Avec des pouvoirs limités, Avshalom Peled devient chef de la police par intérim

Le commissaire adjoint Avshalom Peled a succédé jeudi à Kobi Shabtaï et assurera à titre intérimaire les fonctions de chef de la police dans l’attente d’une nomination officielle par la commission consultative des hauts fonctionnaires et le gouvernement.

Peled a débuté sa carrière dans la police au sein de l’unité antiterroriste Yamam. Il a gravi les échelons et a occupé les postes de chef adjoint du district de Jérusalem et de chef du département de formation de la police, jusqu’à sa nomination au poste de commissaire adjoint par Shabtaï et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir l’année dernière.

Candidat controversé au poste de chef de la police, Peled a fait l’objet d’une enquête pour corruption en 2015. L’affaire a fini par être classée, mais le département des enquêtes internes de la police a recommandé de ne pas le promouvoir. Il a tout de même été promu.

Les détracteurs de Ben Gvir se méfient de Peled parce qu’il a été nommé par le ministre dont le désir d’affirmer un plus grand contrôle sur la police est bien connu et qui s’est montré ouvertement mécontent chaque fois que Shabtaï l’a défié sur des questions politiques.

Peled n’est pas non plus un choix populaire pour le poste de commissaire au sein de la police, et certains hauts responsables de la police ont confié aux médias, sous le couvert de l’anonymat, leur conviction que Peled servirait de sbire à Ben Gvir.

La chaîne publique Kan a indiqué que de nombreuses démissions étaient à prévoir si la nomination de Peled était confirmée.

Le bureau de la procureure générale Gali Baharav-Miara a annoncé jeudi que Peled ne serait pas habilité à prendre des décisions importantes ni à procéder à des nominations significatives au sein des forces de police tant que la commission consultative et le gouvernement n’auront pas formellement approuvé sa nomination à ce poste.

Dans un avis juridique remis à la commission la semaine dernière concernant l’aptitude de Peled à occuper le poste, Baharav-Miara a fait part de ses inquiétudes en raison de ses agissements douteux antérieurs.

La décision de la commission pourrait prendre des semaines, voire des mois, ce qui laissera la police sans chef officiel jusqu’à ce que l’affaire soit réglée.

La procureure générale Gali Baharav-Miara arrivant à la conférence du Jour de Jérusalem, au Musée des terres bibliques, à Jérusalem, le 5 juin 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

D’ici là, tout changement important de personnel ou de politique que Peled souhaiterait effectuer devra être soumis au bureau de Baharav-Miara pour approbation légale.

Ben Gvir a affirmé que Peled est « l’homme qu’il faut [pour le poste], au bon endroit et au bon moment ».

Ben Gvir et Peled se sont rencontrés lorsque l’officier était chef de la police du district de Hébron de 2007 à 2009 et que le législateur était un agitateur d’extrême-droite actif dans la région.

« Il m’a appris à aimer la police, à l’apprécier », a affirmé Ben Gvir lors de la cérémonie au cours de laquelle Peled a été nommé chef adjoint de la police l’année dernière. « Pendant la période où il a servi à Hébron, il a fait des miracles. »

Le commissaire de police par intérim Avshalom Peled (à droite) et le chef de l’administration pénitentiaire israélienne Kobi Yaakobi se rencontrent le 18 juillet 2024. (Crédit : Police israélienne)

Peled a pris ses fonctions de chef intérimaire lors d’une réunion avec le chef de l’administration pénitentiaire israélienne (IPS), Kobi Yaakobi, jeudi matin. Les porte-parole de la police et de l’IPS ont déclaré qu’il s’agissait de la première réunion officielle entre les deux hommes, mais n’ont pas fourni de détails sur le contenu de leurs discussions.

Peled succède à Shabtaï, dont la carrière de 33 ans a pris fin mercredi après trois ans et demi au poste de chef de la police. Une commission chargée d’enquêter sur la catastrophe du mont Meron en 2021 a jugé Shabtaï et d’autres fonctionnaires responsables de l’incident. Le rapport note que la commission avait recommandé que l’ancien chef de la police soit démis de ses fonctions, mais que cela s’avérait inutile, car Shabtaï avait déjà annoncé qu’il ne chercherait pas à prolonger son mandat.

Le chef de la police israélienne, Kobi Shabtaï, à gauche, et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, sur les lieux d’un attentat terroriste dans l’implantation de Maale Adumim en Cisjordanie, à l’extérieur de Jérusalem, le 1er août 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Les relations de ce dernier avec Ben Gvir ont été parfois houleuses, Shabtaï reprochant au ministre de politiser la police et d’ingérence.

Ben Gvir a tenté de limoger Shabtaï en mai, malgré le fait que l’ancien chef de la police avait déjà annoncé qu’il démissionnait. Ben Gvir a convoqué Shabtaï pour une audience que Baharav-Miara lui a demandé d’annuler, car il ne disposait pas de la base juridique nécessaire pour renvoyer Shabtaï.