Les vignerons du Neguev visitent des établissements vinicoles en Espagne

Une vingtaine d’établissements vinicoles israéliens de la région du Neguev, dont plusieurs communautés des kibboutzim de l’enveloppe de Gaza, ont passé plusieurs jours en Espagne en mars pour visiter une région viticole semblable à la leur, mais avec 40 ans d’avance.

« L’idée était de trouver une région semblable aux vignobles du Neguev », explique Nicole Hod Stroh, PDG de la Fondation Merage Israel qui a financé le déplacement. « Les établissements vinicoles espagnols ont des années d’avance sur le Neguev, mais c’est réalisable. »

Le groupe comptait des représentants de vignobles et d’établissements vinicoles – des nouveaux et d’autres, plus établis, et même de petits établissements vinicoles des kibboutzim Beeri, Nir Oz et Or Haner, communautés durement touchées par l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 mais qui n’en continuent pas moins de faire du vin.

Merage est une organisation philanthropique familiale américaine qui vient en aide aux initiatives vouées à développer le potentiel touristique du Neguev.

Les vignobles du désert du Neguev se sont regroupés sous l’impulsion de Merage il y a de cela plusieurs années pour en faire un consortium de vignobles, de façon à obtenir une appellation d’origine contrôlée, reconnaissance officielle de son statut de région viticole distincte des autres en Israël. En août 2020, l’octroi de l’appellation d’origine contrôlée « Judée » a fait de cette région la toute première région viticole officielle d’Israël.

Hod Stroh estime que le Neguev est « une zone au potentiel largement sous-exploité ».

Des viticulteurs israéliens du Neguev visitent Madrid en mars 2025 avec la Fondation Merage, dans le cadre d’une initiative vouée à obtenir une appellation d’origine contrôlée pour les vins du Neguev (Javier Schejtman)

En Espagne, le groupe a passé plusieurs jours dans des établissements vinicoles de la région viticole de la Riviera del Duero, visité des caves souterraines, rencontré des vignerons du cru et pris part à des dégustations.

« Les Espagnols étaient très heureux de nous recevoir et très curieux de connaître les vins israéliens et notre vinification et aussi de parler irrigation, changement climatique », explique Hod Stroh. « Ils nous ont appris des choses de leur région, de leurs techniques de vinification, de leurs projets touristiques. »

Il y a eu une certaine nervosité à l’idée d’emmener un groupe d’Israéliens en Espagne, compte tenu de la vague antisémite qui a déferlé sur l’Europe, poursuit Hod Stroh, mais il n’y a eu aucun problème lors de ce voyage. Le gouvernement espagnol a fait preuve depuis le pogrom du 7 octobre d’une grande hostilité à l’égard de l’État hébreu.

« C’est une lueur d’espoir, ou le signe que la situation n’est pas aussi désespérée que nous le pensons », ajoute-t-elle.

Le dernier jour, ils ont participé à une conférence à Madrid avec plusieurs dizaines de chefs cuisiniers et sommeliers espagnols, autour de dégustations de vins du Neguev et de discussions sur les défis et opportunités de la culture de la vigne en climat désertique.

Depuis le 7 octobre, Merage a donné dans l’aide d’urgence en aidant à vendre les produits des établissements vinicoles existants.

« Nous avons vu ces dix-huit derniers mois que nous pouvions aider le Neguev occidental à se développer après la guerre », souligne Hod Stroh.

Nicole Hod Stroh, PDG de la Fondation Merage Israël, qui a fait venir des viticulteurs israéliens du Neguev pour visiter la région viticole espagnole de la Riviera del Duero, en mars 2025. (Javier Schejtman)

La fondation affirme depuis longtemps que les vins du Neguev sont un des facteurs de développement touristique de la région et que l’enveloppe de Gaza – région la plus touchée par l’attaque du 7 octobre – en est une partie essentielle.

Merage a l’intention d’investir de façon à développer l’agro-tourisme, sans oublier les petits producteurs et artisans – fromageries, établissements vinicoles et autres projets culinaires.

« Notre but est d’inventer une nouvelle forme de tourisme », explique Hod Stroh. « Il y a des centaines de délégations qui viennent dans le Neguev [depuis l’attaque du Hamas] et nous voulons leur dire : « Oui, le 7 octobre est arrivé, mais il y a aussi une industrie agro-touristique florissante. »