Une pub pro-Trump de « bubbies » parlant d’Israël et de l’antisémitisme, suscite un tollé

Un spot publicitaire présentant le candidat républicain à l’élection présidentielle Donald Trump comme le choix le plus sûr pour les Juifs est critiqué parce qu’il semble véhiculer des stéréotypes, faisant également pression sur le propriétaire d’une épicerie fine de la région de Philadelphie pour qu’il autorise le tournage.

La publicité de 30 secondes, intitulée « Amen », est diffusée dans plusieurs États où la population juive est importante, selon la Coalition juive républicaine (RJC), qui a présenté le spot comme la « conclusion » d’une campagne de 15 millions de dollars visant à obtenir des voix pour l’ancien président avant l’élection du 5 novembre.

Dans le spot, trois femmes, décrites par la RJC comme des « bubbies » et parlant avec une cadence et un accent considérés comme juifs dans l’imaginaire populaire américain, discutent d’Israël et de l’antisémitisme sur les campus universitaires américains alors qu’elles sont assises à une table dans une épicerie fine. Tous les trois sont des actrices rémunérées, selon CNN.

« Israël est attaqué », dit une femme à ses amies. « Avec un antisémitisme comme je n’aurais jamais cru en voir un jour. »

Après que son amie a mentionné avoir entendu parler du fils d’un individu qui s’était fait cracher dessus à l’Université de Pennsylvanie (UPenn), la troisième femme pose des questions sur la candidate démocrate Kamala Harris.

« Uch, [elle est] occupée à défendre la Squad », répond le deuxième femme.

« Oy va voy », ajoute la première. « Vous savez, je n’ai jamais aimé Trump, mais au moins il va nous protéger. »

Après que la deuxième femme a acquiescé, la publicité se termine avec les trois femmes levant leurs chopes en l’honneur du candidat républicain et un chèque estampillé « Donald Trump will keep us safe » (« Donald Trump assurera notre sécurité »).

Selon le New York Times, le spot a été diffusé en Géorgie, en Arizona, au Michigan, au Nevada et en Pennsylvanie, où il a été filmé.

Ces cinq États abritent tous d’importantes communautés juives et sont considérés, avec le Wisconsin et la Caroline du Nord, comme des champs de bataille clés que Trump ou Harris devront remporter pour avoir une chance d’accéder à la Maison Blanche.

Citant des données de la société d’analyse AdImpact, le New York Times a indiqué que la RJC avait dépensé 360 000 dollars jusqu’à présent pour diffuser le spot, qui a été publié le 20 octobre.

Le New York Times a estimé que le clip présentait « des stéréotypes juifs au service de Trump », et certains commentateurs en ligne ont qualifié le pitch de « strident » ou de « shondah [honte] ».

Wait. Was that a commercial for the MAGA felon rapist filmed at Hymies? wtf. Of course. It played into bigoted Jewish tropes. @realDonaldTrump your anti-Semitic stripes are showing. #VoteBlue

— Some Velvet Blog (@somevelvetblog) October 20, 2024

This is pretty fucking insulting.

— A Walking Pet Peeve (@Totallynonanno1) October 23, 2024

Certains sont même allés plus loin, jurant de boycotter Hymie’s Deli, le restaurant juif de Merion Station, en Pennsylvanie, où la publicité a été filmée.

« Je n’y remettrai plus jamais les pieds », a déclaré Sheva Golkow, une cliente de longue date de ce restaurant populaire, au journal The Forward. « C’est ouvrir son restaurant pour promouvoir une personnalité qui prône la haine et la division partout, mais qui vise particulièrement les Juifs. »

Louis Barson, propriétaire de longue date de Hymies, a affirmé que le nom du restaurant n’apparaissait jamais dans la publicité et il a nié que la publicité s’apparentait à un quelconque soutien. Il a déclaré aux médias locaux de Philadelphie qu’il avait autorisé l’utilisation du restaurant pour le tournage afin de rendre service à son ami Matt Brooks, qui dirige la RJC.

« Il ne s’agit pas d’une déclaration de soutien à Donald Trump de la part d’Hymie’s. Ce n’est pas le cas. Je laisserais volontiers Kamala Harris filmer une publicité ici demain », a-t-il déclaré au Philadelphia Magazine.

Selon la RJC, ce spot publicitaire est destiné à attirer les électeurs juifs qui votent traditionnellement pour les Démocrates, mais qui s’inquiètent de l’approche présumée de Harris à l’égard d’Israël et des manifestations anti-Israël qui ont lieu sur les campus universitaires.

La publicité « reflète la peur et l’angoisse que ressentent les Américains juifs dans tout le pays, alors qu’Israël est toujours attaqué et que l’antisémitisme atteint des niveaux sans précédent chez nous », a déclaré Brooks dans un communiqué.

Le candidat républicain au Sénat américain Dave McCormick s’exprimant devant un campement anti-Israël, à l’Université de Pennsylvanie, à Philadelphie, le 1er mai 2024. (Crédit : Matt Rourke/AP)

« Nous encourageons les électeurs juifs à écouter leurs ‘Bubbies’ : il n’y a pas de mal à voter pour Donald Trump », ajoute le communiqué.

Depuis qu’Israël a été plongé dans un conflit multi-fronts suite au pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, la RJC a modifié son message pour se concentrer sur ce qu’il décrit comme le soutien apporté par Trump à l’État juif, tout en accusant les Démocrates de brader Jérusalem.

Les Démocrates et d’autres opposants à Trump soulignent les associations de l’ancien président avec des antisémites, y compris au sein du parti républicain, et notent qu’il a accusé à plusieurs reprises les Juifs de ne pas être loyaux pour ne pas l’avoir suffisamment soutenu, affirmant que la communauté juive serait à l’origine d’une éventuelle défaite de sa candidature aux présidentielles.

Ils ont également noté sa relation forte et souvent transactionnelle avec Israël et avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, ainsi ques critiques apparentes d’Israël au lendemain de l’assaut barbare et sadique commis par le Hamas, le 7 octobre 2023.

Des partisans de la candidate démocrate à la présidence, la vice-présidente Kamala Harris, dans une souccah avant de solliciter des votes juifs dans la banlieue de Philadelphie, à Bala Cynwyd, en Pennsylvanie, le 20 octobre 2024. (Crédit : Laurence Kesterson/AP)

« Parce que je suis juif, si on regarde le parti républicain, il y a des gens qui sont très antisémites », a déclaré Danny Weiss, un client de Hymies, à CNN.

« Après, il y a [aussi] des gens qui sont de retour dans le parti libéral et qui sont, eux aussi, très antisémites – et nous le constaterons sur les campus universitaires d’ici peu.»