Zohar menace de réduire le financement des cinémas d’art et d’essai en raison de films « radicaux »

Le ministre de la Culture, Miki Zohar, a demandé cette semaine au ministre des Finances, Bezalel Smotrich, d’examiner la possibilité de refuser le financement de la Cinémathèque de Tel Aviv en raison des films projetés dans ce cinéma d’art et d’essai le week-end dernier dans le cadre du Solidarity Festival.

Zohar a écrit dans une lettre à Smotrich que le festival annuel projetait des films pouvant être qualifiés de « radicaux », notamment des films qui s’opposaient à l’État d’Israël, diffamaient l’armée israélienne et ses soldats, et visaient à renforcer l’identité palestinienne des résidents arabes des villes mixtes d’Israël.

Zohar a demandé à Smotrich d’examiner si la Cinémathèque de Tel Aviv avait enfreint l’une ou l’autre des dispositions de la loi budgétaire, ce qui pourrait entraîner le refus de son financement par l’État.

Le Solidarity Festival se tient à la Cinémathèque de Tel Aviv depuis 2011 et il bénéficie du soutien du ministère de la Culture et des Sports depuis 2021. Les films sont axés sur les droits de l’homme en Israël et dans le monde et visent à promouvoir la paix, la démocratie, l’égalité et la justice sociale.

Parmi les films projetés lors du dernier festival, qui s’est déroulé du 3 au 10 décembre, figuraient des films sur les droits de l’homme en Roumanie, au Danemark et au Kazakhstan, ainsi que des documentaires sur les objecteurs de conscience de Tsahal, la vie des Bédouins, la violence criminelle dans la société arabe, ainsi que des films sur « l’occupation » et les efforts de paix entre les Arabes et les Juifs.

La lettre de Zohar, adressée à Smotrich, faisait suite à des demandes similaires concernant des films israéliens. Zohar avait notamment demandé à la police d’interdire la projection du film « Lyd » à Jaffa en octobre, car ce film retrace les événements qui se sont déroulés dans la ville de Lod pendant la Guerre d’Indépendance de 1948.

Un autre film, « 1948, Remember, Remember Not », qui raconte les événements de la guerre de 1948 à travers des voix juives et arabes et des images d’époque, a également été récemment remis en question par le Conseil d’examen des films du ministère de la Culture, qui a averti les cinémathèques de Haïfa et de Jérusalem de ne pas projeter ce film, bien qu’il ait été projeté lors du festival du film DocAviv à la Cinémathèque de Tel Aviv l’année dernière.

Le film a ensuite été visionné par un panel mixte de représentants qui ont décidé de limiter son accès aux spectateurs âgés de 16 ans et plus.

Danny Wilensky, directeur du Solidarity Festival, a répondu à la lettre de Zohar que les films sur les objecteurs de conscience, « l’occupation » et l’identité nationale des Arabes en Israël ne constituaient pas une provocation, mais une réalité qui affecte l’ensemble de la population israélienne.

Wilensky a ajouté que la cinémathèque fonctionne conformément à la loi et qu’elle est attachée aux principes de la liberté d’expression et de la création artistique.

Il a fait remarquer que les films projetés lors de festivals ne nécessitent pas l’approbation du conseil du ministère de la Culture et que ce dernier n’a pas le droit de refuser de soutenir un contenu, afin de ne pas nuire à la liberté d’expression et de création.