Pour le directeur du MAHA Institute de RFK Jr., « les Protocoles des Sages de Sion » sont authentiques

JTA — Le directeur d’une nouvelle organisation qui a été fondée pour promouvoir les priorités avancées par le secrétaire américain à la Santé et aux Services sociaux, Robert F. Kennedy Jr., a largement pris la défense des « Protocoles des Sages de Sion », un célèbre faux antisémite.

Leland Lehrman, qui a été nommé le mois dernier directeur exécutif du MAHA Institute, pense également qu’Israël pourrait être à l’origine des attentats terroristes du 11 septembre et il a dénoncé les « Illuminati juifs de haut-rang, ou adorateurs de Lucifer ».

C’est ce qu’affirme un nouveau rapport qui a été diffusé par l’Institute for Research and Education on Human Rights, un groupe de veille qui a été créé par un chercheur juif de renom, spécialisé dans le nationalisme blanc. Ce rapport est entré dans le détail des points de vue avancés par Lehrman, analysant également ses écrits.

MAHA, abréviation de Make America Healthy Again (Rendre l’Amérique à nouveau saine), est le slogan qui a été adopté par Kennedy et par ses partisans depuis que l’activiste anti-vaccination a renoncé à sa candidature indépendante à la présidence et qu’il a apporté son soutien au président américain Donald Trump. L’institut qui porte son nom affirme s’engager à « reconstruire la politique et les infrastructures sanitaires américaines » et il a accueilli plusieurs membres du personnel de la Maison Blanche lors d’une conférence inaugurale organisée le mois dernier. L’opposition à la majorité des vaccins est l’un des principaux chevaux de bataille du MAHA Institute, ce qui va directement à l’encontre du consensus scientifique.

Les convictions de Lehrman à l’égard des Juifs – même si son père, le politicien conservateur et banquier d’affaires Lewis E. Lehrman, petit-fils du fondateur de Rite Aid, est lui-même juif – reflètent les tropes antisémites classiques et la pensée complotiste.

En 2005, Lehrman avait écrit un article intitulé « L’ADL et les politiques sionistes à l’origine de la montée de l’antisémitisme » pour un site internet qui était géré par Jeff Rense – une personnalité considérée comme un théoricien du complot antisémite par l’Anti-Defamation League. Dans cet article, Lehrman faisait l’éloge à de multiples reprises des « Protocoles des Sages de Sion », un faux document russe du XIXe siècle qui prétend révéler l’existence d’une conspiration ourdie par les Juifs qui cherchent à dominer le monde.

Lehrman avait ainsi estimé, dans ses écrits, que les « Protocoles » étaient « très probablement authentiques et qu’à ce titre, ils constituent donc la condamnation la plus complète du suprémacisme juif connue jusqu’à présent ». Il avait également affirmé que le document « garantit, dans la pratique, un réveil politique et historique qui entraînera inévitablement à une meilleure compréhension du problème persistant du racisme et du suprémacisme juifs », et il avait expliqué que les Juifs étaient responsables de l’avènement du « Nouvel Ordre Mondial » (il avait aussi noté avoir entretenu des liens avec le magazine juif progressiste Tikkun, aujourd’hui disparu.)

Le secrétaire américain à la Santé et aux Services sociaux, Robert F. Kennedy Jr., s’exprime lors d’une conférence de presse sur le rapport du CDC sur l’autisme, à l’auditorium Hubert Humphrey Building, à Washington, le 16 avril 2025. (Crédit : Jose Luis Magana/AP)

Il avait également déclaré que les Juifs faisaient preuve de déloyauté à l’égard des États-Unis. « Je suis un citoyen américain d’origine juive et je suis préoccupé par les méthodes et par les doctrines que les responsables criminels de la hiérarchie juive et sioniste ont promues dans le monde entier », avait-il écrit. « Je pense que les Juifs américains doivent réaffirmer leur loyauté à l’égard de la Constitution des États-Unis d’Amérique ainsi qu’à l’égard des Dix Commandements et de la règle d’or, plutôt qu’à l’égard des positions racistes du Talmud et d’autres écritures juives ».

Lehrman avait longuement défendu ses opinions dans une interview accordée à Rense. Il avait notamment déclaré que les Juifs devaient « accepter une certaine part de responsabilité pour le harcèlement dont ils ont été victimes ».

Selon son profil LinkedIn, Lehrman a fréquenté l’université de Yale, l’alma-mater de son père, dans les années 1990, sans toutefois obtenir de diplôme. Il a ensuite travaillé à son compte dans divers domaines liés à la santé et, parfois, à la spiritualité. Il a également été bénévole lors de la campagne présidentielle de 2004 du candidat Démocrate Dennis Kucinich et il affirme avoir été consultant pour le président du sénat de l’état du Nouveau-Mexique.

Le soutien qu’il apporte aux « Protocoles » semble être le fruit de son engagement dans le mouvement « pour la vérité » sur le 11 septembre, un activisme qui avait précédé son militantisme anti-vaccins et qui l’aura finalement amené à affirmer que le Mossad, l’agence de renseignement israélienne, était « l’un des principaux candidats à l’organisation des attentats du 11 septembre ».

Enfin, après avoir accordé toute son attention à la question des vaccins au cours de la pandémie de COVID-19, Lehrman est devenu un fervent partisan de la campagne présidentielle de Kennedy. Sur LinkedIn, il affirme avoir commencé comme bénévole avant d’être « embauché pour faire des recherches et pour fournir des idées à Bobby et à la campagne sur des questions politiques, pour écrire des bulletins d’information et des tweets ».

Depuis que Kennedy a été nommé au cabinet de Trump, Lehrman n’a cessé de vanter sa connaissance privilégiée des politiques mises en place par le secrétaire en ce qui concerne les vaccins contre la COVID-19 avant même qu’elles ne soient officiellement annoncées.

D’autres signes indiquent que Lehrman entretient des liens de proximité avec Kennedy. Le MAHA Institute a vu le jour en tant que super PAC pro-Kennedy ; un autre de ses coprésidents, l’éditeur Tony Lyons, a publié plusieurs livres de Kennedy, tandis que le troisième, Mark Gorton, est un Juif new-yorkais qui a promu à la fois la sécurité dans les rues et les théories du complot sur l’assassinat du président John F. Kennedy, l’oncle de RFK.

Kennedy lui-même a tenu des propos antisémites, comparant les vaccins contre la COVID-19 aux politiques mises en vigueur sous le régime nazi, pendant sa campagne électorale. Il a aussi laissé entendre que la pandémie était « ciblée au niveau ethnique » pour épargner les Juifs ashkénazes et les Chinois. Cette semaine, il a continué à transformer son activisme anti-vax en politique officielle, en renvoyant tous les membres d’un comité consultatif sur les vaccins contre la COVID.