De l’autre côté”, une collection d’œuvres de l’artiste Zadok Ben-David, exposée au Musée de la Tour de David, à Jérusalem. (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)

Ben David qualifie cette œuvre de métaphore du comportement et des attitudes humaines.

« C’est l’opposition entre les insectes et les papillons », a-t-il expliqué.

« Nous jugeons les gens, ceux qui sont beaux par rapport à ceux qui ne le sont pas. »

À l’extérieur du nouveau pavillon d’entrée du musée se trouve l’œuvre de Ben David « Cypress Trees/Fringe of the Field » (« Cyprès/Bordure du champ »), commandée spécialement pour l’institution.

Il s’agit de sept cyprès de trois mètres de haut, taillés à la main dans de l’acier usé par le temps, chacun d’entre eux étant composé de figures humaines qui épousent la forme des arbres indigènes.

« Cyprès/Bordure du champ », spécialement commandé pour l’exposition « De l’autre côté », une collection d’œuvres de l’artiste Zadok Ben-David, exposée au Musée de la Tour de David, à Jérusalem. (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)

Ben-David a qualifié le cyprès d’arbre résistant, enraciné dans l’histoire locale et représentant une sorte de symbole de la topographie locale.

C’est un arbre qui n’a pas besoin de beaucoup d’eau non plus et qui peut pousser n’importe où, a souligné Ben-David, qui aime la simplicité de la forme de l’arbre et sa ressemblance avec une bougie.

Ce n’est qu’après avoir sculpté et installé les sept arbres, et être allé les photographier de l’autre côté de la rue, que Ben-David a remarqué que d’autres arbres lui barraient la vue – des cyprès – et s’est dit que c’était tout à fait approprié.

Deux autres installations de Ben-David font partie de l’exposition, dont
« Innerscapes on the Move » (« Des paysages d’intérieurs en mouvement »), un cercle de figures humaines debout sur les vestiges de la tour ronde musulmane du musée, leurs corps sculptés dans des mouvements qui illustrent la relation entre l’individu et la société.

L’un des « Trios de fleurs » spécialement commandé pour l’exposition « De l’autre côté », une collection d’œuvres de l’artiste Zadok Ben-David, exposée au Musée de la Tour de David, à Jérusalem. (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)

Il termine ses installations dans l’ancienne entrée du musée avec « Trio of Flowers », trois fleurs sculptées surdimensionnées, peintes de couleurs vives, placées contre un miroir pour montrer le côté noir de chaque fleur et, une fois de plus, les cycles de la vie.

L’une des fleurs est un sabra , qui symbolise la culture juive et arabe locale et évoque le cactus massif et épineux qui pousse juste devant le balcon voisin et dont les racines se sont enfoncées dans les fondations de la Tour de David.

« Je voulais être un peu plus optimiste », a déclaré Ben-David. « Le noir ne se reflète que dans les miroirs, il appartient au passé, il est derrière nous. »

Ben-David s’est rendu au Japon le 7 octobre dernier et, dans les dix jours qui ont suivi, il est venu en Israël, où vit son père âgé de 97 ans, ainsi que d’autres membres de sa famille et des amis. Il a recueilli des fonds auprès de collectionneurs à l’étranger et en Israël et a commencé à travailler sur l’exposition de la Tour de David.

Ben-David présente une autre exposition, « Genetic Memory » (« Mémoire génétique »), jusqu’au 26 octobre, au Beit Reuben de Tel Aviv, avec son père orfèvre Moshe Ben David, qui était autrefois le principal orfèvre de la collection de mode Maskit, ainsi qu’une nouvelle pièce dans l’exposition actuelle au kibboutz Yad Mordechaï.

« Si mon thème de travail était différent, il me serait probablement beaucoup plus difficile d’exposer en Israël », a déclaré Ben-David.

« Mais pour moi, ce genre d’exposition n’est pas seulement un défi, c’est aussi une opportunité, c’est quelque chose qui devrait être fait. »