Il y a 10 ans, 300 rescapés commémoraient la libération d’Auschwitz. Cette année, ils seront 50
3 000 personnes sont attendues à la cérémonie du 27 janvier, au cours de laquelle des délégations internationales commémoreront les 80 ans de la libération du plus grand camp de la mort nazi

Pour Lea Ganor, militante engagée dans la préservation de la mémoire de la Shoah, se rendre d’Israël en Pologne pour le 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau est une mission sacrée.
« Je pense que c’est notre mission de vie que d’être là, en tant qu’Israéliens, en tant qu’enfants de survivants. Je pense que notre présence revêt une grande importance, surtout à l’époque où nous vivons avec l’antisémitisme dans le monde et la situation compliquée dans laquelle se trouve Israël », a confié Ganor au Times of Israel.
Résidente du nord d’Israël, Ganor s’efforce depuis longtemps de nouer des relations entre Israéliens et Polonais. Elle se rend en Pologne plusieurs fois par an pour, par exemple, tisser des liens entre villes jumelées et organiser des réunions entre dirigeants municipaux israéliens et polonais.
Ganor fait partie des 3 000 personnes qui devraient assister à la cérémonie du 27 janvier marquant la libération d’Auschwitz-Birkenau en 1945. Un million de Juifs de toute l’Europe ont été assassinés dans ce camp de la mort construit par les Allemands pendant la Shoah, ainsi que 100 000 victimes d’autres groupes ciblés par les nazis.
En Israël, Ganor a fondé le Centre Mashmaout pour le militantisme dans le domaine de la Shoah en 1994. Elle est également responsable des affaires étrangères de Kiryat Motzkin, sa ville natale située à l’extérieur de Haïfa.

« Notre délégation en Pologne bâtit des ponts », a déclaré Ganor.
Le groupe de Kiryat Motzkin comprend le maire de la ville, les directeurs d’école, ainsi que plusieurs enseignants, a déclaré Ganor. « La chose la plus importante est de rencontrer des gens pour planifier des projets
communs », a-t-elle déclaré.
En 2015, Ganor a assisté à la cérémonie marquant les 70 ans de la libération d’Auschwitz-Birkenau. Il y a dix ans, 300 survivants avaient participé à la commémoration. À la fin du mois, 50 survivants devraient participer à la cérémonie, selon le musée d’État d’Auschwitz-Birkenau.
Alors que certains Juifs associent les séjours en Pologne à la sinistrose, Ganor ne voit pas les choses de la même manière. Depuis des décennies, elle a noué des relations avec des Polonais qui sont également attirés par son travail de mémoire sur la Shoah. Ce sont ses amis, dit-elle.
« Je pense que nous serons en sécurité et entourés d’amis », a-t-elle déclaré. « C’est un peu comme la lumière dans les ténèbres. Si vous restez bloqué dans le passé, vous ne pouvez pas aller de l’avant », a déclaré Ganor.

La commémoration du 27 janvier a fait les gros titres il y a plusieurs semaines, lorsqu’il semblait possible que le Premier ministre Netanyahu soit arrêté s’il atterrissait en Pologne. La menace a été écartée, mais le musée d’Auschwitz-Birkenau a déclaré que les politiciens ne seraient pas autorisés à prendre la parole durant la cérémonie.
« Le silence est également une réponse naturelle au vide que les survivants laisseront derrière eux. Il ne serait pas bon que leur place soit occupée uniquement par des voix de politiciens, d’historiens ou d’artistes », a déclaré Piotr M.A. Cywinski, directeur du musée d’Auschwitz-Birkenau.
« L’avenir de la cérémonie du 27 janvier doit être redéfini. Lorsque les derniers survivants seront partis, nous devrons nous inspirer davantage de l’héritage qu’ils nous ont laissé », a déclaré Cywinski.

Il y a deux ans, Cywinski avait protesté contre l’invasion de l’Ukraine par la Russie lors de la cérémonie de libération. Accusant Poutine de
« mégalomanie maladive », Cywinski avait comparé les atrocités de guerre commises par Poutine à celles commises par Hitler.
« Des choix difficiles s’offrent à nous, mais pour l’instant, concentrons-nous sur les survivants et ne hâtons pas, même en pensée, ce qui arrivera inévitablement un jour », a déclaré Cywinski au Times of Israel.
« Le dernier grand événement »
De nombreuses personnes qui assisteront à la commémoration n’ont jamais visité l’ancien camp de la mort, et encore moins la Pologne.
« Ma grand-mère était une survivante d’Auschwitz et, pendant sa détention, elle n’avait probablement jamais imaginé qu’elle aurait un jour des petits-enfants qui retourneraient au camp », a déclaré Mollie Bowman, directrice générale de Living Links.
« Assister à un événement commémoratif marquant les 80 ans de la libération est une puissante réappropriation de notre récit familial, un témoignage de tout ce qui peut changer en une génération, et un rappel de ne pas considérer nos libertés – peut-être plus fragiles aujourd’hui qu’elles ne l’ont été au cours des 80 dernières années – comme acquises », a déclaré Mollie Bowman au Times of Israel.

Jenna Price, de Gainesville, en Floride, se rend en Pologne avec l’Association des organisations de l’Holocauste (AHO). Descendante de victimes de la Shoah, Jenna Price travaille pour « Teach the Shoah », qui déploie des conteurs dans les écoles et les entreprises à travers les États-Unis.
« Je voulais raconter l’histoire de ma famille, mais je ne savais pas comment l’organiser », a raconté Price au Times of Israel.
« Le fait d’aller sur place en personne rendra l’histoire beaucoup plus réelle pour moi et me permettra d’établir un lien plus étroit. Cela se reflétera dans mes propres récits dans les écoles », a-t-elle ajouté.
La délégation de l’AHO à laquelle participe Price sera dirigée par l’historien Michael Berenbaum, l’un des plus grands spécialistes mondiaux de la Shoah.
Membre de la commission internationale d’Auschwitz, Berenbaum conduira le groupe de l’AHO sur les sites du sud de la Pologne. Il tiendra également un dialogue public avec le cardinal de Cracovie sur les aspects religieux de la Shoah.

Berenbaum a souligné l’importance de la présence du roi Charles de Grande-Bretagne à la cérémonie d’Auschwitz. La grand-mère du roi a sauvé des Juifs pendant la Shoah et, plus d’un demi-siècle plus tard, son petit-fils, en tant que prince de Galles, a été la force motrice de l’ouverture du florissant centre communautaire juif de Cracovie.
« Ce sera le dernier grand événement organisé en présence de survivants. Il revêt donc une signification toute particulière », a déclaré Berenbaum.
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