Dekel-Chen, Trufanov et Horn de retour en Israël après 498 jours de captivité
Ces Israéliens ont défilé sur scène, escortés par des terroristes armés, avant d'être remis à la Croix-Rouge ; Sagui s'est réjoui d'apprendre la naissance de sa 3ᵉ fille ; Sasha a été informé de la mort de son père
Les otages libérés Sagui Dekel-Chen, Sasha Trufanov et Yaïr Horn sont rentrés en Israël samedi matin, après avoir été exhibés sur une scène dans le sud de Gaza lors d’une cérémonie de libération à forte teneur propagandiste qui avait été organisée par les groupes terroristes du Hamas et du Jihad islamique palestinien. Ils sont restés en captivité pendant 498 jours.
Sasha, qui avait été détenu par le Jihad islamique palestinien, a été le premier à sortir d’un véhicule et à être conduit sur la scène. Sagui et Yaïr, qui avaient été prisonniers du Hamas, ont ensuite été amenés sur scène. Les deux hommes portaient des survêtements noirs et crème assortis, contrairement à la précédente libération d’otages où les hommes étaient habillés en prisonniers ou en soldats.
Sagui et Yaïr, tous deux paraissant très amaigris, ont été parfois soutenus par les terroristes armés du Hamas qui les ont emmenés sur scène. Yaïr semblait boiter et s’agripper à une rampe pour se soutenir.
Ils semblaient en meilleure condition physique que les trois otages gravement décharnés qui ont été libérés la semaine dernière, dans des images qui ont choqué Israël et qui ont suscité une vague de colère.
Les proches des trois ex-otages ont poussé des cris de soulagement et de joie en voyant les images de leur libération. Des centaines de personnes s’étaient également rassemblées sur la Place des Otages, à Tel Aviv, pour assister à leur libération.
Peu après sa remise en liberté, Sagui a appris qu’il avait une troisième fille, née deux mois après son enlèvement – et il aurait été ravi d’apprendre la nouvelle. En revanche, Sasha a été informé que son père avait été assassiné par des terroristes du Hamas le 7 octobre 2023.

Samedi, Israël devait libérer 369 détenus palestiniens et prisonniers de sécurité, dont 36 terroristes condamnés à perpétuité pour avoir assassiné des dizaines de personnes, en échange des trois otages. Les 333 autres ont été arrêtés à Gaza après le 7 octobre, au cours de la guerre.
Sur scène, les trois hommes ont été contraints de prononcer de brefs discours en hébreu, exhortant le gouvernement israélien à poursuivre la phase suivante de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages et à ramener tous les captifs.
Ils ont ensuite été remis à des membres de la Croix-Rouge, qui les ont conduits à des soldats de l’armée israélienne dans un deuxième lieu situé dans la bande de Gaza. De là, ils ont été transportés en Israël pour de premiers examens médicaux et pour retrouver leurs familles.
Propagande et avertissements

Leurs geôliers masqués ont remis trois « cadeaux » commémoratifs lors de leur cérémonie de libération, ce que le groupe terroriste a fait lors de toutes les libérations précédentes. Les trois ex-otages ont également été vus tenant un « certificat de libération » ainsi qu’une broderie représentant une carte des frontières revendiquées de « la Palestine ».
Yaïr a également reçu un sablier sur lequel figuraient des images de l’otage Matan Zangauker et de sa mère, Einav, avec le texte suivant : « Le temps presse ». Einav est l’une des militantes les plus actives qui font pression sur le gouvernement de manière à ce que ce dernier obtienne un accord qui permettrait la libération de tous les otages restants. Matan ne devrait pas être libéré lors de la première phase de l’accord.
La scène était décorée de drapeaux du Hamas et du Jihad islamique palestinien, ainsi que d’affiches de propagande, dont une photo du chef du Hamas assassiné Yahya Sinwar regardant le Dôme du Rocher sur le mont du Temple à Jérusalem avec une légende écrite en anglais, en hébreu et en arabe disant « Pas de migration sauf vers Jérusalem », une allusion à l’appel lancé par le président américain Donald Trump à déplacer les Gazaouis.
Une autre affiche montrait des images aériennes des communautés et des bases que le Hamas avait pris d’assaut lors de son massacre perpétré le 7 octobre 2023, avec la légende « Nous avons traversé rapidement ».

On pouvait également voir des terroristes armés du Hamas portant des uniformes de l’armée israélienne et brandissant des armes israéliennes volées le 7 octobre.
Des centaines de Palestiniens s’étaient rassemblés pour assister à la cérémonie, au cours de laquelle des drapeaux du Hamas, du Jihad islamique et palestiniens ont flotté autour de la scène et où de la musique festive a retenti. La zone où se trouvait l’estrade était bouclée par des terroristes armés, masqués et lourdement armés.
Mais il n’y a pas eu de répétition de la récente libération chaotique d’Arbel Yehud et de Gadi Mozes les otages avaient alors été conduits à travers une foule en ébullition jusqu’à la scène lors d’une cérémonie qui avait été organisée sur le même site, près de la maison détruite de Sinwar.
Des terroristes armés du Hamas patrouillaient sur le toit d’un bâtiment détruit surplombant le site de la remise en liberté des captifs. La zone était complètement entourée de bâtiments rasés et de décombres – c’est là que les combats les plus violents avaient eu lieu pendant la guerre.

Avant sa libération, le Jihad islamique palestinien a publié deux vidéos de propagande montrant Sasha. L’une d’entre elles montrait des terroristes du Jihad islamique palestinien remettant à Sasha un document contenant la « décision de le libérer ». Dans cette vidéo, on voyait Sasha détenu dans un tunnel.
Le Jihad islamique palestinien a diffusé plusieurs vidéos de Sasha pendant sa captivité, dont une vendredi soir le montrant marchant sur la côte de Gaza. La famille de Sasha a demandé aux médias de ne pas publier la vidéo ni les photos des dernières vidéos.
La libération des trois otages, tous enlevés au kibboutz Nir Oz lors du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, est intervenue après une semaine d’incertitude et de doute.
Vendredi, le Hamas a informé Israël, par l’intermédiaire de médiateurs égyptiens et qataris, de l’identité des trois otages qui devaient être libérés, après avoir renoncé jeudi à sa menace de retarder la prochaine libération de captifs. En début de semaine, le Hamas avait accusé Israël de ne pas avoir respecté ses obligations d’aide dans le cadre de la trêve. Israël avait rejeté cette accusation et menacé de reprendre la guerre.

Ces derniers jours, Israël avait semblé approuver l’exigence du président américain Donald Trump de libérer rapidement tous les otages, et pas seulement les trois prévus pour la prochaine libération. Le pays était toutefois resté vague sur la question.
Selon certaines informations, Jérusalem continuerait de faire pression pour que d’autres otages encore en vie soient libérés dans les prochains jours. Cependant, un haut responsable arabe a déclaré jeudi au Times of Israel qu’il était peu probable que le groupe terroriste s’écarte du calendrier initial de l’accord.
Trois otages libérés par le Hamas le week-end dernier – Eli Sharabi, Or Levy et Ohad Ben Ami – sont revenus décharnés, mal nourris et souffrant de graves problèmes de santé.

Sasha, heureux d’être libéré, en deuil en apprenant que son père a été tué
Le citoyen russo-israélien Sasha, 29 ans, avait été pris en otage avec trois membres de sa famille – sa grand-mère Irena Tati, sa mère Yelena (Lena) et sa petite amie Sapir Cohen – dans leur maison de la communauté frontalière de Gaza. Son père, Vitaly Trufanov, avait été tué lors de l’assaut.
En novembre 2023, le Hamas avait libéré ces trois femmes dans le cadre d’une trêve d’une semaine.
Dans une déclaration faite après sa libération, la famille a déclaré qu’elle était « submergée d’émotion et de gratitude pour le retour de Sasha chez lui après 498 jours longs et tourmentés de captivité ».

« Le 7 octobre, Sasha a été brutalement enlevé à son domicile et blessé par balle aux deux jambes. Le voir aujourd’hui nous renforce et nous donne beaucoup d’espoir concernant le long processus de rééducation qui l’attend », indique le communiqué.
Cependant, ils ont également précisé qu’ils ignoraient si Sasha savait que son père avait été tué. « Le fait de le savoir – ou pas – transformera complètement son retour d’une journée de grande joie en une journée de deuil profond pour son père bien-aimé. »
Yelena est arrivée vendredi sur le site où elle retrouvera son fils. Elle est devenue pratiquante l’année dernière et elle s’est rendue sur le site près de la frontière avec Gaza un jour plus tôt pour éviter de voyager pendant Shabbat.
« Je vous demande à tous d’allumer les bougies du Shabbat avec joie », a-t-elle déclaré dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

« Faites un vœu pour que tous nos otages rentrent bientôt chez eux et qu’il y ait la paix, le calme et la tranquillité en Terre d’Israël pour la nation d’Israël, » a-t-elle ajouté.
Selon une biographie publiée par sa famille, Sasha travaille comme ingénieur dans la division cloud d’Amazon. Sa famille a émigré de Russie en Israël il y a 25 ans.
Moscou a fait pression à plusieurs reprises pour obtenir la libération de Sasha depuis son enlèvement, y compris depuis l’annonce du cessez-le-feu du mois de janvier.
Sapir a raconté avoir vu des terroristes armés s’emparer d’un Sasha ensanglanté le 7 octobre – ses derniers mots à elle avaient été : « Non, non ! » Au mois de mai 2024, le Jihad islamique palestinien avait publié une vidéo de Sasha, suivie d’une autre en novembre 2024, après son deuxième anniversaire en captivité.

Sagui apprend qu’il a une fille d’un an
Sagui, 36 ans, citoyen américano-israélien, avait vu des terroristes du Hamas entrer à Nir Oz et il avait été parmi les premiers à donner l’alerte. Selon son père, Jonathan Dekel-Chen, professeur à l’Université hébraïque et également habitant de Nir Oz, il avait donné des nouvelles pour la dernière fois le 7 octobre 2023 à 9h30.
Selon sa famille, Sagui travaillait dans l’atelier d’usinage du kibboutz lorsque l’assaut avait commencé. Après s’être assuré que sa femme et ses enfants étaient en sécurité dans le mamad – abri anti-atomique – de leur maison, il avait affronté les terroristes et il avait été pris en otage.
La mère de Sagui, Neomit, avait été emmenée en captivité avec ses voisins dans une voiturette électrique qui se dirigeait vers Gaza lorsqu’un hélicoptère de l’armée israélienne avait tiré sur les terroristes et sur le conducteur. Neomit, blessée, avait réussi à regagner le kibboutz et elle avait finalement été secourue et évacuée.

Sa femme Avital, alors enceinte, et leurs deux jeunes filles avaient également survécu au massacre de Nir Oz. Sa troisième fille, Shachar, née deux mois plus tard, avait célébré son premier anniversaire, au mois de décembre, sans son père.
Selon la chaîne N12, Sagui était « tout sourire » lorsque les responsables israéliens lui ont annoncé qu’il avait une fille d’un an.
Interrogé sur son état de santé, la chaîne a déclaré que Sagui avait répondu : « Je vais très bien, je vais très bien, j’ai une fille. »
« Notre Sagui est rentré chez lui. Un ami, un fils, un partenaire et surtout un père est de retour. 498 jours, presque 500 jours, il était si loin et maintenant il est enfin sur le sol israélien, il est avec nous », a déclaré sa famille dans un communiqué après sa libération.

« Dans les prochaines heures, il commencera son processus de réadaptation. Il rencontrera ses filles Gali et Bar, et il rencontrera pour la première fois sa petite fille, Shahar, qui est née pendant qu’il était en captivité. Nos cœurs sont remplis de tristesse pour tout ce qu’il a manqué, mais maintenant il est là, contrairement à beaucoup d’autres. »
Selon une biographie fournie par sa famille, Sagui est un entrepreneur social et commercial. Il est le cofondateur du Bikurim Youth Village et un joueur de tennis passionné. Ses amis et sa famille le décrivent comme une personne créative, honnête et humble.

Nous pouvons respirer un peu, dit la famille de Yaïr Horn ; l’attente continue pour son frère
Citoyen argentin-israélien, Yaïr, 46 ans, avait également été enlevé à son domicile le 7 octobre, alors que des terroristes du Hamas se déplaçaient en masse dans le kibboutz, tuant ou kidnappant un quart des habitants de la communauté du sud.
Son jeune frère, Eitan Horn, 38 ans, qui était en visite à Kfar Saba pour le week-end de fête, avait également été enlevé et il est toujours détenu à Gaza. Il ne figure pas sur la liste des cas « humanitaires » – femmes, enfants, personnes âgées et infirmes – dont la libération est prévue dans la première phase du cessez-le-feu.
« Maintenant, nous pouvons respirer un peu. Notre Yaïr est rentré chez lui après avoir survécu à l’enfer à Gaza. »

« Maintenant, nous devons ramener Eitan pour que notre famille puisse vraiment souffler », a déclaré la famille dans un communiqué après la libération.
Selon une biographie fournie par sa famille, Eitan est connu pour organiser des fêtes de Pourim et pour gérer le pub du kibboutz. Il est également un fervent supporter du club de football Hapoel Beer Sheva. Ses amis et sa famille le décrivent comme un être qui aime la vie, comme quelqu’un de profondément attaché à sa famille et à sa communauté du kibboutz.

Suite à la libération de samedi, en vertu des termes du cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier, quatorze otages doivent encore être libérés dans le cadre de la première phase de l’accord, dont six seraient encore en vie.
Le groupe terroriste a libéré 19 Israéliens et cinq Thaïlandais dans le cadre de cet accord, qui exige également qu’Israël relâche près de 2 000 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité nationale en Israël, dont des centaines de terroristes condamnés à perpétuité ou à de longues peines pour des attentats.
Cependant, de sérieux doutes subsistent quant aux étapes ultérieures de l’accord, qui n’ont pas encore été négociées.
On estime que 70 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 35 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.
Le groupe terroriste avait libéré 105 civils lors d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre 2023, et quatre otages avaient été libérées auparavant.
Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 40 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par Tsahal.
Deux Israéliens avec le drapeau national autour des épaules se tiennent devant un grand écran sur la Place des Otages à Tel Aviv alors que des gens se sont rassemblés tôt le 15 février 2025 pour assister à la prochaine libération par le Hamas de trois otages. (Photo de Jack GUEZ / AFP)
Le groupe terroriste palestinien détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que le corps d’un soldat de Tsahal tué en 2014. Le corps d’un autre soldat de Tsahal, également tué en 2014, a récemment été récupéré à Gaza lors d’une opération militaire israélienne secrète.