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Joann Sfar accuse un député LFI d’avoir « traité un juif de nazi »

Le député Hadrien Clouet a accusé le dessinateur, dont une partie de la famille a été déportée à Sobibor, de « banaliser Jean-Marie Le Pen » et « d'invisibiliser le négationnisme »

(À droite) Le dessinateur Joann Sfar à la conférence « En l’absence de Pascin », au musée d'art et d'histoire du judaïsme, à Paris, le 8 février 2024. (Crédit : Rachel A. Silberman) ; (À gauche) Hadrien Clouet, membre du parti de gauche La France Insoumise (LFI) et député, s'exprime lors de la présentation d'un projet alternatif de réforme des retraites par le groupe de coalition de gauche NUPES, à Paris, le 30 janvier 2023. (Photo Bertrand GUAY / AFP)
(À droite) Le dessinateur Joann Sfar à la conférence « En l’absence de Pascin », au musée d'art et d'histoire du judaïsme, à Paris, le 8 février 2024. (Crédit : Rachel A. Silberman) ; (À gauche) Hadrien Clouet, membre du parti de gauche La France Insoumise (LFI) et député, s'exprime lors de la présentation d'un projet alternatif de réforme des retraites par le groupe de coalition de gauche NUPES, à Paris, le 30 janvier 2023. (Photo Bertrand GUAY / AFP)

« LFI va au-delà des outrances que Jean-Marie Le Pen ne s’est jamais permises ». Tout est parti de cette phrase, prononcée sur RTL le 20 janvier dernier par l’auteur et dessinateur juif Joann Sfar. Une phrase qui n’a pas du tout plu au député insoumis de Haute-Garonne Hadrien Clouet, qui a répliqué sur les réseaux sociaux.

Car Sfar est allé plus loin : il accuse le parti d’extrême-gauche La France insoumise d’avoir « utilisé l’antisémitisme pour rameuter la jeunesse », et les autres partis de gauche, notamment le Parti socialiste et Les Écologistes d’avoir, malgré cela, maintenu leur alliance avec LFI dans le cadre du Nouveau Front populaire.

Suite à la prise de parole de l’auteur, Hadrien Clouet a accusé Sfar de « réhabiliter les SS, d’invisibiliser le négationnisme, de banaliser les ‘blagues sur la Shoah’ ». Ces trois accusations font référence aux nombreux reproches faits à Jean-Marie Le Pen, fondateur du parti d’extrême-droite Front National, inculpé à plusieurs reprises pour incitation au racisme, à la haine, et pour apologie des crimes de guerre nazis, et mort le 7 janvier dernier.

S’en est suivi un échange très tendu entre les deux hommes. Joann Sfar a d’abord répondu sur son compte X, estimant que « d’ordinaire ce sont des trolls anonymes qui postent ce genre d’injures. Aujourd’hui c’est un député. Traiter un juif de nazi. Rendre des juifs responsables de l’antisémitisme. Bravo Hadrien Clouet ».

C’est ensuite le journaliste juif Claude Askolovitch qui a pris la défense du député LFI – dont il dit cependant qu’il « aurait gagné à parler posément » – affirmant que Sfar avait « tronquer et triturer » les mots d’Hadrien Clouet. Une accusation que l’auteur a rejetée, cette fois-ci sur Instagram, dans un message dans lequel il « maintient » ses propos.

Quatre jours après l’interview de Sfar sur RTL, le 24 janvier, Hadrien Clouet a publié un communiqué intitulé « Banaliser Le Pen, c’est banaliser le négationnisme », dans lequel il affirme que « la France insoumise porte un programme d’égalité absolue entre les êtres humains, donc de lutte contre les discriminations, les racismes, et l’antisémitisme ».

« Considérant que son propos [à Joann Sfar] contribue à banaliser ce qu’incarne et défendait Jean-Marie Le Pen, je lui ai répondu, sous le coup de l’émotion, dans le format trop court des réseaux sociaux et avec une virulence que je juge rétrospectivement excessive […] Je déplore que M. Sfar ait tenté de déformer mes propos en les tronquant. Personne ne le traite de nazi, ce qui serait une absurdité », a écrit le député.

De son côté, Joann Sfar a estimé que « ce texte me semble encore plus inexcusable que la première attaque de Hadrien Clouet . En termes cauteleux il réaffirme que je banaliserais le négationnisme ou servirais de caution à l’antisémitisme ».

« Rappelons que 92% des Français de culture ou religion juive considèrent LFI responsable de la montée de l’antisémitisme en France », a-t-il ajouté, citant un récent sondage effectué par l’Ifop qui montre que l’écrasante majorité des Juifs interrogés désignaient La France insoumise comme le premier parti vecteur d’antisémitisme en France.

Publication de Joann Sfar sur Instagram, datant du 25 janvier 2025, dans laquelle le dessinateur cite un sondage de l’Ifop et s’attaque implicitement à La France insoumise. (Capture d’écran Instagram / @joannsfar)

« Mon grand-père a combattu les nazis fusil au poing et fut naturalisé Français pour services rendus a la patrie tandis que toute sa famille était réduite en fumée à Sobibor. Vous n’avez rien a faire en politique ou dans l’espace public. Et votre parti répand la haine et l’antisémitisme », a-t-il conclu.

Dans une publication distincte, datant du 24 janvier 2025, Sfar affirme que « la rage antijuive se réinvente à chaque génération, avec de nouveaux mots et de nouveaux visages. La conséquence est de mettre en danger les Français de culture ou de religion juive. C’est devenu le fonds de commerce de LFI dont je n’attends rien ».

« Ce soir un député LFI a émis à mon encontre des injures qui relèvent évidemment des tribunaux, et il le sait parfaitement parce qu’il a rétropédalé quelques heures plus tard sans pour autant s’excuser. Lui qui prétend connaître mes oeuvres sait sans doute parfaitement, en cette semaine de tristes commémorations, où a fini ma famille maternelle », a-t-il ajouté. La famille du grand-père maternelle de Sfar a été déportée durant la Seconde Guerre mondiale. Cette semaine verra les commémorations du 80e anniversaire de la libération du camp nazi d’Auschwitz-Birkenau.

Invité sur LCI samedi 25 janvier, Sfar a annoncé qu’il réfléchissait à « porter plainte » contre Hadrien Sfar.

« Il faut arrêter de se répéter que l’antisémitisme c’est uniquement à l’extrême-droite. [Jacques] Doriot, il venait de la gauche et de l’extrême-gauche. [Pierre] Laval aussi », a-t-il déclaré.

Joann Sfar a récemment publié « Que faire des Juifs ? », une bande-dessinée dans laquelle il explore sa propre identité et la guerre israélo-palestinienne.

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