Netanyahu cite l’offre du directeur de Walla d’aider son rival pour réfuter l’accusation de couverture favorable

Le directeur du site d’information Walla, qui aurait accordé à Benjamin Netanyahu une couverture favorable dans le cadre d’un accord illicite de contrepartie selon l’accusation au procès du Premier ministre, aurait dit à Isaac Herzog avant les élections de 2015 qu’il pouvait lui envoyer un message « dix fois par jour » pour lui demander de l’aide pendant la campagne, a-t-on appris mercredi devant le tribunal.

Deux mois seulement avant les élections, le PDG de Walla, Ilan Yeshua, a fait son offre à Herzog – qui était alors le principal rival politique de Netanyahu – et a exprimé son enthousiasme pour les bons chiffres des sondages publiés à l’époque pour le parti de Herzog, en disant qu’il « croisait les doigts pour lui », a révélé l’avocat de Netanyahu au tribunal de district de Tel Aviv lors du neuvième jour du témoignage du Premier ministre dans son procès pénal.

L’avocat de Netanyahu, Amit Hadad, a également cité des conversations entre des cadres supérieurs de Walla dans lesquelles ils ont fait des remarques très désobligeantes sur Netanyahu pendant de la période électorale, y compris une dans laquelle le rédacteur en chef de Walla a déclaré qu’il « détestait » le Premier ministre, et d’autres qui l’ont appelé « Kim », en référence au dictateur nord-coréen Kim Jong Un.

Hadad et Netanyahu ont présenté ces détails dans le cadre de leur ligne de défense contre un point central du dossier de l’accusation contre le Premier ministre, dans lequel il est allégué qu’il a pris des décisions réglementaires bénéficiant aux intérêts commerciaux de l’actionnaire majoritaire de Bezeq telecoms, Shaul Elovitch, en échange d’une couverture médiatique positive de Walla, propriété de Bezeq.

Mercredi, Hadad et Netanyahu ont à nouveau mis l’accent sur ce qu’ils considèrent comme une couverture régulièrement négative du Premier ministre par Walla au cours des années concernées, afin contredire les accusations.

Au cours de l’audience, Netanyahu a également fustigé le cabinet de la procureure générale qualifiant son attitude à son égard de « persécution politique » passée et actuelle, et a déclaré que ses deux assistants inculpés mardi pour intimidation de témoins n’avaient rien fait de mal.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu débattant avec le chef Union sioniste Isaac Herzog qui se trouve dans le studio de la Deuxième chaîne, le 14 mars 2015. (Crédit : informations de la Deuxième chaîne)

Netanyahu témoignait pour la neuvième fois dans le cadre de son procès pénal, dans lequel il est accusé d’avoir accepté un pot-de-vin sous la forme d’une couverture médiatique positive de la part de Walla dans ce qui est connu sous le nom d’affaire 4000, ainsi que de fraude et d’abus de confiance dans cette affaire et dans les affaires 1000 et 2000. Netanyahu nie toutes les accusations portées contre lui.

Abordant l’attitude qui prévalait parmi les cadres de Walla, Hadad a lu à haute voix les détails d’une conversation téléphonique entre Yeshua et Herzog en janvier 2015.

« Salut, félicitations pour les sondages, je croise les doigts pour toi », a écrit Yeshua à Herzog avec enthousiasme, après la publication de plusieurs sondages favorables au parti de ce dernier. Yeshua a ensuite offert à Herzog des conseils électoraux, lui recommandant de placer un ancien haut fonctionnaire de la Défense sur sa liste électorale afin de renforcer ses références en matière de sécurité.

« N’hésitez pas à me demander de l’aide et à m’envoyer des messages à toute heure, dix fois par jour [s’il faut], pour me faire part de votre point de vue », a déclaré Yeshua.

« Vous allez entrer dans l’histoire et, à cet endroit et dans ces circonstances, vous allez sauver le peuple d’Israël, c’est aussi simple que cela », a-t-il ajouté. Herzog l’a remercié « pour tout ».

Netanyahu a affirmé que malgré le soutien étroit que Yeshua offrait à Herzog, cela ne signifiait pas que Herzog avait reçu un pot-de-vin, et que de même, toute demande de sa part ou de ses associés au propriétaire de Walla, Shaul Elovitch, pour une meilleure couverture, ne signifiait pas qu’il y avait quoi que ce soit d’illégal dans ces communications.

« Dire que le soutien d’Elovitch à mon égard était dû à un accord [illégal] ? Ce n’est pas criminel, le rendre criminel est la chose la plus dangereuse pour la démocratie. Si vous rendez illégales les relations entre les médias et les hommes politiques, alors vous pouvez fermer la porte de la démocratie », a déclaré Netanyahu.

Le Premier ministre faisait référence à l’affirmation de l’acte d’accusation selon laquelle Netanyahu et Elovitch sont parvenus à leur accord prétendument illégal lors d’une réunion en 2012.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu arrive au tribunal de district de Tel Aviv pour témoigner dans son procès pénal, le 10 février 2025. (Crédit : Tomer Appelbaum/POOL)

Évoquant l’attitude hostile de Yeshua, ainsi que du nouveau rédacteur en chef de Walla, Avi Alkalai, et de son rédacteur en chef de l’information, Amnon Harrari, Netanyahu a lu des transcriptions de conversations entre le personnel de Walla dans lesquelles Alkalai a déclaré qu’il « détestait » Netanyahu, et a qualifié son gouvernement de 2013 de « traître et destructeur. »

« Nous avons ici un système fermé, une sorte de culte, qui me considère comme l’ennemi du peuple. Le livre 1984 – c’est moi, l’ennemi du peuple », a déclaré Netanyahu à propos des dires du personnel de Walla.

Le Premier ministre s’est demandé comment les procureurs pouvaient affirmer que Walla lui avait accordé un « traitement spécial », compte tenu de l’attitude extrêmement hostile de ses cadres supérieurs. Hadad et Netanyahu ont également démontré à plusieurs reprises devant le tribunal que la couverture de Walla était à de nombreuses reprises extrêmement hostile au Premier ministre.

« Yeshua me considère comme une catastrophe existentielle pour le pays, Alkalai me déteste, et il y a Harari qui ne peut pas arrêter les dimensions de sa haine, et cela pénètre l’ensemble du média. Un point de vente fermé, c’est une secte ».

Plus tard, Netanyahu a accusé les procureurs de « persécution politique » contre lui après que trois de ses principaux assistants ont été inculpés mardi pour intimidation de témoins, ainsi que pour les actes d’accusation contre lui personnellement, quelque chose qu’il a dit découler de ses efforts pour diversifier le paysage médiatique israélien.

« Je voulais diversifier les médias, les équilibrer, pas en prendre le contrôle, et ensuite ils ont ouvert des enquêtes contre moi, nous parlons de persécution politique qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui, y compris hier, ils accusent deux de mes porte-parole qui n’ont rien fait de mal », a fulminé Netanyahu.

Ofer Golan et Yonatan Urich, tous deux actuellement conseillers médias et stratèges de Netanyahu, ont été inculpés mardi pour intimidation de témoins, pour avoir en 2019 envoyé une voiture avec un haut-parleur au domicile d’un témoin clé du procès de Netanyahu pour diffuser des messages lui disant de « dire la vérité » et l’accusant de « mentir. » Yisrael Einhorn, qui a été porte-parole du parti Likud de Netanyahu, a également été inculpé dans cette affaire