Réactions internationales après la deuxième attaque directe de l’Iran contre Israël

Des pays occidentaux ont blâmé mardi l’Iran pour son attaque de missiles balistiques contre Israël et ont exprimé leur inquiétude quant à la possibilité que cette attaque conduise à une nouvelle escalade du conflit dans la région.

Le barrage massif lancé par l’Iran contre Israël mardi comprenait quelque 180 missiles balistiques, bien que l’armée israélienne ait déclaré avoir intercepté un « grand nombre » de ces projectiles. Un Palestinien de 37 ans a été tué par des éclats d’obus dans le village cisjordanien de Nueima, près de Jéricho, et deux personnes auraient été légèrement blessées par des éclats d’obus en Israël même.

Le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a en revanche annoncé mercredi avoir désigné le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, persona non grata, ce qui implique que le diplomate portugais ne peut pas entrer en Israël, suite à sa réaction à l’attaque iranienne contre Israël mardi soir.

Recevez gratuitement notre édition quotidienne par mail pour ne rien manquer du meilleur de l’info Inscription gratuite !

Le ministère des Affaires étrangères déclare que cette décision est une réaction à la réponse de M. Guterres après l’attaque de missiles de l’Iran, « dans laquelle il n’a pas mentionné l’Iran par son nom et n’a pas condamné sans équivoque sa grave agression ».

I condemn the broadening of the Middle East conflict with escalation after escalation.

This must stop.

We absolutely need a ceasefire.

— António Guterres (@antonioguterres) October 1, 2024

La politique de Guterres vis-à-vis d’Israël tout au long de la guerre a consisté à « soutenir les terroristes, les violeurs et les meurtriers du Hamas, du Hezbollah et des Houthis, et maintenant le vaisseau mère de la terreur mondiale, l’Iran ».

Dans une déclaration, Israël Katz affirme que « quiconque ne peut pas condamner sans équivoque l’attaque odieuse de l’Iran contre Israël, comme l’ont fait presque tous les pays du monde, ne mérite pas de poser le pied sur le sol israélien ».

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, parlant de ses priorités pour 2024 lors d’une conférence de presse au siège de l’ONU, à New York, le 8 février 2024. (Crédit : Angela Weiss/AFP)

Le nouveau Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a lui jugé mercredi « inacceptable » l’attaque menée mardi par l’Iran contre Israël, après un échange avec le président américain Joe Biden. « L’attaque de l’Iran est inacceptable. Nous la condamnons fermement. Dans le même temps, nous souhaitons coopérer [avec les États-Unis] pour désamorcer la situation et éviter qu’elle ne dégénère en guerre totale », a-t-il déclaré au lendemain de sa nomination au poste de Premier ministre. Ishiba, ancien ministre de la Défense âgé de 67 ans, s’exprimait à l’issue d’un entretien téléphonique avec Biden, durant lequel les deux dirigeants ont discuté du renforcement des relations américano-japonaises.

Le président français Emmanuel Macron a de son côté tardivement condamné « avec la plus grande fermeté » les attaques contre Israël, ajoutant que la France avait « mobilisé » ses ressources militaires au Moyen-Orient pour contrer Téhéran. Macron a également exigé que le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par l’Iran, « cesse ses actions terroristes contre Israël et sa population », et a demandé à Israël de « mettre fin à leurs opérations militaires dès que possible », a déclaré l’Élysée dans un communiqué, ajoutant que la France organiserait « prochainement une conférence de soutien au peuple libanais et à ses institutions ». Macron n’a pas commenté la mort du chef terroriste du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors de son élimination par Israël et sa diplomatie a fait l’objet de nombreuses critiques en France.

Le nouveau Premier ministre français Michel Barnier s’est dit préoccupé par une « escalade » au Moyen-Orient, alors que l’attaque avait débuté. « Je m’exprime maintenant, il est 19h16, à un moment où la situation s’aggrave au Proche et au Moyen-Orient, avec une escalade et un attentat, et un conflit direct qui semble engagé entre l’Iran et Israël », a déclaré Barnier depuis l’Assemblée nationale, ajoutant que la situation était “extrêmement grave”.

Le président français Emmanuel Macron s’adresse aux Libanais à la suite de la vague d’explosions des bipeurs utilisés par le Hezbollah, le 19 septembre 2024. (Capture d’écran Youtube / utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a condamné « dans les termes les plus forts » l’attaque de missiles balistiques menée par l’Iran contre Israël, a indiqué son bureau. Lors d’un appel avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, Starmer a également « exprimé l’engagement ferme du Royaume-Uni en faveur de la sécurité d’Israël et de la protection des civils », selon un compte-rendu de l’appel du bureau de Starmer. Starmer s’est également entretenu avec le roi Abdallah de Jordanie et ils ont souligné la nécessité urgente d’un cessez-le-feu au Liban et à Gaza. « Le Premier ministre a déclaré qu’il travaillerait aux côtés de ses partenaires et ferait tout ce qui est possible pour pousser à la désescalade et pousser à une solution diplomatique », a déclaré le porte-parole.

Le secrétaire britannique à la Défense, John Healey, a déclaré que les forces britanniques ont joué un rôle dans la prévention d’une nouvelle escalade alimentée par l’attaque de missiles de l’Iran contre Israël, mais n’a pas précisé pas comment elles ont été impliquées. Dans un communiqué publié sur X, Healey a écrit : « Les forces britanniques ont joué ce soir leur rôle dans les tentatives visant à empêcher une nouvelle escalade au Moyen-Orient » et a remercié le personnel impliqué pour son courage et son professionnalisme.

La ministre canadienne des Affaires étrangères Mélanie Joly a « condamné sans équivoque » les tirs de missiles iraniens. « Ces attaques de l’Iran ne serviront qu’à déstabiliser davantage la région et doivent cesser », a-t-elle ajouté. « Nous avons besoin d’un cessez-le-feu et nous avons besoin que cette guerre s’arrête ».

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a lui aussi condamné l’attaque et a appelé à la désescalade. « Nous sommes très préoccupés par les actions de l’Iran, c’est pourquoi nous les condamnons », a déclaré Albanese aux journalistes à Melbourne, en Australie. « C’est une bonne chose qu’il semblerait que la défense d’Israël, soutenue par les Etats-Unis, ait fait en sorte qu’il n’y ait pas de perte de vies civiles, semble-t-il, à ce stade. Il y a eu trop de pertes humaines dans cette région », a ajouté Albanese. Albanese a rappelé qu’Israël avait le droit de se défendre. « Ce que nous avons toujours demandé, c’est une désescalade dans la région, avec nos amis des Etats-Unis et d’autres », a ajouté Albanese.

L’Union européenne (UE) a condamné « avec la plus grande fermeté » l’attaque de missiles balistiques iraniens et a appelé à un cessez-le-feu immédiat au Moyen-Orient. « Le cycle dangereux des attaques et des représailles risque d’échapper à tout contrôle », a écrit Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l’UE, sur X. « Un cessez-le-feu immédiat s’impose dans toute la région. »

L’attaque de l’Iran contre Israël risque « d’embraser » tout le Moyen-Orient, a déclaré mercredi le chancelier allemand Olaf Scholz, condamnant « avec la plus grande fermeté » le lancement par Téhéran de quelque 200 missiles sur le territoire israélien. « Le Hezbollah et l’Iran doivent immédiatement cesser leurs attaques contre Israël », a-t-il ajouté dans un communiqué au lendemain de cette attaque.

La ministre des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, a déclaré qu’elle condamnait « avec la plus grande fermeté » le tir de missile iranien, affirmant que l’Iran devait cesser immédiatement son attaque. « Nous avons averti l’Iran de toute urgence de cette dangereuse escalade. L’Iran doit cesser son attaque immédiatement. Il conduit la région plus loin au bord de l’abîme », a déclaré Baerbock sur X.

Le chancelier allemand Olaf Scholz, à la Chancellerie, à Berlin, le 12 avril 2024. (Crédit : Tobias Schwarz/AFP)

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, qui a prononcé de nombreuses diatribes contre Israël, a condamné mardi soir les tirs de missiles iraniens sur Israël et a appelé à mettre fin à la « spirale de violence » dans la région. Le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares a ajouté que son pays lançait « un nouvel appel à tous les acteurs, y compris Israël bien sûr, à la retenue, à la désescalade et à la responsabilité ».

La Chine a appelé mercredi les puissances mondiales à empêcher la situation au Moyen-Orient de « se détériorer davantage ». « La Chine est profondément inquiète à propos de la tourmente au Moyen-Orient », a ajouté un porte-parole du ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Pékin « s’oppose à tout acte violant la souveraineté, la sécurité et l’intégrité territoriale du Liban, et s’oppose à l’intensification des conflits ».

Après avoir tiré plus de 180 missiles balistiques sur Israël, le guide suprême iranien Ali Khamenei a publié sur X une illustration d’une vaste cache d’armes souterraine, estimant que la victoire de Téhéran était proche. « La victoire vient d’Allah et elle est proche », a-t-il écrit.

نَصرٌ مِنَ الله و فَتحٌ قرِيب… pic.twitter.com/l53SfjEslF

— KHAMENEI.IR | فارسی ???????? (@Khamenei_fa) October 1, 2024

Dans un mauvais hébreu, Khamenei a aussi publié un message menaçant que les « coups du front du soulèvement deviendront plus forts et plus douloureux sur le corps usé et pourrissant du régime sioniste ».

בעזרת השם, מכות חזית ההתקוממות יהפכו חזקות וכואבות יותר על הגוף השחוק והנרקב של המשטר הציוני.

— Khamenei.ir (@khamenei_ir) October 1, 2024

Parallèlement, le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé de l’Iran affirme avoir pris pour cible « trois bases militaires » près de Tel Aviv, dans une déclaration reprise par l’agence de presse ISNA.

Le président iranien Massoud Pezeshkian a sans surprise salué l’attaque telle une « réponse décisive » à ce qu’il a qualifié « d’agression » israélienne. « Conformément aux droits légitimes et dans le but [d’établir] la paix et la sécurité en Iran et dans la région, une réponse décisive a été apportée à l’agression du régime sioniste », a écrit Pezeshkian sur X.

La Russie a appelé mercredi « toutes les parties » au Moyen-Orient à faire preuve de « retenue » pour éviter les victimes civiles, après les frappes iraniennes sur Israël et les bombardements israéliens sur le Liban. Moscou est « en contact avec toutes les parties », a souligné le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. « Il s’agit de l’échec total de l’administration (du président Joe) Biden au Moyen-Orient. Un drame sanglant qui ne fait que s’amplifier. Les déclarations inarticulées de la Maison Blanche démontrent une impuissance totale dans la résolution des crises », avait indiqué auparavant la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

Le groupe terroriste palestinien du Hamas pro-Iran a lui aussi salué les frappes de missiles iraniens pour venger l’élimination du chef de son bureau politique, Ismaïl Haniyeh, du chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, et du général de brigade Abbas Nilforousyeh. « Le mouvement de la résistance islamique [Hamas] bénit les tirs héroïques de roquettes effectués par le Corps des Gardiens de la révolution islamique en Iran contre de vastes zones de nos terres occupées », a déclaré le Hamas dans un communiqué, ajoutant qu’il s’agit de « venger le sang de nos martyrs héroïques ».