La BBC archive un documentaire sur Gaza pour des raisons de partialité

La BBC a déclaré vendredi avoir décidé de ne pas diffuser un documentaire sur les médecins travaillant à Gaza pendant la guerre que mène Israël contre le groupe terroriste palestinien du Hamas, invoquant des préoccupations quant à l’impartialité du reportage après que l’équipe de production a accusé Israël de crimes de guerre dans des déclarations publiques.

Le documentaire « Gaza : Doctors Under Attack » (Gaza : Médecins sous le feu des attaques) a été commandé par la BBC et produit par la société indépendante Basement Films. Initialement prévu pour être diffusé en février, il n’a, à ce jour, été diffusé sur aucune plateforme de la BBC.

Dans un communiqué, la chaîne publique britannique a déclaré être « déterminée à rendre compte de tous les aspects du conflit au Moyen-Orient de manière impartiale et équitable » et a confirmé avoir décidé de restituer les droits du film à la société de production.

La décision de la BBC de retirer le documentaire a été prise jeudi, peu après que les propos ont été rendus publics.

Dans un communiqué, Basement Films avait déclaré être « soulagée que la BBC autorise enfin la sortie de ce documentaire ». La société devrait désormais distribuer le film de manière indépendante.

Dans son communiqué, la BBC explique avoir commandé ce documentaire il y a plus d’un an, mais avoir suspendu sa diffusion en avril, « après avoir décidé que nous ne pouvions pas diffuser ce film alors qu’une enquête était en cours sur un autre documentaire consacré à Gaza ».

Capture d’écran montrant la traduction erronée des sous-titres de la BBC dans le documentaire « Gaza : How to Survive A War Zone » (Comment survivre dans une zone de guerre). (Crédit : Capture d’écran/X ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d’auteur)

En février, le service d’information avait été contraint de présenter ses excuses après qu’il a été révélé qu’un nouveau documentaire intitulé « Gaza : How To Survive A Warzone » (Gaza : Comment survivre dans une zone de guerre) avait été narré par le fils de l’ancien vice-ministre de l’Agriculture du groupe terroriste palestinien du Hamas.

Samir Shah, le président de la BBC, avait alors déclaré que ce documentaire était un « coup de poignard dans le cœur » de l’impartialité de la chaîne, et il avait promis que des « mesures appropriées » seraient prises.

Dans son communiqué de vendredi, la BBC a déclaré que la diffusion de ce dernier reportage « risquait de créer une perception de partialité qui ne répondrait pas aux normes élevées que le public attend à juste titre de la BBC », ajoutant que « tout reportage diffusé ne sera pas un reportage de la BBC ».

Avant l’annonce de cette décision, Ben de Pear, fondateur de Basement Films, a déclaré jeudi lors du Festival du film documentaire de Sheffield que la BBC avait « complètement échoué » et il a affirmé que les journalistes étaient « entravés et réduits au silence ».

Il a également affirmé que les employés de la BBC « sont contraints d’utiliser un langage qu’ils ne reconnaissent pas, ils ne décrivent pas les choses telles qu’elles sont clairement [par crainte de manquer d’impartialité] et c’est tragique », en référence à la couverture médiatique de la guerre en cours à Gaza.

Jeudi, lors de l’émission Today, qui est diffusée sur BBC Radio 4, une autre réalisatrice du film, la journaliste Ramita Navai, a accusé Israël d’être « un État voyou qui commet des crimes de guerre, un nettoyage ethnique et des meurtres de masse contre les Palestiniens ».

Israël a fermement rejeté les accusations de crimes de guerre ou de génocide dans le cadre de son opération militaire en cours à Gaza, qui a débuté après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, qui a fait plus de 1 200 morts, principalement des civils, et au cours duquel 251 otages otages ont été enlevés et emmenés de force à Gaza.

La BBC va diffuser « Kneecap » en différé

Par ailleurs, vendredi, la chaîne a dû répondre à des questions concernant sa décision d’inclure le groupe de rap irlandais Kneecap dans sa couverture du Festival de Glastonbury, après qu’un des membres du groupe a été inculpé pour une infraction liée au terrorisme et que le groupe a été accusé de promouvoir des messages pro-Hezbollah et pro-Hamas, selon des informations publiées dans les médias britanniques.

Liam O’Hanna, 27 ans, connu sous son nom de scène Mo Chara, a comparu mercredi devant le tribunal après avoir été inculpé en mai pour avoir brandi un drapeau du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah lors d’un concert à Londres en novembre. Il a finalement été libéré sous caution.

D’autres vidéos diffusées en ligne montrent ce qui semble être un membre du groupe criant « Vive le Hamas, vive le Hezbollah ».

Le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par la République islamique, et le Hamas sont interdits au Royaume-Uni. Il est donc illégal de manifester son soutien à ces deux groupes terroristes.

Liam O’Hanna, membre du groupe de rap irlandais Kneecap, connu sous le nom de scène Mo Chara, arrivant au tribunal de première instance de Westminster, à Londres, le 18 juin 2025. (Crédit : Benjamin Cremel/AFP)

Bien que la BBC ne diffusera pas en direct la performance d’une heure de Kneecap sur l’une de ses principales chaînes de télévision, craignant que le groupe ne viole les directives éditoriales de la BBC pendant le concert, la performance devrait être disponible à la demande via BBC iPlayer après l’événement, ce qui laissera le temps d’effectuer d’éventuelles modifications.

L’organisation Campaign Against Antisemitism a exhorté la BBC à « reconsidérer attentivement » sa décision. « Malgré nos appels à retirer le groupe de l’affiche, le festival semble privilégier le profit à la sécurité des Juifs », a-t-elle déclaré.

« Les amateurs de musique s’inquiètent également, à juste titre, que notre radiodiffuseur national puisse se retrouver à amplifier des messages incendiaires. »

La BBC a fait l’objet d’une surveillance étroite au cours des dix-huit derniers mois en raison de ce que beaucoup considèrent comme un parti pris anti-Israël dans sa couverture de la guerre à Gaza, notamment le maintien en poste d’un journaliste gazaoui qui a publié des propos antisémites virulents sur les réseaux sociaux, et la récente démission du présentateur vedette Gary Lineker après la publication sur Instagram d’une story antisémite.

La chaîne a été largement critiquée par les partisans d’Israël pour son refus de qualifier le Hamas de terroriste, alors même que la branche armée du groupe terroriste est proscrite comme telle par le Royaume-Uni, et ce malgré les nombreuses preuves documentées de ses attaques systématiques contre des civils le 7 octobre 2023.