Un groupe Facebook dédié à l’histoire britannique « plaisante » sur la photo des lieux d’un pogrom

JTA — La page Facebook de British History a des membres dévoués mais pas particulièrement réactifs. Plusieurs fois par jour, elle publie des images et des faits tirés de l’histoire britannique, qui ne lui valent que de rares commentaires et emojis « pouce levé ».

Mais lorsque la page a publié une image de la tour Clifford de York, en Angleterre, le week-end dernier, en leur expliquant que li lieu avait été le théâtre du pogrom de 150 Juifs en 1190, les réactions ont été très différentes.

Plus de 1 600 personnes ont en effet réagi avec l’emoji « rire » proposé par Facebook, signe qu’elles prenaient à la légère l’un des cas les plus flagrants de violence antisémite de l’histoire britannique. Le massacre avait eu lieu lorsque 150 Juifs, réfugiés à l’intérieur de la tour, avaient choisi de se donner la mort plutôt que d’être convertis de force. Les rares Juifs à avoir tenté de s’échapper ont été assassinés.

Plusieurs commentaires se sont dits choqués des réactions haineuses. « C’est répugnant de voir autant de gens rire de cette publication. Je pense que vous vous êtes trompés de groupe », peut-on lire dans l’un d’eux.

L’administrateur de la page British History a répondu à un autre commentaire dénonçant ces réactions antisémites en expliquant avoir bloqué nombre de contrevenants. Ce qui n’a pas empêché quelques commentaires antisémites de rester en ligne.

Lorsqu’une personne a rappelé que les Juifs avaient ensuite été expulsés d’Angleterre sans possibilité d’y revenir avant les années 1650, elle s’est vu répondre : « On aurait dû garder cette loi !!! », avec 265 signes d’approbation contre 100 de colère.

Le logo Facebook visible sur un téléphone portable, à Boston, le 14 octobre 2022. (Crédit : Michael Dwyer/AP)

Ces dernières années, la multiplication des émojis moqueurs et des propos antisémites n’est pas une surprise pour ceux qui mettent des contenus juifs en ligne, ce d’autant que plusieurs réseaux sociaux, comme Facebook, ont récemment assoupli les règles relatives aux propos haineux. En début d’année par exemple, Meta, le propriétaire de Facebook, a levé les restrictions sur la liberté d’expression et cessé de pratiquer la détection et suppression automatique des discours de haine.

La publication concernant le massacre de la tour Clifford a été faite à l’occasion du 835e anniversaire des événements. Ce jour-là, des membres de la communauté juive de York et des autorités locales se sont réunis pour l’hommage annuel qui tient également lieu de cérémonie du souvenir de la Shoah.

C’était la deuxième cérémonie pour la rabbin Elisheva Salamo, premier rabbin nommé à York depuis le massacre de la population juive. « Participer à la reconstruction de ce qui fut l’une des communautés juives les plus dynamiques d’Angleterre est un honneur et un privilège », a-t-elle déclaré au Guardian le jour de sa nomination.

Lors de la cérémonie, Barbara Boyce, l’ancienne maire de York à l’origine de la décision de commémorer la Shoah au niveau de la ville, a dit sa crainte que les discours actuels soient un écho à la haine qui a précipité les massacres commémorés par cette cérémonie.

« Les réseaux sociaux sont devenus une caisse de résonnance qui ne fait que renforcer les préjugés des gens », a-t-elle poursuivi. « C’est là que toutes les opinions, même mal informées, peuvent être publiées. »