Sixième libération d’otages : Une nouvelle fille, un père assassiné, un frère captif

Les trois ex-otages israéliens libérés par des groupes terroristes de Gaza samedi ont rapidement retrouvé leurs familles, dans une atmosphère mêlant joie et excitation, mais aussi tristesse et douleur. L’un des otages a appris le prénom de sa fille, née deux mois après son enlèvement, et il s’est dit ravi. Un autre a appris que son père avait été tué le 7 octobre 2023. L’un des frères du troisième est toujours aujourd’hui en captivité dans les geôles du groupe terroriste palestinien du Hamas.

Après avoir été transférés à la Croix-Rouge, Sagui Dekel-Chen, Sasha Trufanov et Yaïr Horn ont été remis aux forces spéciales de l’armée israélienne qui les ont escortés hors de la bande de Gaza, jusqu’à une base militaire près de Reïm, où ils ont retrouvé leur famille proche et où ils ont été soumis à des examens médicaux de base.

Après avoir déterminé qu’ils n’avaient pas besoin d’être évacués en urgence vers les hôpitaux voisins après 498 jours de détention passés entre les mains du Hamas et du Jihad islamique palestinien, les trois otages et les membres de leur famille ont été transportés par hélicoptère vers les hôpitaux Sourasky et Sheba, dans le centre d’Israël, où ils devaient être placés en observation et commencer leur rééducation.

« Tu te souviens comment tu l’avais appelée ? »

Saguin, 36 ans, citoyen américano-israélien, a retrouvé sa femme Avital, enceinte de sept mois lorsqu’il a été pris en otage, sa mère Neomit, qui a également été brièvement capturée par des terroristes le 7 octobre avant de réussir à s’échapper, et son père Jonathan.

Une vidéo publiée par l’armée a montré les retrouvailles. « Tu es un champion », lui a dit Avital en pleurs tout en l’enlaçant.

L’ex-otage Sagui Dekel-Chen retrouvant sa femme Avital à son retour en Israël après 498 jours de captivité à Gaza, le 15 février 2025. (Crédit : Armée israélienne)

« Tu as tant pris soin de moi et t’es tant occupée de moi », a déclaré Sagui à sa mère, qui l’a serré dans ses bras en silence.

Le père de Sagui, Jonathan, professeur à l’Université hébraïque né dans le Connecticut, l’a accueilli en anglais en lui disant « bon retour » tout en le serrant dans ses bras et en l’embrassant deux fois sur la joue.

Cependant, le moment le plus émouvant a été lorsque Sagui a découvert le nom de sa troisième fille, née deux mois après son enlèvement et qui a maintenant plus d’un an.

« Tu te souviens comment tu l’avais appelée ? », a demandé Avital à Sagui, en référence au surnom qu’il avait donné à son petit ventre rond.

« Mazal ! » s’est-il exclamé, surpris.

« Ben c’est comme ça qu’elle s’appelle, Shachar Mazal », a répondu Avital.

« C’est parfait », a-t-il dit.

Shachar signifie « aube » en hébreu ; Mazal signifie « chance ».

L’ex-otage Sagui Dekel-Chen lors de son retour en Israël après 498 jours de captivité à Gaza, le 15 février 2025. (Crédit : Armée israélienne)

Selon la chaîne N12, Sagui a été informé de la naissance de sa fille par les membres de l’armée israélienne venus le récupérer auprès des secouristes de la Croix-Rouge.

Interrogé sur son état de santé, la chaîne a déclaré que Sagui avait répondu : « Je vais bien, je vais bien, j’ai une fille. »

Une autre photo a montré Sagui avec sa femme dans un hélicoptère de l’armée israélienne en route pour l’hôpital. Sur un tableau blanc, Sagui a écrit à ses filles : « Bari, Gali, Shachar, merci de veiller sur moi. Papa est en route. »

Sagui avait vu des terroristes du Hamas entrer à Nir Oz et il avait été l’un des premiers à donner l’alerte. Selon son père, il avait donné pour la dernière fois de ses nouvelles à 9 h 30 dans la matinée du 7 octobre 2023.

L’ex-otage Sagui Dekel-Chen dans un hélicoptère de l’armée israélienne avec sa femme Avital en route pour l’hôpital ; sur un tableau blanc, des cœurs sont dessinés à côté des prénoms de leurs trois filles, Bar, Gali et Shachar :: « Bar, Gali, Shachar, merci de veiller sur moi. Papa est en route. », le 15 février 2025. (Crédit : Autorisation)

Selon sa famille, Sagui travaillait dans l’atelier d’usinage du kibboutz lorsque l’assaut avait commencé. Après s’être assuré que sa femme et ses enfants étaient en sécurité dans le mamad – abri anti-atomique – de leur maison, il avait affronté les terroristes et il avait été pris en otage.

Nous devons ramener Eitan pour que notre famille puisse vraiment respirer

Pour l’Argentin-Israélien Yaïr, les retrouvailles avec sa famille ont au une saveur amère. Son frère Eitan est toujours retenu en otage et il ne devrait pas être libéré lors de la première phase de l’accord de cessez-le-feu.

La mère de Yaïr, Ruth Strom, et son frère Amos l’ont accueilli dans les locaux de l’armée israélienne, et tous deux l’ont embrassé en silence.

Le père de Yaïr, Itzik, devait le retrouver plus tard à l’hôpital Sourasky de Tel Aviv, où il se remet lui-même d’une greffe de rein.

« Maintenant, nous pouvons respirer un peu. Notre Yaïr est rentré chez lui après avoir survécu à l’enfer de Gaza. Nous devons maintenant ramener Eitan, son frère otage, pour que notre famille puisse vraiment respirer », a déclaré la famille dans un communiqué émis après la libération de Yaïr.

L’ex-otage Yaïr Horn (de dos) enlaçant son frère Amos et sa mère Ruth Strom, dans un centre militaire près de la frontière de Gaza, le 15 février 2025. (Crédit : Armée israélienne)

L’amour de Yaïr pour son équipe de football préférée, Hapoel Beer Sheva, a été au centre de sa libération.

Son frère Amos portait un maillot Hapoel pour l’accueillir et les pilotes d’hélicoptère de l’armée de l’air israélienne ont accédé à sa demande de survoler le stade Turner, domicile de l’équipe, alors qu’il était transporté par hélicoptère vers un hôpital, la foule l’acclamant à son passage.

מרגש עד דמעות: לבקשתו האישית, המסוק ובו יאיר הורן ערך סיבוב מעל אצטדיון טרנר לפני ההגעה לבית החולים ❤️ pic.twitter.com/b7AiqvdTG3

— Hapoel Be'er Sheva ???????? (@HBS_FC) February 15, 2025

Dans sa chambre d’hôpital, des accessoires du club Hapoel Beer Sheva étaient visibles, notamment des peluches et un maillot personnalisé.

Yaïr est connu pour organiser des fêtes de Pourim et pour gérer le pub du kibboutz. Ses amis et sa famille le décrivent comme quelqu’un qui aime la vie et qui est profondément attaché à sa famille et à la communauté du kibboutz.

L’ex-otage Yaïr Horn lors de son retour en Israël après 498 jours de captivité à Gaza, le 15 février 2025. (Crédit : Armée israélienne)

Deuil profond pour un père bien-aimé

L’armée n’a pas publié de séquence vidéo montrant les retrouvailles entre Sasha et sa mère Yelena, qui est devenue pratiquante au cours de l’année écoulée. Elle s’est rendue sur place vendredi pour éviter de le faire pendant Shabbat.

La joie de la libération de Sasha s’est mêlée à la tristesse lorsqu’il a été informé que son père, Vitaly, avait été tué le 7 octobre lors du pogrom perpétré par le Hamas.

« Le fait de le savoir – ou pas – transformera complètement son retour d’une journée de grande joie en une journée de deuil profond pour son père bien-aimé », avait déclaré la famille dans un communiqué lors de sa libération.

L’ex-otage Sasha Trufanov lors de son retour en Israël après 498 jours de captivité à Gaza, le 15 février 2025. (Crédit : Armée israélienne)

Sasha, 29 ans, avait été pris en otage avec trois membres de sa famille – sa grand-mère Irena Tati, sa mère et sa petite amie Sapir Cohen – dans leur maison de la communauté frontalière de Gaza. Les trois femmes avaient été libérées lors de la trêve conclue fin novembre 2023.

Moscou a fait pression à plusieurs reprises pour obtenir la libération de Sasha depuis son enlèvement, y compris depuis l’annonce du cessez-le-feu de janvier. Il était détenu par le groupe terroriste du Jihad islamique palestinien, qui a publié plusieurs vidéos de lui en captivité.

Sasha travaillait comme ingénieur dans la division cloud d’Amazon. Sa famille a émigré de Russie en Israël il y a 25 ans.